Plus de 4 500 nouveaux cas d'insuffisance rénale au stade terminal, chaque année en Algérie. Plus de 500 malades attendent une greffe rénale, la seule qui puisse les soulager d'une souffrance qui va croissant. Un mal qui épuise le corps et avec lui toutes les forces psychiques de la personne atteinte, jeune ou moins jeune, bien ou mal entourée. Un mal dévastateur En effet, très difficile est le quotidien de l'insuffisant rénal chronique, condamné à subir trois séances de dialyse par semaine, avec tout ce que cela induit comme charges de transport et perte de journées complètes pour arriver dans des services qui n'offrent pas forcément la bonne prestation. D'ailleurs, si l'on croit certaines affirmations, beaucoup parmi les personnels chargés de l'hémodialyse au niveau des différentes structures de santé à travers le pays, recourent -faute de moyens, de médicaments et surtout de temps- à des solutions palliatives qui ne les honorent pas le moins du monde. Pis encore, elles ne servent pas le malade qui voit sa situation s'aggraver au lieu de s'améliorer. Le manque de néphrologues, rares en ces temps où la demande se fait de plus en plus grande, aussi bien pour la prévention, le dépistage ou le traitement de la maladie, n'est pas pour arranger les choses. Le manque de données chiffrées sur ce grand problème de santé qui menace une population de plus en plus nombreuse, sans que ses véritables causes ne soient encore établies, rend encore difficile la prise en charge de ces malades. Ces derniers, parmi lesquels certains meurent dans l'anonymat, sans bénéficier de la prise en charge médicale adéquate. Certains vont jusqu'à ignorer leur maladie. L'insuffisant rénal chronique subit sa maladie, pas forcément avec courage. Beaucoup se voient anéantis par ce mal dévastateur surtout lorsqu'ils sont jeunes. Ils perdent leur emploi, les meilleurs moments de leur vie, condamnés à garder le lit pendant de longues journées. La greffe rénale à partir de cadavres : cela traîne ! Le malade n'est pas le seul à être embarrassé par cette situation. Toute la famille en subit les conséquences. La greffe rénale s'avère, donc, le seul moyen à même de faire sortir l'insuffisant rénal chronique du tunnel noir. L'aide vient généralement d'un proche : un frère, une sœur, une mère mais ce n'est pas toujours évident. Le problème d'adaptation se révèle parfois décourageant. C'est à partir de là que l'idée d'aller vers des greffes rénales à partir de cadavres a fait son chemin mais, hélas, confrontée à des préjugés que la science aussi bien que la religion trouvent pourtant infondées. Des cris de détresse sont lancés un peu partout dans le pays pour venir au secours des malades par ce nouveau procédé, appliqué dans de nombreux pays du monde, à commencer par l'Arabie saoudite, un pays musulman. Ce pays qui a bien avancé dans ce domaine jusqu'à posséder toute une banque de reins à partir de cadavres. La Fédération nationale des insuffisants rénaux (FNIR) ne cesse donc de «prier» pour la mise en œuvre d'une politique de santé qui va dans ce sens. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et celui des Affaires religieuses et des Waqfs ont déjà dit leur mot. La question est tranchée. La volonté politique existe, les contraintes d'ordre religieux éliminées mais très peu de choses ont été faites. S'agit-il d'un manque de moyens ? D'arguments pour convaincre les familles à donner le rein d'un proche décédé ?...Ou bien le problème est-il ailleurs ? L'urgence aujourd'hui est de remettre sur la table ce dossier de «greffe rénale à partir de cadavres» et d'en débattre sérieusement au lieu de dépenser de grandes sommes d'argent, cet argent du contribuable, dans des séminaires et des rencontres qui n'en finissent pas, sans pourtant aboutir à des résultats probants. Il y va de la santé mais surtout du bien-être de nombreuses personnes à travers le pays. K. M.