Il a eu, pour la première fois, la lumineuse idée d'évoquer la valse indécente des salaires versés à une bonne partie des footballeurs professionnels européens, lançant dans la foulée le concept de «fair-play financier». Lui, c'est Michel Platini lequel, entre-temps, a apporté la preuve que tout n'est pas et ne sera jamais clean dans le monde du football Par A. Lemili Sans receler de manière générale la beauté de la discipline telle qu'elle est pratiquée en Europe et/ou en Amérique latine, sans contenir la qualité technique dont se prévalent les footballeurs des continents évoqués qui fournissent un spectacle hors normes qui justifie par ailleurs toute la machinerie quasi inhumaine qui a fait passer la discipline au second plan et ce au profit du show-biz. Mais si Platini a dénoncé les salaires en question, les rétributions énormes consenties aux «salariés» ne représentent rien en fait comparés aux gains de ceux qui animent au vu et au su de tout le monde ou dans l'ombre. Produits dérivés, merchandising, détentions de droits éternels sont les mamelles qui entretiennent cette féérie de façade. Il est aisé de faire la différence dans le cas de figure de la réalité du football national, sa qualité et la valeur des footballeurs évoluant localement dont les salaires paraissent, et ils le sont d'ailleurs, exagérés aux yeux des citoyens. Le salaire moyen d'un footballeur de ligue 1 se situerait dans une fourchette de 800 000 à 1 million de dinars. Soit entre quarante et cinquante fois le Snmg, ce qui est énorme. Mais le problème ne se situe pas à ce niveau si tant est que d'une part la cotation des joueurs relevait des normes et que d'autre part elle correspondrait à une valeur établie du produit. En plus de ces déconsidérations désormais «officielles», il y a lieu d'ajouter l'absence de transparence dans les transactions engagées et abouties dans la conclusion d'un recrutement et par voie de conséquence de l'honnêteté des documents afférents à la tangibilité, au regard des lois existantes notamment celle relative aux relations de travail, de la… relation de travail entre un tel et son employeur. En fait, les incongruités ne s'arrêtent pas là compte tenu de l'étendue des intervenants et des parties externes autrement intéressées à savoir les organismes sociaux, financiers, fiscaux… Dans tout ce capharnaüm, nul n'est ignorant de la réalité. A commencer par les responsables à hauteur des instances sportives nationales : MJS, FAF, LFP lesquels usent du menton à chaque fois que la conjoncture l'impose comme cela a été le cas, il y a deux ans, quand ils ont émis pour la première fois l'idée d'un plafonnement des salaires auxquels les présidents de clubs ont applaudi, voire ont même pour certains revendiqué la paternité alors qu'en réalité ils restent les premiers à surenchérir pour l'acquisition d'un footballeur réclamé par le staff technique et souvent, quoi que ceci demeure paradoxal, par la rue. D'ailleurs des intérêts semblaient avoir été tellement dérangés qu'est née du néant l'idée de la création d'un syndicat des footballeurs professionnels dont d'ailleurs nul ne sait ce qu'il en est advenu. Mais toutefois, une menace qui a pesé puisque tout le monde a reculé et le «dossier du plafonnement des salaires» renvoyé aux oubliettes. Cela étant, est-il néanmoins nécessaire de rappeler que plafonner les salaires n'est pas réglementaire et qu'a contrario le moyen de les réguler ne se pose pas en porte-à-faux dans ce cas. Il suffirait pour cela d'établir une échelle de valeur des salariés comme cela se fait dans toute entreprise économique quitte pour cela à trouver tous les paramètres possibles pour donner une cohérence à la grille, voire aux grilles des salaires conséquentes. Il est vrai que cela fait très administratif, voire même présenterait énormément de points faillibles une fois confronté aux lois générales en la matière et ce sera sans doute l'une des premières réactions des salariés parmi les plus concernés pour ne pas dire pénalisés. Mais toutefois ce système pourrait s'établir sur un consensus général, une sorte de convention sur le court, moyen et long terme (comme c'est la pratique dans les fédérations professionnelles affiliées à un syndicat national) où chacun trouverait ses avantages ou du moins n'aurait pas l'impression d'être victime d'un marché de dupes. Une mesure unilatérale, dont le seul promoteur serait un organisme donné, qui consisterait à l'instauration d'autorité d'un barème des salaires qui ne profiterait à personne en ce sens que la réaction des footballeurs ne se ferait pas attendre. Or, l'Etat n'est pas en mesure de faire face, comme dans toutes les réactions du genre qui ont lieu à chaque fois qu'une mesure réputée à tort ou à raison arbitraire a été prise et peu importe le domaine où elle l'est, à une quelconque forme de grogne génératrice d'instabilité. Et Dieu sait ce que les stades constituent comme soupapes d'apaisement aux jeunes. En conclusion, avec l'histoire du plafonnement des salaires ressortis récemment, il ne faudrait surtout pas s'attendre à une révolution officielle. Loin s'en faut, il ne s'agit que d'une gesticulation périodique sans plus car le ver est désormais dans le fruit et nous en donnons pour preuve la levée de bouclier des clubs amateurs au lendemain de la publication d'un texte de loi interdisant l'usage de fonds publics au payement de salaires de sportifs amateurs. A. L.