Entretien réalisé par Bilal Larbi LA TRIBUNE : Huit ans après que l'aval eut été donné pour la construction d'un institut du rein à Blida, force est de constater que les choses n'en sont presque qu'au stade de chantier. A quoi ce retard est-il dû et qu'est-ce qu'il y a lieu de faire justement pour que ce gigantesque projet finisse par voir le jour ? PR El Mahdi Si Ahmed : Effectivement, depuis le début du lancement des travaux jusqu'à ce jour, beaucoup de temps s'est écoulé. Nombreuses sont les personnes, parmi les malades ou leurs familles, qui ont commencé à s'impatienter. Nous comprenons parfaitement leur inquiétude, voire leur désarroi. Mais, croyez-moi, nous travaillons d'arrache-pied dans le but de tout faire pour que ce projet voie le jour. Il faut que les pouvoirs publics s'impliquent d'avantage pour faire aboutir ce projet. Il est plus que vital que ce dernier se concrétise car, à l'heure actuelle, les difficultés en matière de transplantation rénale se posent avec acuité. Ayant constaté que les donneurs de rein (parmi les personnes encore en vie) étaient rares, nous sommes arrivés à la conclusion en vertu de laquelle la solution à cet épineux problème ne peut que résider dans le donneur cadavérique. Mais contrairement à ce que d'aucuns peuvent penser, les choses ne se présentent guère sous les meilleures auspices. Les obstacles, notamment ceux inhérents à des considérations d'ordre culturel et religieux, sont légion. En outre, il n'est guère aisé de convaincre la famille du défunt de nous autoriser à prélever un organe de la personne décédée dans la mesure où la gestion du deuil est extrêmement difficile et nécessite un très grand savoir-faire et une solide une expérience des choses de la vie. Revenons, si vous le voulez bien, à cet institut du rein. Quelles sont les missions qui lui seront dévolues ? Il est clair que la principale mission du futur institut du rein du CHU de Blida consiste en la greffe d'organes. Mais il y a aussi la prévention et la formation. Nous ne voulons absolument pas tomber dans la même erreur qui a eu lieu au sein du nouveau CHU d'Oran, lequel n'avait pas suffisamment d'agents paramédicaux. Une infrastructure hospitalière est un tout homogène. Chaque partie doit jouer pleinement le rôle qui est le sien. Vous n'êtes pas sans ignorer que la transplantation rénale est un acte qui nécessite la présence d'un certain nombre de spécialistes. Ce n'est qu'à ce prix que l'institut du rein pourra être efficace. Une fois cet institut complètement achevé, pensez-vous que la problématique de la transplantation rénale se posera avec autant d'acuité ? Je suis convaincu que le problème de la greffe de rein sera pris à bras-le-corps. L'étendue de ce problème ne pourra que diminuer. Toutefois, le problème qui se posera alors pour nous sera celui relatif à la disponibilité de reins. Et là, je reviens à ce que je vous disais tout à l'heure au sujet du donneur cadavérique. C'est la seule solution, pour peu que tout le monde s'implique. Nous sommes l'un des rares pays musulmans (je ne voudrais pas dire le seul pays) où la greffe, à partir du donneur cadavérique, est très minime. Que vous alliez en Tunisie, en Libye, en Arabie saoudite, en Turquie, ou au Liban… bref, là où vous allez, vous aurez la latitude de constater que la greffe rénale à partir de donneur cadavérique se pratique à grande échelle. Il est grand temps pour nous de marcher dans le sillage de tous ces pays car c'est pour nous la seule solution de nous en sortir. Même en Europe, la greffe est quasiment impossible, dans la mesure où ces pays s'occupent d'abord de leurs concitoyens. Et parmi ces derniers, permettez moi de vous dire que bon nombre de ceux figurant sur la liste d'attente meurent faute d'avoir trouvé un donneur. C‘est vous dire que nous devons impérativement résoudre ce problème inhérent au donneur cadavérique d'autant que la religion autorise pareil acte. Auriez-vous à ajouter quelque chose en guise de conclusion ? Je profite de la tribune que vous m'offrez pour dire haut et fort qu'en matière de transplantation rénale à partir de donneur cadavérique, nous n'avons pas, en tout cas au niveau du CHU Frantz Fanon de Blida, de problème d'ordre matériel. Tout est réuni pour mener à bien notre mission. Le futur institut du rein sera d'un très grand apport.