Au lendemain de la prise de contrôle de la bande de Ghaza par le Hamas, l'Egypte a affirmé vendredi son soutien à Mahmoud Abbas et exhorté tous les Palestiniens à se rassembler autour de leur président. L'Arabie saoudite, autre poids lourd de la scène arabe, qui avait contribué à la conclusion de l'accord de coalition de La Mecque entre le Hamas et le Fatah, a de son côté reproché aux deux camps de n'avoir pas respecté leurs engagements .Ryad les a appelés à respecter l'accord conclu en février dernier. Dans un communiqué, le gouvernement égyptien a pour sa part condamné la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Ghaza et le fait que l'organisation islamiste cherche à saper l'autorité d'Abbas.L'Egypte a rendu public ce communiqué au moment où les chefs de la diplomatie arabe sont réunis au Caire pour arrêter une position commune sur le conflit entre le Hamas et le Fatah, qui a franchi jeudi un nouveau cran. Abbas a limogé jeudi le gouvernement d'union dirigé par Ismaël Haniyeh (Hamas). Mais ce dernier a dénoncé une "décision hâtive" et affirmé que le gouvernement poursuivrait sa mission."Le gouvernement égyptien invite tous les Palestiniens (...) à se rassembler autour de la direction légitime de l'Organisation de libération de la Palestine et de l'Autorité nationale palestinienne (...) dirigées par le président Mahmoud Abbas", peut-on lire dans ce communiqué. L'Egypte a par ailleurs demandé aux gouvernements étrangers d'en finir avec ce qu'elle a présenté comme une politique de blocus des territoires palestiniens. Etats-Unis et Union européenne ont imposé des sanctions financières contre les Palestiniens après la victoire du Hamas au début 2006 lors des législatives.Dans un discours prononcé devant ses homologues arabes, le chef de la diplomatie saoudienne, Saoud al Faisal, s'est bien gardé de prendre position pour l'une ou l'autre des factions palestiniennes. Mais il a jugé que le seul vainqueur de la grave crise en cours à Ghaza était Israël.""Aujourd'hui, les Palestiniens ont pointé eux-mêmes un des derniers clous sur le cercueil de la cause palestinienne", a-t-il dit. "Il appartient maintenant aux dirigeants palestiniens d'ordonner la fin immédiate des combats, mais également de déclarer ces combats hors-la-loi, et de reprendre le dialogue."Pour les diplomates, Ryad est plutôt favorable au Fatah. Mais ce parti-pris est largement moins marqué que celui de la Jordanie et de l'Egypte. "Le mieux, pour nos frères palestiniens, serait de se ranger à nouveau derrière l'accord de La Mecque et de travailler à sa mise en oeuvre", a dit le Prince Saoud al Faisal. Des membres du Fatah conduisaient la délégation palestinienne au Caire. Ils ont demandé aux gouvernements arabes de formuler des demandes au Hamas, a-t-on appris de source diplomatique. Le Hamas ne participe pas à cette réunion car Abbas a autorité pour nommer les délégations participant aux réunions internationales.A Damas, Khaled Méchaal, le chef du bureau politique du Hamas, s'est prononcé vendredi soir en faveur d'un dialogue avec le Fatah, sous l'égide de pays arabes.Dans la journée, l'Egypte a retiré ses émissaires de la bande de Ghaza en signe de protestation contre le coup de force du Hamas. Le général Burhan Hammad, qui dirigeait la mission égyptienne de médiation, est rentré en Egypte avec l'ensemble de la délégation. "C'est naturellement une mesure de protestation", explique-t-on de source proche de la mission.La médiation égyptienne avait maîtrisé jusqu'à un passé récent les explosions de violences entre le Hamas et le Fatah. Elle n'a rien pu contre l'offensive lancée le week-end dernier qui s'est achevée par la prise de contrôle par le Hamas de tous les lieux de pouvoir de la bande de Ghaza.