Mauvaise nouvelle émanant de la Banque mondiale, une institution multilatérale qui se cherche en temps de crise. Elle vient d'annoncer par la voix de Justin Lin, son économiste en chef, cité dans une dépêche de l'APS, que la crise aura fait perdre 30 000 à 35 000 milliards de dollars aux marchés d'actions internationaux et de l'immobilier, soit «environ le volume du PIB (produit intérieur brut) mondial. C'est phénoménal. L'information ne manquera pas de susciter des interrogations sur l'efficacité de ces fameux plans de sauvetage montés en série aux Etats-Unis, en Europe, en Chine et au Japon pour surmonter les effets de la crise financière mondiale actuelle. Le dernier plan en date, 825 milliards de dollars, a été mis en avant par le nouveau locataire de la Maison-Blanche, Barack Obama. Et certains affichent déjà appréhensions et scepticisme quant à la portée d'un tel programme face à l'ampleur de la crise. L'expert de la Banque mondiale a fait état de ces chiffres lors d'une réunion à Koweït, au cours de laquelle il a appelé les gouvernements à rétablir l'équilibre dans le système économique par l'instauration de «mesures fiscales coordonnées» et l'utilisation de cet argent dans des projets qui augmentent le potentiel de croissance économique. Sera-t-il écouté ? Aujourd'hui, c'est le chacun pour soi qui l'emporte sur une solution concertée voulue non seulement par la Banque mondiale et le Fonds monétaire mais également par quelques pays affectés à des degrés différents par la crise en question. Justin Lin souligne que tous les pays doivent prendre des mesures de façon simultanée. Et que, si les gouvernements ne faisaient pas face aux défis de façon coordonnée, la reprise pourrait prendre un, deux ans, voire plus. Justin Lin a également invité les nations riches à aider les pays pauvres. Il a appelé en ce sens à la création d'un fonds de développement africain et exhorté les Fonds d'Etat à contribuer à hauteur d'un pour cent de leurs avoirs dans des projets d'infrastructures dans les pays pauvres africains. «Nous ne devrions pas laisser la crise économique se transformer en une crise humanitaire», explique-t-il, estimant que le «protectionnisme» pourrait résoudre le problème du chômage dans certains pays à court terme, mais rendrait la situation pire à long terme. Le Sénat américain débat actuellement d'une clause protectionniste contenue dans le projet de loi de relance de l'économie nationale, suscitant l'inquiétude des partenaires commerciaux des Etats-Unis. C'est dire que l'interventionnisme étatique s'impose même dans des économies foncièrement libérales. Y. S.