Après le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé des affaires politiques, Thomas Shannon, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, est attendu ce lundi à Alger. Il est attendu que lors de sa visite, ce haut responsable russe rencontrera le chef de l'Etat, le Premier ministre ainsi que son homologue, Ramtane Lamamra. Après le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé des affaires politiques, Thomas Shannon, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, est attendu ce lundi à Alger. Il est attendu que lors de sa visite, ce haut responsable russe rencontrera le chef de l'Etat, le Premier ministre ainsi que son homologue, Ramtane Lamamra. Des entretiens qui auront pour but d'approfondir les discussions sur les conflits régionaux, notamment en Syrie et en Libye, surtout après les derniers développements de la situation dans ces deux pays. En effet, l'Algérie et la Russie ont toujours partagé les points de vue en ce qui concerne le refus d'une intervention étrangère dans un pays en proie à une crise interne, mais depuis l'engagement militaire de la Russie contre Daech en Syrie et l'accroissement des pertes de civils dans les opérations de bombardements aériens, les choses semblent plus compliquées. Sergueï Lavrov aura donc la tâche de lever les doutes et s'assurer que l'Algérie, son alliée dans la région, garde ses positions sur la question syrienne. Mais sur la question syrienne, il faut reconnaître que le rôle joué par la Russie, qui refuse la chute du régime de Bachar al-Assad, a été un rôle régulateur par rapport à celui joué par les Etats-Unis et l'Europe. Avec son intervention dans le conflit, la Russie a réussi à imposer un cessez-le-feu et travaille pour imposer la trêve. Et dans cette bataille de leadership dans le bourbier syrien, la Russie n'oublie pas la diplomatie. En envoyant son ministre des Affaires étrangères à Alger, Vladimir Poutine espère renforcer sa position dans la géopolitique régionale. Sur la question libyenne, la Russie cherche peut-être à avoir le point de vue de l'Algérie, pays voisin, sur le conflit. Surtout que l'Algérie s'est impliquée directement dans le dialogue politique inter-libyen. Ce point de vue est d'autant important que les Etats-Unis ont décidé de lancer leur intervention en Libye avec le raid menée, le 19 février dernier à Sabrata. Il faut dire que la Russie tient à garder un œil sur le dossier libyen car ce pays, plongé dans le chaos depuis la chute de Kadhafi, est la proie des Occidentaux qui visent, en premier, le morcellement de ses richesses et la préservation de leurs intérêts. Mais pour se faire, ces pays doivent éradiquer la menace terroriste qui risque de les atteindre. En fait, la Russie n'a pas encore tranché clairement sa position sur la Libye. Même si, selon un site chinois, le Kremlin aurait décidé de créé un centre d'opérations avec l'ensemble des services sunnites dans le cadre d'une intervention en Libye. Selon le site, la Russie a recouru à la même méthode avec les chiite dans le cadre de son intervention en Syrie. Le site revient sur le déplacement de Serguei Lavrov, le 2 février dernier, où il a été reçu par Sheikh Mohammed bin Zayed et le ministre émirati des Affaires étrangères, Abdallah bin Zayed, dans le but de signer un accord de renseignement concernant l'ensemble de la menace djihadiste au Yémen, en Irak, en Afghanistan et en Libye. Moscou chercherait ainsi à s'intégrer aux échanges privilégiés qu'entretiennent déjà les services émiratis, omanais, jordaniens et égyptiens. Si Moscou prépare le terrain pour son implication dans le conflit libyen, il est évident donc qu'elle s'approche d'Alger afin d'avoir plus d'éclairage mais aussi d'espérer son soutien dans le cas où elle décide d'intervenir dans le conflit libyen. Or, Alger ne va pas déroger à la règle et va tenter de convaincre son partenaire russe de s'allier à ses thèses hostiles à une intervention étrangère à ses portes et à toutes les conséquences que cette dernière induira. Pour rappel, le récent bombardement américain en Libye a provoqué la réaction du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui a fait état de la «nécessité de lutter contre le terrorisme en Libye dans le cadre de la légalité internationale, du respect de la souveraineté, de la sécurité et de la stabilité de ce pays». La déclaration a été faite à l'issue de la rencontre avec Thomas Shannon, sous-secrétaire d'Etat américain aux Affaires politiques, venu lui aussi spécialement en Algérie pour des discussions approfondies sur la situation libyenne. Malgré les appréhensions d'Alger et de la Tunisie après les frappes aériennes américaines, il semblerait que les frappes vont se poursuivre. Il y a quelques jours d'ailleurs, l'Italie a annoncé qu'elle autorisait les drones américains stationnés en Sicile à bombarder les camps de Daech en Libye. Dans cette situation, l'Algérie, qui demeure exposée au risque de par sa proximité géographique avec la zone en conflit, ne manquera pas de solliciter Moscou à partager ses inquiétudes et à renforcer sa position. A noter, enfin, qu'il est attendu que la visite du chef de la diplomatie russe porte sur le renforcement de la coopération bilatérale entre les deux pays, notamment dans les domaines énergétique et militaire. H. Y.