La presse algérienne vient de perdre un de ses piliers. Noureddine Naït Mazi est décédé, jeudi dernier à Paris, à l'âge de 81 ans, des suites d'une longue maladie, après une vie dédiée au journalisme. Quand on écoute les «anciens», qui ont connu ce grand Monsieur, parler de lui, on se rend compte que son histoire se confond avec celle de la presse nationale où, à peine sorti de l'adolescence, il a commencé, à 19 ans, à aiguiser sa plume, dans le sillage de son parcours de jeune militant du mouvement national au sein du PPA-Mtld qu'il avait rejoint très jeune. Né le 18 janvier 1935 à Paris (France), fils d'un fellah émigré, originaire de la wilaya de Tizi Ouzou, le jeune Naït Mazi commencera sa carrière journalistique à la base, comme journaliste, au journal Libre Algérie, à Paris, où il a travaillé entre 1954 et 1956. Après l'indépendance, il rentre en Algérie et intègre le journal Le Peuple, créé à l'automne 1962 par le FLN. Il grimpera les échelons au sein de ce titre et devient chef de rubrique puis rédacteur en chef adjoint en 1964. Il est l'un des rares journalistes algériens ayant exercé leur métiers durant la guerre de libération et après l'indépendance. En 1967, il est nommé rédacteur en chef du quotidien national El Moudjahid, poste qu'il occupa jusqu'en 1971 où il est nommé, par décret présidentiel, directeur général du journal. En 1980 il quittera ses fonctions, à sa demande, pour devenir conseiller au cabinet du ministre de l'Information. En septembre 1983, il est rappelé au poste de directeur d'El Moudjahid, puis directeur général de l'Entreprise nationale de presse El Moudjahid qui édite également le quotidien du soir Horizons, fondé en 1985. Durant toute la période où il était aux commandes d'El Moudjahid, Naït Mazi a vu défiler une armée de journalistes, dont certains deviendront plus tard de grandes plumes, qu'il a managé, dirigé, encadré et grondé. Car, le professeur avait aussi rang de gardien du temple qu'était El Moudjahid sous l'autorité du parti unique. Et c'est sans doute là la plus grande leçon que Naït Mazi aura donné à ses élèves, que certains ont su transmettre : «On peut faire un grand journal d'un jour et disparaitre le lendemain ou un journal grandissant chaque jour jusqu'à devenir une institution inattaquable.» Et c'est ce qu'il fera en respectant la ligne éditoriale dictée par le pouvoir, tout en fermant les yeux sur les petites incartades de ses bouillonnants journalistes, qu'il défendra et protégera même quand il se fera rappeler à l'ordre. Les anecdotes de ses «élèves-collègues», dont certains sont devenus des patrons de presse, se terminent toutes par une même conclusion : «C'était un grand monsieur. Il a fait d'El Moudjahid plus qu'un journal, une véritable école.» Le maitre est aujourd'hui parti, laissant derrière lui une histoire, des témoignages et des souvenirs qui disent tous sa grandeur qui n'avait d'égales que sa simplicité et sa modestie. Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, n'a pas manqué d'exprimer ses respects pour le défunt dans un message de condoléances adressé à sa famille dès l'annonce de son décès. «J'ai appris la disparition de l'un des piliers de l'information dans notre pays, le regretté Noureddine Naït Mazi que Dieu tout puissant lui accorde sa sainte miséricorde». «Homme affable et journaliste de talent au service de sa patrie, le défunt a toujours exprimé ses opinions et ses idées dans le respect des valeurs justes et de la dignité d'autrui […]. Il était respecté et aimé de tous ceux qui l'ont côtoyé, pour sa modestie et son dévouement dans l'accomplissement de sa mission médiatique», a souligné le Président. De son côté, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a également tenu à présenter à la famille du défunt, à ses collègues et confrères ses condoléances, les assurant, en cette douloureuse circonstance, de sa sympathie. La dépouille mortelle de Noureddine Naït Mazi, sera rapatriée aujourd'hui à Alger avant d'être déposée au siège du journal El Moudjahid pour permettre à ses collègues de lui rendre un dernier hommage. Le défunt sera inhumé le même jour au cimetière d'El Alia après la prière du Dohr. H. G. Condoléances Touchés par la nouvelle du décès de Noureddine Naït Mazi, le directeur de la publication, Bachir-Chérif Ahcène, Chérif Tifaoui et toute l'équipe du quotidien la Tribune présentent à toute la famille du défunt ses condoléances les plus attristées et l'assurent de toute leur compassion.