Encore une fois, la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghabrit, rejette l'idée véhiculée par beaucoup, portant sur la révision de la réforme de son prédécesseur, Boubekeur Benbouzid. Autrement dit, une réforme de la réforme. La ministre est catégorique. «Une réforme sous entend une rupture à tout point de vue, notamment en termes de contenus, d'architecture du système et de son dimensionnement. Or, ce n'est pas le cas», a-t-elle affirmé hier dans un entretien accordé à l'APS. Bien au contraire, assurera-t-elle, «nous œuvrons à améliorer ce qui a été appliqué depuis 2003. Il y a lieu d'observer et de rectifier». Et de rappeler que «le système éducatif algérien n'a connu que deux réformes; celles de 1976 et de 2003». Les actions engagées depuis son arrivée à la tête du département ministériel, entre autres le lancement à partir de la rentrée 2016-2017 de son projet dit «Programmes de 2e génération», constituent, dit-elle, «des aménagements que ses prédécesseurs ne pouvaient réaliser du fait des perturbations chroniques qu'a connues le secteur pendant de longues années». Le projet de programmes de 2 génération est une véritable révolution, -s'il se concrétise bien sûr, mais la ministre ne le dit pas-. C'est un changement en profondeur, puisqu'il vise à changer radicalement la manière d'enseigner et d'apprendre, et, mieux encore, à initier l'élève, dès son jeune âge, aux techniques de la communication et d'échange, mais Benghabrit se satisfait de dire que c'est juste une révision ordinaire. «La commission au niveau du ministère de l'Education travaille sur la révision des programmes depuis 2009. Ceci entre dans le cadre de la révision ordinaire des programmes. Cette commission s'est penchée sur les programmes de 2003, ce qui donne environ 13 ans de durée, alors que la norme internationale oscille entre 3 et 5 ans», a-t-elle dit. Pour ce qui est des manuels à introduire à partir de cette rentrée 2016-2017 pour les besoins du nouveau projet, Mme Benghabrit a assuré que ses services travaillent de manière à assurer leur disponibilité à temps : «Nous avons des experts qui veillent au suivi de l'élaboration des quatre manuels scolaires destinés à la 1re et la 2e année primaire. Et nous faisons appel aux experts pour chaque discipline, comme l'histoire et les affaires religieuses.» Autre projet en chantier, et qui s'impose de lui-même, celui dit «Système de remédiation». Il est censé répondre à une question fondamentale qui revient depuis des années, celle de la déperdition scolaire qui inquiète au plus haut degré et les responsables du secteur et les parents d'élèves. A ce propos, la ministre indique qu''un «groupe de travail composé d'experts algériens décortique actuellement des millions de copies des examens de la 5e , du BEM et du Bac, afin d'élaborer une grille d'analyse permettant de déceler les failles (ou les erreurs à répétition) chez les élèves». Ce groupe devra rendre ses résultats en mai prochain, poursuivra Mme Benghabrit. Dans cet entretien accordé à l'APS, la première responsable du secteur de l'Education nationale a donné la date définitive de l'organisation du concours de recrutement au profit de 28 000 enseignants, sur un ensemble de 21 000 qui exercent dans le secteur. Ce sera pour le 30 avril prochain. «L'examen écrit pour le recrutement aura lieu le 30 avril, les résultats seront donnés le 12 mai, ce qui permettra aux candidats retenus de passer le test oral le 8 et 9 juin, alors que les résultats définitifs seront rendus publics le 30 juin.» Pourquoi ce report ? Il avait été annoncé initialement pour ce mois de mars. Benghabrit parlera de «considérations objectives, notamment organisationnelles nécessitant la sensibilisation des inspecteurs et des responsables des ressources humaines au niveau local». Aussi, «nous avons choisi la date du samedi 30 avril pour ne pas perturber la scolarité des élèves». La ministre rappellera que «les spécialités et le programme du concours peuvent être consultés sur le site du ministère (www.education.gov.dz). Les inscriptions seront ouvertes du 28 mars au 17 avril prochain sur le site (www.onec.dz) de l'Office national des examens et concours (Onec) et les rendez-vous seront fixés aux candidats pour le dépôt des dossiers toujours via le site Internet». Pour ce qui est du mouvement contestataire de nombre d'enseignants contractuels, qui sont allés jusqu'à menacer d'une démission collective, la ministre répondra par une grande fermeté : «Ils doivent assumer leur responsabilité. Je leur conseille cependant, d'y renoncer (...) sachant que la loi ne leur permet pas une intégration directe car la Fonction publique a l'obligation d'équité.» Mme Benghabrit insiste : «aucun de ces enseignants n'avait été lésé». Par ailleurs, la ministre a fortement déploré le nombre très important des demandes de départ à la retraite. Un chiffre simplement effarant. «Pour l'année en cours, 96% des départs à la retraite des enseignants sont des retraites anticipées.» La ministre dira son «regret devant cette flambée de départs de compétences ayant un niveau d'expérience sur le plan éducatif et pédagogique». Des brouilleurs au bac pour empêcher la fuite des sujets Autre information donnée hier par la ministre, le recours aux brouilleurs lors de l'examen du baccalauréat 2016 pour empêcher la fuite des sujets comme c'était le cas l'année dernière. «Tous les moyens technologiques, dont les brouilleurs des moyens de communication, seront utilisés pour contrer toute velléité d'enfreindre la réglementation et de tricher lors de l'examen du baccalauréat», a-t-elle assuré. A l'occasion, elle a rappelé la convention signée récemment avec la Direction générale de la Sûreté nationale et la Gendarmerie nationale. Une coopération qui va surtout rassurer sur la sécurisation des sujets d'examens lors de leurs transports par avion et par bus. Et qui va aider aussi à déjouer, à temps, toute tentative de fuite. K. M.