L'écotourisme, qui impliquait au début essentiellement l'environnement, se voit approprier un concept nouveau, celui du développement durable qui consiste -et c'est on ne peut mieux clair- à satisfaire les besoins du présent sans compromettre la capacité des générations à venir à satisfaire les leurs. Cette approche s'accorde parfaitement avec les principes fondamentaux qui désignent le développement durable comme l'aire d'intersection des sphères : économique d'où efficacité et maîtrise de la croissance, sociétale en intégrant la lutte contre l'exclusion et les inégalités, enfin environnementale en vue d'une meilleure gestion des ressources naturelles et des territoires. Le tourisme durable adopte de la sorte une vision globale qui tend à appréhender de façon simultanée ces trois dimensions (économique-sociétale-environnementale) en mettant à profit leurs interactions et identifiant leurs interdépendances. Une nouvelle vision Il s'agit, en clair, d'une transversalité qui implique l'ensemble des acteurs des différents secteurs, public et privé, en vue d'une perception commune des enjeux. De même que cette articulation entre le global et le local, entre l'individuel et le collectif permet une meilleure prise en charge des actions à mener. Dans cette même voie, l'émergence des pôles touristiques d'excellence en tant que dynamique fondamentale du plan stratégique de développement touristique intervient en vue de mettre en œuvre une maîtrise d'ouvrage objective et partagée dans le cadre d'un nouveau modèle de gestion synonyme de nouvelle gouvernance. «La nouvelle gouvernance consiste en gros à aider à la création d'un climat propre à la mise en tourisme de la destination Algérie, à l'émergence des projets touristiques dans les différents pôles touristiques d'excellence en respectant une démarche participative, à veiller à la mise en place des projets dans une optique de cohérence, de faisabilité technique et économique vérifiée et de durabilité, à s'assurer de la bonne planification et de la bonne articulation des actions dans la durée» (SDAT 2025). En adoptant une dynamique de développement globale, le tourisme durable s'identifie en tant que partie intégrante du développement durable. Mieux, il s'approprie de l'ensemble des expériences cumulées dans l'ensemble des secteurs en vue de développer de nouvelles perspectives en matière de valorisation et de restructuration des territoires. Le schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT), issu du schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) renvoie à cette même hypothèse en plaidant à la faveur d'une nouvelle gestion des territoires passant par la mise en œuvre d'un dispositif adapté, simplifié et amélioré permettant notamment une meilleure maîtrise du foncier, une prise en charge des partenaires, des opérateurs et des porteurs de projets. L'assainissement du foncier touristique joue un rôle déterminant dans la mise en œuvre des actions liées aux programmes d'aménagement touristique et suppose, en revanche, des mesures urgentes, adaptées au cadre nouveau relatif à la gestion territoriale. A ce propos, une flexibilité dans la gestion de ce dossier peut s'avérer avantageuse et permet de surmonter nombre d'obstacles récurrents liés en grande partie à la nature juridique ou tout simplement physique de certains espaces. En réponse à ce type de situations, le tourisme durable se propose d'entamer une vision nouvelle en optant pour plus de flexibilité en termes de gestion, de conservation et de protection des territoires. Admettons que la raideur dans la gestion des zones protégées, des parcs nationaux et des espaces dits sensibles en général risque parfois de compromettre leur développement. Dans cette optique, les Zones d'expansion touristique (ZET) dans le Grand Sud, par exemple, à l'intérieur des parcs protégés, doivent faire l'objet d'une approche particulière. Or, il n'est pas exclu de prévoir des actions de promotion au sein de ces espaces. Les structures déconcentrées en place peuvent y apporter des réponses substantielles dans ce sens en étant un peu plus au diapason. Les plans promotionnels élaborés à cet effet se doivent d'être à l'image du schéma directeur d'aménagement touristique en mettant en relief les potentialités touristiques territoriales en matière d'investissement et de développement. Ajoutons qu'une étude de marché portant typographie et capacités touristiques en matière d'accueil et de prestations en rapport avec les projections contenues dans le SDAT procure un enrichissement à ce document très utile en matière de promotion des territoires. Inciter l'investissement Dans le cadre des actions d'investissement, «la législation et la réglementation algériennes en vigueur offrent des mesures d'incitation et de facilitation pour tout investisseur, sans distinction entre le capital national et le capital étranger. Dans ce cadre, l'Algérie s'est dotée d'un code des investissements réformé par l'ordonnance n° 01-03 du 20 août 2001 relative au développement de l'investissement. Cette ordonnance offre une série d'avantages aux investisseurs. Elle met en place les instruments d'une politique de promotion des investissements, tels que le Conseil national de l'investissement présidé par le Premier ministre, l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI), avec des structures centrales et ses ‘‘guichets uniques'' regroupant les secteurs administratifs concernés par l'acte d'investissement. L'Agence gère également le Fonds d'appui à l'investissement. Le volet fiscal et parafiscal accorde des baisses importantes, voire des exonérations selon les régimes prévus, sur certaines charges des entreprises : application du taux réduit en matière de droits de douane pour les équipements importés dans le cadre de la réalisation de l'investissement, exonération de l'impôt sur le bénéfice annuel, de l'impôt sur le revenu global, franchise de TVA sur les biens et services…. La législation algérienne prévoit différents régimes de faveur. Le régime général octroie des avantages standardisés essentiellement liés au montage du projet, et les régimes particuliers visent à favoriser certains investissements selon leur nature, leur intérêt ou leur localisation. Les différentes facilités peuvent s'étaler sur trois ans dans le cadre du régime général et sur un maximum de dix ans pour le régime dérogatoire. La loi accorde également des garanties essentielles aux investisseurs. Elle garantit les investissements sans discrimination aucune entre les personnes physiques et morales nationales ou étrangères. Sont également garantis le transfert du capital investi et des revenus qui en découlent [si ce dernier a été réalisé grâce à des apports en devises], l'intangibilité de la loi, le règlement des différends entre l'Etat et l'investisseur ainsi que la garantie du recours à l'arbitrage international.» Dans le cadre de la promotion des dynamiques locales, la mise en œuvre des structures de proximité d'observation et d'évaluation territoriale, au niveau des pôles touristiques, permet de fournir des outils d'aide efficace pour la consolidation des orientations stratégiques. Les dynamiques locales génèrent l'essentiel de la richesse pour le développement des territoires grâce à des actions de valorisation et de formation aux différents métiers. Elles constituent des facteurs et des indicateurs potentiels de croissance. Le patrimoine artisanal, en l'occurrence, constitue un élément essentiel dans la stratégie de développement territorial. La valorisation des activités artisanales favorise l'attractivité, la fixation sur le territoire et contribue efficacement en termes de croissance économique. C'est aussi une source propice de créations et d'initiatives. L'artisanat, un atout Il va sans dire que l'amélioration des conditions d'exercice de certains métiers grâce à l'implication des nouvelles techniques d'exploitation est plus que souhaitable en vue d'une meilleure adhésion des jeunes parfois réticents à l'encontre de certains métiers traditionnels. A cet effet, la mise en place de dispositions visant à favoriser l'emploi des jeunes par des mesures incitatives concourent efficacement dans le processus de redynamisation des territoires. L'apport des technologies nouvelles procure beaucoup plus d'attrait parmi les jeunes et permet un développement qualitatif dans la voie de la modernisation des territoires… La poterie, la céramique, la tannerie, la dinanderie, le tissage, l'orfèvrerie, la bijouterie… constituent l'essentiel de l'activité artisanale plus particulièrement dans les milieux ruraux et sahariens. Le redéploiement de ces activités nécessite l'animation de chantiers de proximité… Les métiers liés aux prestations de services constituent une source potentielle en termes de création d'emplois et mérite, par voie de conséquence, un intérêt plus accru de la part des responsables locaux. Les structures concernées, notamment les PME, les directions de la formation professionnelle, les centres de formation spécialisés et autres doivent être plus attentifs à cet égard. Enfin, le tourisme durable consiste en un large ensemble d'actions pour entamer des mesures en faveur de l'emploi et des différents aspects liés au développement territorial. Il s'agit de marquer en profondeur et de manière durable la transformation d'image des espaces en vue d'une perception nouvelle des territoires. M. H. B. * Master en tourisme et inspecteur du tourisme de la wilaya d'Illizi