Noelka de son vrai nom Nawel Aït Chafaa, vient de publier récemment, à l'âge de 24 ans, son premier recueil de nouvelles intitulé Leurs départs sont des adieux aux éditions Edilivre. La jeune auteure algérienne, avec en poche une licence en droit et un master en relations internationales, incarne cette nouvelle génération talentueuse avec plusieurs cordes à son arc. Dans cet entretien, elle présente son ouvrage, sa conception de l'écriture et ses projets d'avenir. LA TRIBUNE : Pourriez-vous nous présenter ce premier recueil de nouvelles que vous venez de publier ? NOELKA : C'est un recueil de cinq nouvelles intitulées Leurs départs sont des adieux dont le fils conducteurs est une femme qui raconte des histoires d'amour au vécu intenses. Le livre a été édité en France chez la maison d'édition Edilivre et est disponible à la Fnac en format papier et en ligne. Il sera bientôt édité en Algérie où j'animerais des ventes dédicaces. Dans ce recueil, il y a quatre nouvelles dont les titres sont des initiales en l'occurrence M, P, A, OZ. Ce sont des initiales de personnages masculins. La cinquième nouvelle est quant à elle intitulée l'Amie, c'est le personnage féminin central de ce recueil. Elle incarne la confidente, l'amie, la mère, la sœur selon ce que ressent chaque lecteur. C'est elle qui relie les nouvelles entres elles. A travers ce recueil, je m'attèle par la construction d'un univers et des personnages fictifs, a retranscrire des émotions qui m'ont été confiées ou que j'ai ressenties. Un vécus partager par de nombreuses personnes autour de moi que cela soit à Alger ou ailleurs. C'est pour cela que j'utilise les initiales, c'est pour que chaque lecteur ou lectrice puissent s'identifier. Il s'agit de mettre des mots sur un ressenti, un vécu, des histoires réelles par de nombreuse personnes qui se sentent perdue dans leur état d'âme. Justement, j'ai une amie qui, après la lecture du recueil, m'a confiée : «Tu as su mettre des mots sur une histoire que j'ai vécue.» Justement, quel est votre sentiment après la publication de votre œuvre et le feed-back que vous avez eu ? Sincèrement, une grande satisfaction d'avoir eu l'audace et le courage d'accomplir cela. J'appréhendais au départ, mais au final, c'est une bonne expérience. J'ai été très touchée par les réactions des lecteurs car mon but était aussi qu'ils puissent se retrouver dans ces histoires et que cela leur apporte un apaisement ou une lueur d'espoir, afin qu'ils ne se sentent plus seul dans ce monde. Comment vous est-venu le goût de l'écriture ? A la base je suis une grande lectrice depuis mon jeune âge. Dès l'enfance j'ai baigné dans l'univers de la littérature et de l'écriture, notamment grâce à la correspondance épistolaire que j'entretiens avec mon père. Mais le véritable déclic est arrivé en 2012, lors de ma participation à un atelier d'écriture organisé par les éditions Chihab. Sur les conseils de la responsable d'édition, surtout concernant la restructuration de mes textes, c'est en mars 2014 que je me suis mise à une réelle écriture d'une œuvre littéraire, en l'occurrence ce recueil de nouvelles. Quelles sont vos influences littéraires ? J'ai beaucoup été influencée par des auteurs tels que Milan Kundera, Stephan Zweig. Mais je me retrouve plus dans les écrivaines algériennes à l'instar de Nina Bouraoui, Mayssa Bey, Malika Mokeddam et l'auteur algérien, Rachid Boujedra. C'est le style d'écriture que j'apprécie, facile à lire et à comprendre. Une légèreté de style pourtant abordant des sujets très profonds et existentiels. C'est une écriture qui m'inspire car le sujet féminin est abordé avec une vision que l'on a rarement l'occasion de lire. A l'exemple de Malika Mokaddem qui parle des relations avec les hommes que cela soit avec son père, ou avec ses amants. Il y a aussi l'audace de Nina Bouraoui qui a l'audace de braver l'interdit pour parler librement de sa sexualité. Comment cela rejaillit dans votre écriture ? Dans mon écriture, je donne la parole à ces femmes algériennes qui sont souvent mises à l'ombre car elles ne correspondent pas à l'image traditionnelle transmise par les médias de tout bord ou par la majorité des œuvres littéraires. Je pense qu'il est important de sortir des clichés, de l'image de la femme algérienne, soumise, battue, ou victime. Il s'agit de parler autrement de la femme algérienne, une femme qui n'est pas juste un fantasme, mais qui existe réellement et qui font partie de notre société. Ce sont des femmes instruites, qui s'assument et qui vivent pleinement leur liberté. Ce sont des femmes, cultivées, qui travaillent, indépendantes et qui refusent de se soumettre au diktat de la société, qui ont des désirs, du vécu et qui vivent leurs relations avec l'autre ou les autres pleinement. A travers mon écriture je veux montrer que cette Algérienne existe aussi et qu'il est temps de sortir des carcans et de l'hypocrisie sociale. Quels sont vos projets d'avenir ? En ce moment je travaille sur l'écriture d'un roman tout en suivant une formation littéraire afin de perfectionner mes techniques d'écriture. La thématique de ce roman sera toujours axée sur les rapports entre les êtres. Parcourir cet univers relationnel en profondeur, allez au-delà des apparences pour explorer ce qui se passe intérieurement dans une connexion entre deux personnes qu'ils s'agissent d'une relation de couple traditionnelle, c'est-à- dire entre un homme et une femme, ou une relation entre deux femmes. L'amour, l'amitié, l'ambiguïté entre les deux. Ce sont autant d'univers émotionnels infinis que j'œuvre à transcrire à travers les mots et fixer ce chaos des sentiments dans une écriture accessible à tous dans l'espoir d'apporter de la sérénité et de l'apaisement. S. B.