Les chefs d'Etat arabes qui ont pris part au mini-sommet de concertation devant aboutir à une position arabe commune face au projet de l'union pour la Méditerranée lancé par Sarkozy se sont séparés sans avoir divulgué les résultats de leur rencontre. Pis, alors qu'elle devait se tenir en deux jours, elle a été écourtée en une seule. Et pour clore le tout, aucune déclaration n'a été faite en dehors de celle à l'ouverture des travaux par Mouammar Kadhafi. Mis à part celle «optimiste» donnée par Abdelkader Messahel, le ministre chargé des relations maghrébines et africaines, à la télévision algérienne à l'aéroport de Tripoli, faisant remarquer une volonté des pays arabes de poursuivre et d'approfondir la concertation. Il a affirmé en ce sens qu'il a été entendu de créer un groupe d'experts des deux rives de la Méditerranée qui vont plancher sur le dossier de l'UPM à partir de la semaine prochaine. Le leader libyen s'est étendu sur les conséquences de la division des rangs arabes, considérant le projet de l'Union européenne comme un affront pour les pays de la rive sud de la Méditerranée. Exhortant les chefs d'Etat arabes à une position unifiée de refus aux tentatives de diviser les rangs arabes, le président de la Libye a vu venir le coup ; grâce d'abord à l'absence remarquée de l'Egypte, dont le président n'a pas jugé utile de faire le déplacement de Tripoli, ensuite par l'absence remarquée du souverain marocain, qui a délégué son Premier ministre. Hasard du calendrier ou action délibérée, au moment où prenait fin cette réunion à laquelle participait son Premier ministre, il a rendu public un communiqué à Casablanca réaffirmant son attachement au projet de l'union pour la Méditerranée. Ces deux derniers pays auraient pu très bien faire l'économie de déclarations de défection à l'unité arabe, le président Sarkozy s'en est chargé à leur place, il n'y a pas si longtemps, en affirmant aussi bien Le Caire que Tunis et Casablanca étaient attachés à son projet. Ces trois pays, qui, par leurs positions, viennent de consacrer la division des pays du sud de la Méditerranée, indépendamment de la fracture Nord-Sud, sont en fait les plus grands bénéficiaires du projet de l'UPM, en ce sens qu'ils ont eu leur part du gâteau des institutions imaginées par Bruxelles. C'est que le projet de Sarkozy, revu et corrigé par Merkel, a prévu un certain partage des institutions entre les pays du Nord et ceux de la Méditerranée. L'Egypte, la Tunisie et le Maroc accueilleront désormais la vice-présidence de l'Union, le siège du secrétariat et le secrétariat général. Face à ces pays, un front de refus semble se créer avec la Libye et la Syrie, des pays qui emboîtent le pas à l'Algérie et avaient demandé des éclaircissements au sujet de la participation d'Israël, refusant de siéger à côté d'un pays avec lequel ils n'entretiennent pas de relations. La Libye qui, elle, demande de sauvegarder le cadre unifié arabe et africain est en mesure de constater à son corps défendant le degré de division des pays arabes. A. R.