De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi L'intérêt de l'épidémiologie aux maladies rénales est très récent. Ainsi, on veut dégager une stratégie de réduction des risques et élaborer un programme d'information, d'éducation et de communication d'une population cible en vue de réduire les risques. Il importe également de dégager un plan de dépistage et de surveillance des sujets à risque. Et de proposer un programme de formation en épidémiologie des insuffisances rénales chroniques. Voilà une perspective «inédite» signée par trois médecins au niveau du service d'épidémiologie du CHU Ben Badis. «Les maladies rénales sont rares mais leur poids socioéconomique est important», nous dira le docteur Kirati, maitre assistant actif qui concourt actuellement aux côtés des professeurs en épidémiologie, MM. Zougheilech et Nezzal, pour élaborer un tracé épidémiologique sur l'insuffisance rénale chronique. Le projet de recherche est sur le point de prendre forme dans le service géré par ces médecins. Il n'y aura pas de diminution si l'on n'intègre pas une stratégie globale de prévention à trois niveaux : primo, en intervenant sur les environnements, la génétique et le diabète, qui aura pour conséquence la réduction de nouveaux cas (incidence). Secundo, agir sur l'hypertension artérielle, le diabète, les médicaments toxiques par le dépistage à l'aide de bandelettes réactives et surtout l'estimation du débit de la filtration glomérulaire du rein en l'instituant à toute demande de créatinémie. Tertio enfin, par la néphroprotection en utilisant des moyens spécifiques (causes) et non spécifiques par un suivi médical et néphrologique, un contrôle tensionnel, un régime de restriction en protéines et diététiques. Cela étant, la charte pour laquelle ce trio médical s'attelle s'explique comme cela. «L'insuffisance rénale chronique pose un problème majeur aux pouvoirs publics. Notre objectif est de connaître les causes majeures de la maladie et d'en établir un portrait le plus exact possible au niveau de la wilaya de Constantine», explique notre interlocuteur. D'aucuns estiment que l'insuffisance rénale chronique pose un problème crucial de santé publique. La dialyse étant la seule alternative de traitement pour les personnes dont la pathologie s'est bien installée. C'est-à-dire à un stade avancé. Ce remède purifie le sang et élimine de l'organisme les déchets et l'excès d'eau. Souvent, ce traitement requiert des intensifications à intervalles réguliers au cas où les reins cessent de fonctionner de façon permanente. L'ultime recours à opposer à l'insuffisance rénale reste la transplantation, estiment les spécialistes, ajoutant que «la greffe rénale reste le traitement de choix en raison du résultat médical et de la qualité de vie qu'elle offre par rapport à la dialyse». Cependant, ce ne sont pas tous les malades qui sont concernés par une greffe à cause de contre-indications à cette éventualité. Le nombre de dialysés ne cesse d'augmenter. En 2007, l'Algérie en comptait 10 530 dont 1 500 à 2 000 espéraient un rein en urgence, contre 2 145 seulement avec 166 décès en 1990. On diagnostique chaque année 3 000 sujets dont la moitié seulement est prise en charge au moyen d'une thérapeutique médicale ou de substitution. Le système d'information sanitaire national ne dispose pas de données sur «l'épidémiologie descriptive de l'insuffisance rénale terminale». La prévalence et l'incidence sont en augmentation constante. De 2002 à 2007, le premier indice est passé de 150 à 330. Le second avait pratiquement quadruplé puisque dans la même période il a transité de 6,5 à 50. C'est l'appréciation à laquelle est parvenue le maître assistant Kirati en menant un travail de fond qui interpelle une implication directe des pouvoirs publics en vue de revoir la copie de la prise en charge «initiale» de cette maladie. Il s'agira avant tout, comme pour les autres pathologies, de mener une campagne de sensibilisation dans le but de minimiser le risque. De fait, en dépit d'une incidence en croissance permanente de +4 à +6% par an, cet indicateur reste sous-estimé, engendrant au passage un coût de traitement élevé et, surtout, une altération de la qualité de vie alors que tous les ingrédients existent pour établir une stratégie à même de diminuer de cette ampleur. Les statistiques fournies par le médecin avancent que l'hémodialyse représente 92,5% comme taux de prise en charge à travers 230 centres. La dialyse péritonéale continue ambulatoire (DPCA) représente 6% avec 25 centres. Quant à la greffe rénale, elle représente 1,5% avec des centres permanents. En revanche, la stratégie de la prise en charge à atteindre vise une greffe à un taux de 25%, une dialyse à 60% et enfin une DPCA à 15%. Evoquant les données actuelles sur la proportion de la maladie, le rapport à peine ficelé par M. Kirati fera ressortir quelques indicateurs, dont la transplantation, qui a touché 839 patients vivant avec des greffons, parmi eux 389 greffés en Algérie. L'année 2007 a enregistré près de 116 greffes, réalisées à partir de donneurs apparentés, dans les 132 centres greffeurs. A Constantine, à titre d'exemple, l'EHS Daksi avait réalisé 11 transplantations durant cette période. Une moyenne jugée faible par le ministre de la Santé M. Barkat, en dépit des moyens mis à la disposition de cette structure. Du moins, c'est l'appréciation émise il y a 6 mois. Sur un autre plan, notre même source révèle que l'Etat consent beaucoup d'efforts pour la prise en charge des malades en dégageant un budget à cet effet. Mieux encore, depuis 2002, le champ a été ouvert au privé avec un conventionnement avec la CNAS, qui prend en charge des malades assurés ou non.