Ira. Ira pas. L'Algérie partenaire incontournable de la rive sud de la Méditerranée semble être le seul pays à ne pas avoir encore donné son quitus au projet du président français Nicolas Sarkozy. Ce dernier a convoqué depuis des mois un sommet des chefs d'Etat à Paris dont la date a été fixée aux 13 et 14 juillet prochain. Si les offensives pour arracher l'accord d'Alger sont plus importantes, aujourd'hui, c'est bien pour garantir le succès du sommet de Paris. M. Sarkozy ne veut point voir son initiative amputée de la présence algérienne, source énergétique et partenaire géostratégique non négligeable dans le pourtour méditerranéen. Pourtant, Alger n'a jamais été mystérieuse sur les conditions de son adhésion au projet français. On ne peut être partie prenante d'un projet sans en connaître préalablement le contenu. Une position exprimée par le chef de l'Etat lorsqu'il a reçu à Alger M. Sarkozy le 10 juillet 2007, quelques mois après son investiture à la présidence de la République française. La promotion du projet «sarkozien» a buté sur la prudence algérienne. Point d'adhésion sans connaissance des tenants et des aboutissants d'un projet dont les contours demeurent toujours flous. Comme le veut l'adage français «défiance est mère de sûreté», Alger attend toujours d'en savoir plus. A un mois du lancement officiel de l'UPM, l'Algérie exige toujours plus de précisions sur son contenu. La tenue du Forum méditerranéen du 5 au 6 juin à Alger a été l'occasion, pour le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, de rappeler les conditions algériennes. L'Algérie continue à croire que la réussite du projet est tributaire du rôle attribué aux pays de la rive sud de la Méditerranée. Les Européens ne doivent plus s'ériger en décideurs alors qu'ils prônent un nouveau cadre de coopération. La proposition de la sous-secrétaire italienne aux Affaires étrangères d'intégrer le développement des PME dans le plan d'action de l'UPM souligne clairement que certains secteurs d'activité conservent toujours le schéma traditionnel de coopération du Nord qui aide le Sud. Car, faut-il le relever, qu'entre aide et coopération l'écart est très grand. L'Algérie sait pertinemment que certaines questions risquent de peser lourd lorsqu'il s'agira de passer au mode opératoire de cette nouvelle trouvaille. Outre la question du Sahara occidental, le conflit israélo-palestinien s'invitera indéniablement dans les débats sur l'UPM. Si les Européens veulent conduire progressivement les pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël, l'Algérie, du moins, persiste à croire que cette normalisation ne doit se faire que dans le cadre de la déclaration du sommet de la Ligue arabe de Beyrouth en 2002. Le conflit sahraoui ne devra, quant à lui, être traité que dans le cadre des Nations unies et en conformité avec la légalité internationale et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. L'enfer étant pavé de bonnes intentions, Alger ne se prononcera qu'une fois tout cela clarifié. Les Algériens, qui ne perdent pas de vue les leçons tirées du processus de Barcelone, savent mieux que quiconque que qui veut voyager loin ménage sa monture. La réunion des ministres des Affaires étrangères de tous les pays méditerranéens, prévue pour le 12 juillet prochain, décidera des suites à donner à la proposition française et du niveau de participation, si participation y aura. G. H.