MGaïd Salah, porte-parole de l'Union des agriculteurs algériens libres (UAAL), est monté au créneau hier lors d'une conférence de presse, tenue à la Maison de la presse Tahar Djaout à Alger, pour accuser certains responsables locaux de verser dans des pratiques douteuses dans la gestion de la distribution de l'aliment de bétail. « Monopolisant les circuits de distribution des aliments de bétail, notamment celui de l'orge, des ‘'barons'' tapis dans certaines Chambres agricoles de wilaya et d'autres administrations, se sont adonné aux détournements de ces produits sur le marché informel avant de les vendre à des prix élevés », a-t-il soutenu. Ces accusations impliqueraient, selon lui, des responsables locaux à la tête de certains organismes rattachés au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, sans donner plus de détails. « Ce sont eux qui sont à l'origine de l'échec du programme de soutien au secteur agricole initié par le Président », a-t-il ajouté. M. Gaïd n'a pas mâché ses mots, précisant que « ces mêmes personnes ont parfois le statut de sénateur ou de président de chambre agricole régionale », sans pour autant citer de noms. Le porte-parole de l'UAAL a révélé que ces ‘'barons'' sévissent dans au moins 23 wilayas pastorales ». Le conférencier a indiqué que le soutien des autorités ne profite pas aux vrais agriculteurs, tout en rappelant avoir déjà saisi officiellement le ministère de l'Agriculture sur ces pratiques. S'agissant du problème du foncier agricole, il a encore estimé que « des propriétés agricoles sont divisées entre plusieurs agriculteurs au moment où l'acte de propriété est collectif ». Les agriculteurs, poursuit-il, sont parfois dans l'impossibilité de vendre leurs droits de jouissance. « Comment peut-on parler du développement d'un secteur, alors que nous sommes divisés de l'intérieur », s'est-il interrogé, regrettant que des terres agricoles arables fassent l'objet de spéculation. Il a appelé les pouvoirs publics à intervenir pour mettre un terme à ces pratiques à travers l'assainissement des exploitations agricoles individuelles ou collectives, celles obtenues dans le cadre de la loi 87/19 par l'intermédiaire de notaires et les terres des « aârchs » restées jusque-là sans acte de propriété. Par ailleurs, le porte-parole de l'UAAL a fait savoir que les agriculteurs subissent le poids des dettes cumulées auprès de la CNAS, des banques et des services des impôts. « Actuellement, les agriculteurs sont dans l'incapacité de contracter des crédits au niveau des banques (…) En Kabylie, des agriculteurs, en faillite, sont poursuivis en justice et leurs terres sont hypothéquées par les banques », a-t-il indiqué, en appelant à l'intervention du Président, afin d'effacer ces dettes. Interrogé sur la nouvelle politique menée par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural portant sur les contrats de performance avec les 48 wilayas du pays, M. Gaïd a encore déploré que l'on « n'y ait pas associé les agriculteurs ».