Les athlètes d'élite, susceptibles de décrocher des médailles olympiques, auront tous les moyens à leur disposition pour bien peaufiner leur préparation dont des stages bloqués à l'étranger. Les jeunes espoirs, qui comptent juste «acquérir de l'expérience» lors de ce grand rendez-vous planétaire, auront un peu moins d'attention. L'annonce a été récemment faite par le président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, qui a insisté à l'occasion sur «la bonne gouvernance sportive et la gestion rationnelle» d'un budget de 310 millions de dinars consacré à cet effet. A trois mois de l'ouverture des JO de Rio de Janeiro (Brésil), l'Algérie table sur 5 médailles, ajoute le premier responsable du COA, en appelant toute la délégation algérienne à donner une bonne image du pays dans les terrains et en dehors. Une représentation qui compte, jusqu'à présent, au moins une cinquantaine d'athlètes qualifiés. Le ministère de tutelle et les fédérations expriment aussi leur volonté de promouvoir et d'encourager le sport de haut niveau. La proximité du sommet olympique serait pour beaucoup dans cette fièvre. Mais pour constituer cette sélection d'élite, il va falloir mettre en place une véritable politique et une stratégie efficiente à long terme. Il ne suffit plus d'attendre la veille d'une grande compétition pour se démener et se mobiliser dans l'urgence. La sélection des meilleurs éléments et leur bonne préparation ne suffisent pas, non plus. C'est juste l'un des derniers maillons de la chaîne. A la base, il y a le sport de masse pour brasser large et faire la meilleure prospection qui soit parmi les enfants et les jeunes. Les sports scolaire, universitaire et de proximité constituent le terreau de ces graines de champions qu'il faudra, ensuite, encadrer et accompagner soigneusement. L'élite, pour ainsi dire, n'est que le sommet d'une grande pyramide. Pour produire un grand champion, il faut beaucoup d'efforts conjugués dans lequel les établissements scolaires, les clubs, les ligues et les fédérations sont appelés à travailler en synergie. Dans son programme d'action, le ministère de tutelle énonce une série de principes et d'idées louables, mais sa concrétisation sur le terrain ne suit pas. La direction générale du développement du sport se fixe, en effet, des objectifs audacieux en matière de sport d'élite. «Le développement du sport professionnel, l'affermissement du partenariat avec les fédérations sportives nationales dans l'élaboration des objectifs, des plans et des programmes de développement du sport de haut niveau, ainsi que la promotion de l'éthique sportive à travers une lutte implacable contre la violence, le dopage et la tricherie», est-il écrit. La même direction s'engage aussi à présenter un rapport annuel d'évaluation des politiques engagées et insiste sur l'importance de la généralisation de la pratique sportive dans les milieux scolaires et universitaire, considérés, à juste raison, comme des viviers de jeunes talents. Pour cela, le ministère entend agir sur plusieurs axes comme «l'amélioration de la gouvernance du système sportif national, la refonte du système de financement des activités sportives, la réalisation d'infrastructures d'excellence et de proximité, l'amélioration qualitative de la ressource humaine, la relance des activités de recherche et de médecine du sport et l'affermissement de la coopération intersectorielle (éducation, formation, enseignement supérieur, santé…)». Il est vrai qu'en matière d'infrastructure, un important plan de charge, portant modernisation du patrimoine existant et l'édification de nouveaux équipements, a été lancé et réalisé en partie. Mais concernant, la prospection et l'encadrement des jeunes talents, le bilan reste en deçà des attentes. Les écoles et les clubs, notamment, ne jouent pas le jeu. Il va falloir les y intéresser à travers l'outil des subventions publiques, car la généralisation de la pratique sportive est un préalable à l'émergence de la compétitivité et de l'excellence. La sélection et la préparation des élites laissent aussi à désirer. Il ne suffit plus de dire, il faut agir. En 2021, l'Algérie accueillera les Jeux méditerranéens. On doit y penser sérieusement dès aujourd'hui. K. A.