Les hordes durement affaiblies du GSPC dans les massifs de l'Akfadou et du Djurdjura auraient été décimées par une curieuse épidémie. On parle précisément de peste noire. L'invraisemblable information, rapportée par un confrère arabophone, fait état d'une quarantaine de décès et d'un nombre indéterminé de malades. Le quotidien s'étale longuement sur le climat de désordre qui aurait paralysé les rangs de la nébuleuse criminelle. L'auteur de l'article n'a pas omis de souligner, dans le même sillage, une supposée psychose qui a saisi les populations vivant dans ces régions par crainte d'une éventuelle extension du foyer de ce bacille foudroyant. Cependant, aucune source médicale ou sécuritaire n'a été citée, ni pour justifier la nature de la maladie ni pour confirmer le nombre exact des morts. Le faux scoop a vite fait le tour du monde. En rapportant cette information, le journal Echourouk était loin de se douter des lectures qui en seront faites. Dans les jours qui suivent, The Sun, au Royaume-Uni, en rajoute une couche de son propre cru pour faire croire à une mauvaise manipulation d'armes biologiques. Le très populaire magazine anglais, qui revendique aussi l'exclusivité de l'information, laisse entendre que le maquis salafiste, acculé dans ses derniers retranchements, serait en train de développer des bombes bactériologique à la pointe de la technologie. D'autres networks reprennent à leur compte cette intox en développant des lectures douteuses qui pointent du doigt ce danger qui vient d'Algérie. La porte s'est ainsi ouverte aux spéculations les plus fantaisistes. La question devient, dès lors, très sensible pour être simplement ignorée. Le ministère de la Santé sort de sa réserve pour démentir ces allégations mensongères. «Aucun cas de peste de quelque type que ce soit n'a été enregistré dans aucune région d'Algérie et ce, depuis 2003 à Oran», tranche le chargé de communication du ministère. Le bureau de l'OMS à Alger corrobore aussi la même thèse. Les services de sécurité de la wilaya de Tizi Ouzou rejettent catégoriquement l'existence d'un quelconque foyer de peste même s'ils conviennent que des cadavres de terroristes ont été récemment retrouvés çà et là par des gardes forestiers. Les analyses effectuées sur ces dépouilles, dont le nombre serait bien en deçà des 40 annoncées, ont révélé que les sujets en question étaient atteints de tuberculose. Complètement isolées, les troupes défaites du GSPC résistent très mal aux rigueurs de l'hiver. Les récentes redditions de membres très influents de son état-major témoignent de cette fin misérable de l'organisation fondamentaliste. Cernés de toutes parts et survivant dans de très mauvaises conditions, les derniers partisans de Droukdel meurent de faim et de froid. Voilà le vrai scoop. Tout le tapage médiatique créé autour de cette sensationnelle histoire du bacille de la peste noire ne tient pas du tout la route. K. A.