Les chefs de la diplomatie d'Arabie saoudite, le prince Saoud Al-Fayçal, et d'Egypte, Ahmed Abou El Gheit, dont les pays sont considérés comme les chefs de file des pays arabes favorables au Fatah de M. Abbas, participeront à cette réunion surprise prévue aujourd'hui. Les Emirats arabes unis, la Jordanie, le Koweït, la Tunisie et le Maroc devraient prendre part à ce conclave. Au total, dix pays pourraient participer à la réunion d'Abou Dhabi. L'annonce de cette réunion intervient dans la foulée d'intenses consultations diplomatiques autour de la situation dans la bande de Ghaza après le fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas entré en vigueur le 18 janvier. Elle fait suite à la première tournée régionale de l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, qu'il a achevée dimanche soir en Arabie saoudite. Dimanche dernier, le président égyptien Hosni Moubarak, M. Abbas et le ministre saoudien des Affaires étrangères se sont concertés au Caire sur la situation à Ghaza, alors que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, effectuait une visite éclair de quelques heures à Riyad. Lors d'un sommet en janvier à Koweït, les dirigeants arabes avaient étalé au grand jour leurs divisions entre un camp pro-américain, conduit par l'Egypte et l'Arabie saoudite, et un bloc radical dont font partie la Syrie et le Qatar et qui est soutenu par l'Iran. Ils avaient alors chargé leurs ministres des Affaires étrangères, ainsi que M. Moussa, d'explorer les moyens de favoriser une réconciliation inter-palestinienne et un assainissement des relations entre pays arabes. Les grandes manœuvres ont donc commencé. Des Etats arabes semblent cautionner la stratégie israélienne qui vise à diviser aussi bien les Arabes que les Palestiniens, afin de n'accorder à Mahmoud Abbas qu'un bantoustan en guise d'Etat. Aujourd'hui, des Arabes cautionnent aussi la définition que l'Occident veut imposer au concept de terrorisme en y incluant les mouvements de résistance à l'occupation étrangère. En se cachant derrière l'idée que Hamas est un mouvement terroriste, des Etats arabes s'impliquent, par ricochet, dans le duel qui oppose l'Occident et l'Iran et prennent ouvertement position pour les thèses occidentales. Est-ce un crime que l'Iran soutienne Hamas. Est-ce un crime que l'Iran fournisse des moyens à la résistance palestinienne, celle qui affronte l'occupation, celle qui refuse plus de concessions, celle qui mobilise les masses palestiniennes non pas pour un Etat islamique –on en est encore loin-, mais pour la dignité des Palestiniens bafouée quotidiennement par l'Etat hébreu. La réunion ministérielle d'aujourd'hui ne fera qu'élargir le fossé qui divise les Palestiniens et celui qui divise les Arabes. A force de vouloir plaire à ses maîtres, on oublie qu'on s'éloigne du rêve de son peuple. A. G.