Des négociations de paix pour le Yémen ont débuté, hier, en Suisse, dans un lieu tenu secret. Des pourparlers qui seront accompagnés d'un cessez-le-feu. Depuis mars dernier, une large coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite intervient militairement au Yémen. Lundi, la coalition arabe a reconnu la mort de deux officiers, un Saoudien et un Emirien, près du détroit de Bab el-Mandeb, au Yémen. Ils auraient été victimes, avec plusieurs autres militaires, d'un missile tiré par les Houthis. Le colonel saoudien était un officier des forces spéciales de son pays. La mort des deux gradés est un coup dur porté à la coalition menée par Riyad qui a déjà enregistré des pertes au Yémen depuis qu'elle intervient au sol. Le conflit fratricide a fait plus de 6 000 morts depuis le début des opérations militaires de la coalition en mars. La semaine dernière, l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a dénoncé plusieurs bombardements ayant touché des écoles au Yémen. Ce n'est pas la première fois que des pourparlers de paix sont engagés pour mettre un terme au conflit yéménite. Les précédentes négociations, en juin dernier, se sont soldées par un échec cuisant. Cependant, cette fois-ci, un diplomate occidental en charge du Yémen assure que les grands parrains régionaux, à savoir l'Arabie saoudite et l'Iran, veulent désormais qu'un accord soit trouvé. Mais pour y parvenir, il faudrait encore que les autorités yéménites acceptent les revendications des Houthis, qui demandent davantage de représentation au sein du futur gouvernement. En contrepartie, les Houthis devront remettre leurs armes lourdes et quitter certaines régions du pays qu'ils sont parvenus à prendre ces derniers mois. Plus facile à dire qu'à faire. Le vide laissé sur le terrain par les Houthis pourrait profiter à Al-Qaïda, mais aussi au groupe Daech. Les jihadistes de Daech connaissent d'ailleurs une progression fulgurante en ce moment au Yémen. Pour certains spécialistes la situation risque de s'éterniser tant la lutte est acharnée : «Le Yémen n'est pas seulement victime d'une guerre civile meurtrière entre des factions vaguement alignées sur le soi-disant gouvernement ‘légitime' d'une part et sur l'ancien président Ali Abdallah Saleh et ses alliés houthis de l'autre. Cet affrontement a été considérablement aggravé par l'intervention étrangère ouverte. C'est une guerre par procuration menée par les Etats arabes du Golfe dirigés par un nouveau, jeune et belliciste leadership en Arabie saoudite, qui insiste sur le fait que le Yémen est le terrain d'une lutte à mort contre son rival l'Iran pour la domination politique dans la péninsule arabique». R. I.