La lettre de félicitations adressée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à son chef de cabinet, Ahmed Ouyahia, suite à son élection, avec une écrasante majorité, comme secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) lors d'un congrès extraordinaire, ne gène guère le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Ammar Saâdani. Au contraire, il «salue», à son tour, la lettre et présente ses «mille félicitations» à Ouyahia. «Le RND est un parti légal. On félicite celui qui a été élu et nous saluons les félicitations du Président adressées à ce parti. Car, c'est une lettre à tout le peuple algérien», a déclaré le chef du FLN, qui s'exprimait lors d'une rencontre réunissant l'ensemble des mouhafadhs, hier, au siège du parti à Alger. Pourtant, le même Saâdani avait récemment ouvertement accusé M. Ouyahia de «trahison et d'infidélité». Pis, il l'a accusé de mentir au président de la République. Aussi, cette volte-face et ce changement de ton, aussi inédits que surprenants chez celui qui n'a cessé de critiquer tout ceux qui ont tenté de lui faire de l'ombre, de la majorité soient-ils ou de l'opposition, posent-ils un questionnement sur l'ouverture de nouvelles perspectives politiques, un rebattage de cartes, voire une redistribution qui place le RND dans les starting-blocks. Et Saâdani aurait senti le vent tourner, d'où la reconsidération de ses positions. En face d'une soixantaine de mouhafadhs présents dans la salle, le secrétaire général du FLN revient sur le chahut auquel a eu droit Tahar Khaoua, ministre FLN des Relations avec le Parlement, de la part du groupe parlementaire du même parti. Sans le citer, il l'accuse de «manœuvres malsaines» en prévision des prochaines échéances électorales. «Avez-vous constatez des mouvements suspects sur la scène nationale ?», interroge-t-il, avant de répondre : «Ces manœuvres sont en relation avec les principales échéances : 2017 et 2019». «Restez calmes. Prenez des calmants», a lancé Saâdani, à l'adresse de ces «agitateurs». Réitérant son soutien «inconditionnel» et celui de son parti au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, Saâdani n'a toutefois pas omis de décocher des flèches à l'adresse de partisans de la «vacance du pouvoir». «Si nous soutenons le président Bouteflika, nous soutenons le militant et le président de notre parti», affirmera-t-il. «C'est lui (Bouteflika) qui a sauvé l'Algérie sur tous les plans», ajoutera-t-il. «Le poste du Président n'est pas vacant. Il est là, voire comblé», soutient Saâdani. Se vantant d'une majorité dont jouit son parti à l'échelle nationale, Saâdani se prépare d'ores et déjà aux échéances prochaines et instruit ses responsables locaux «d'ouvrir les structures et locaux du parti à toutes les compétences, particulièrement aux jeunes et femmes diplômés». Reconnaissant que dans le passé, des postes, «pots-de-vin et connaissances personnelles», au sein même du parti qu'il dirige aujourd'hui, ont pris le dessus sur le militantisme, Saâdani promet, sous les applaudissements des présents qu'il n'aura «plus jamais de telles pratiques au FLN». «Fini la chkara et les connaissances de flen et flen (tel ou tel, Ndlr)», a-t-il soutenu. Interrogé par ailleurs, sur l'affaire opposant le groupe El Khabar au ministère de la Communication, le chef du FLN refuser de «commenter une affaire commerciale», s'est-il contenté de dire. A. B.