A la suite des résultats catastrophiques des Algériens aux 14es Championnats du Monde d'athlétisme disputés du 10 au 18 août à Moscou, plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer le déclin de l'athlétisme algérien. La déconvenue des 11 athlètes algériens qui ont participé au rendez-vous mondial, éliminés aux séries, a fait couler beaucoup d'encre sur notre sport. Mais depuis plusieurs années l'athlétisme algérien, traîne dans le monde l'image d'un sport moribond et d'autres disciplines, en perdition par faute de dirigeants incompétents et leur management archaïque. Mais au delà des résultats, ce fait n'est pas nouveau, il n'est que la suite logique des années d'incompétence à la tête de la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA). Ailleurs, la progression est constante et prospère. Des pays comme la Guinée équatoriale, la Côte d'Ivoire, le Ghana font des progrès remarquables. De notre côté, les Algériens n'alignent que des contre performances, le plus souvent, nos représentants sortent sans gloire sans que cela n'émeuve personne plus que cela! Les causes et les raisons de cette déconvenue sont facilement identifiables. Ce triste bilan, pour les gens de la discipline, était attendu et catastrophique à tout point de vue. Un bilan catastrophique, observable des incompétences des gérants de notre sport d'élite, des clubs à la formation, de nos sélections aux résultats, jusqu'à la dimension managériale du sport en lui-même, sans oublier une absence fondamentale qui est celle d'un véritable projet, basé sur la formation au sein des écoles d'abord. Le management sportif ne peut se satisfaire de l'improvisation permanente qui espère au petit bonheur la chance et ainsi arriver au même résultat qu'une démarche structurée, programmée et élaborée selon une feuille de route établie en bonne et due forme. L'athlétisme, sport roi par excellence ne saurait se satisfaire d'incompétences. Même si aujourd'hui on essaye de recoller les parties de l'échec, par des nominations à des postes plus de replâtrage que d'études d'un plan de travail. Les stratégies qui opposent les contraires pour détourner l'opinion sur les vrais raison du naufrage, ne collent plus, car l'essentiel est ailleurs. Il est vrai que l'athlétisme est en déclin et pour plusieurs raisons dont une mauvaise gouvernance, une absence de vision des dirigeants, une absence de moyens avec son corolaire de démotivation au niveau des athlètes, des entraîneurs, un ministère sans politique avec des cadres rentiers etc. Mais les gens qui ont bénéficié de bourses à l'étranger pour se préparer, devraient nous dire ce qu'ils ont fait pour réussir de bonnes performances, et leurs coachs pour le développement de cette discipline. Ce n'est pas parce qu'on gère un centre de formation où les programmes sont ficelés au niveau de l'IAAF qu'on doit se montrer plus consciencieux et raisonnable. L'athlétisme a besoin de bonnes ressources capables d'impulser de nouvelles dynamiques à la discipline, et non d'individus qui de par leur position continuent de dénoncer sans rien faire. Tous les amoureux de l'athlétisme ont mal de voir cette discipline dépérir, jusqu'à toucher le fond des abysses. Tout ceux qui sont redevables de cette discipline doivent se serrer les coudes. Car s'il n'y a plus d'athlétisme, les structures de formation n'auront plus leurs raisons d'être subventionnées. On n'a qu'à voir la disette chez les jeunes dont aucune sélection nationale n'a gagné de titre, excepté les formations du scolaire. Les participations aux grands meetings internationaux, quand on y arrive, donne lieu à des humiliations qui à défaut d'être sportives sont liées à une absence flagrante de coordination due à la fédération ou au ministère de tutelle. Le sport doit redevenir une école de vie et d'éthique personnelle La Fédération algérienne d'athlétisme aurait fait l'impasse sur cette édition et misé sur les jeunes en vue des JO de 2016, eu égard aux nombres de valeurs sûres ayant pris leur retraite. Les moyens financiers ne manquaient pas, mais c'est le nombre d'entraîneurs qui avait été réduit et aucun dirigeant n'est présent pour le soutien des athlètes lors des compétions en Algérie, les participants n'arrivant au lieu-dit que peu avant les compétitions, ce qui ne leur permettait pas de se familiariser avec les lieux des épreuves. Finalement, Moscou a concrétisé une déliquescence entamée bien avant… Et il n'y a pas une ligne à ajouter au commentaire écrit ou prononcé au lendemain de Daegu en Corée et des Championnats d'Afrique du Bénin. Depuis la médaille de Londres-2012, même si son effet a été perceptible immédiatement, le sport algérien est confronté à une véritable crise. Faute de financement, de cadres, techniciens, de pistes et salles de sports, de piscines, de stades, et des centres d'entraînements qui ne sont plus entretenus, laissés à l'abandon… quant ils n'ont pas été rachetés pour un autre usage que le sport, tombant entre les mains de spéculateurs immobiliers.
Des clubs sportifs ont disparu. Mal payés, les entraîneurs ont changé de métier ou sont partis à l'étranger. Les conditions pour s'entraîner sont devenues de plus en plus précaires et la motivation fait défaut. La piste d'athlétisme de la base sportive des jeunes où les médaillés d'or des mondiaux ou olympiques se préparait, sont devenues infranchissables, parfois fermées à double tour. Dans son bilan, le ministère de tutelle ou de l'enseignement, ont regretté aussi que nombre d'enseignants remplacent les heures d'éducation physique par des heures de soutien pour les voisins. Un sportif doit apprendre les rudiments de la discipline dès le jeune âge a soutenu son président de la FASU. Il a été rejoint par la championne olympique Hassiba Boulmerka, laquelle redoute la négligence des jeunes talents, des équipes formatrices d'où sont sortis de grands noms de l'athlétisme algérien, estimant aussi que le sport doit redevenir prioritaire à l'école et dans les clubs. L'importance de l'encadrement, son exigence et son exemplarité pour la réussite dans les études et le sport de performance. Le sport doit figurer quotidiennement dans les programmes scolaires. Le sport est et reste une école d'exigence, de perfection et de l'élite de demain ! Y. B.