Photo : APS De notre envoyé spécial à Tripoli Amar Rafa Le mini-sommet de concertation des chefs d'Etat arabes concernés par le projet de l'union pour la Méditerranée lancé par Sarkozy s'est ouvert, hier, en présence du président Bouteflika à l'hôtel Corinthia de Tripoli. Ce mini-sommet arabe, qui a vu la participation du président libyen Mouammar Kadhafi, mais aussi celles du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et du président syrien Bachar El Assad, à côté du président mauritanien Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallah, ainsi que du Premier ministre du Maroc Abbas El Fassi, a été marqué par l'absence du président égyptien Moubarak. Ce dernier n'a pas jugé utile de faire le déplacement de Tripoli en dépit des rumeurs qui ont circulé la veille au sujet de sa participation. L'allocution d'ouverture a été prononcée par le leader libyen Kadhafi qui a annoncé son refus du projet de l'union pour la Méditerranée en dehors du cadre de la Ligue arabe et de l'Union africaine. Il a indiqué que toute coopération des pays arabes avec l'Union européenne, le cas échéant l'union pour le Méditerranée, en dehors du cadre de ces deux ensembles, est refusée. Mouammar Kadhafi, en abordant le seul point à l'ordre du jour de cette rencontre de concertation entre chefs de pays arabes, a rappelé que ces derniers sont tenus par une organisation régionale, qu'est la Ligue arabe, qui existe depuis 1945, à laquelle ils sont attachés. Aussi, mis à part la Syrie, les pays arabes situés au bord de la Méditerranée sont africains et restent autant attachés à la Charte de l'Union africaine, a-t-il affirmé. Et ce, avant de souligner que «les partenaires de la Ligue arabe doivent comprendre que nous refusons toute atteinte à la cohésion des deux ensembles». Le président Kadhafi, qui a évoqué le projet de Sarkozy de l'union méditerranéenne, s'est saisi du refus qui a été opposé à ce projet par Bruxelles, de peur que l'UE soit divisée, pour mettre en garde contre les conséquences de ce projet sur l'unité des pays arabes et africains. «Ceci est dangereux et nous ne pouvons l'accepter», a-t-il dit. Il dira vouloir encourager avec force les initiatives de coopération avec l'Union européenne, «à condition de ne pas dépasser les lignes rouges», après avoir rappelé l'échec des initiatives précédentes qualifiées de «passagères et temporaires», en citant notamment le processus de Barcelone, l'accord d'association signé séparément, et l'union méditerranéenne. Selon lui, le succès de cette nouvelle initiative est possible, et qu'il n'y a pas d'inconvénient à ce que les pays arabes coopèrent avec les pays européens, mais dans le cadre de la Ligue arabe et de l'Union africaine. Kadhafi a insisté pour que la coopération avec les pays européens soit basée sur la confiance mutuelle et de paix, en rejetant l'offre européenne de financer des projets. «Les pays arabes ne souffrent pas de famine et ne sont pas des chiens auxquels on lance un os. Ce sont eux qui ont besoin de nos richesses et de notre pétrole», a-t-il affirmé. Et de souligner encore une fois que toute coopération doit se faire entre Bruxelles et Addis-Abeba et/ou entre Bruxelles et le Caire.