C-Rabah A ceux qui «délivrent» le certificat géographique de partis politiques, le FFS répond par la méthode politique et démocratique. C'est au moment d'une conjoncture incertaine, marquée par des guerres politiquo-médiatiques fratricides, que le parti d'Aït Ahmed réaffirme sa dimension nationale, et nomme un premier responsable, issu de l'est du pays. Refusant l'embrigadement du parti dans la seule région du centre et de la Kabylie - que le temps et le climat délétère à la pratique politique lui ont imposé- le travail de proximité, de terrain, la participation tactique aux dernières législatives, le FFS semble réussir sa mission historique, celle de reconquérir l'Algérie profonde, pour laquelle, il s'est pleinement investi depuis quelques années. Pour un observateur de la scène politique, le Front a désormais de fortes fédérations dans au moins une trentaine de wilayas du pays. Lesquelles, à leurs têtes des militants, capables d'assumer des tâches, longtemps occupées sinon réservées, par circonstances ou force des choses, aux seuls cadres du centre du pays. Certes, la Kabylie restera le cœur palpitant d'une Algérie avide de fédération de ses enfants, mais il était cependant temps d'aller à la reconquête de ces forces démocratiques. Ainsi, le conseil national réunit en session ordinaire ce week-end au siège national du parti, a, sur proposition du présidium (instance dirigeante du parti), plébiscité Abdelmalek Bouchafaâ premier secrétaire national du vieux parti d'opposition. «C'est une décision prise dans l'esprit d'alternance, de collégialité et de rotation des cadres dirigeants du parti», a-t-on expliqué, dans un laconique communiqué. Premier secrétaire fédéral de la puissante fédération de la capitale de l'Est, Constantine, l'enfant prodige de Jijel est compté parmi les fidèles du parti, depuis les années chaudes de «l'ouverture démocratique». A la faveur des dernières élections locales, le désormais chef du FFS a été élu membre à l'Assemblée populaire de wilaya (APW) où il préside la commission «jeunesse et sport». En compagnie de ses camarades de la même structure locale, le parti lui témoigne d'un travail conséquent auprès de la population et de la mobilisation autour des idéaux du parti, dans un contexte des plus hostiles à la pratique partisane et politique. Succédant au désormais ex-premier secrétaire, Mohamed Nebbou, ce dernier, rappelons-le, a eu à gérer le premier parti d'opposition dans des conditions très particulières, marquées d'abord, par les cycles de rencontres et débat en vue de la reconstruction d'un consensus national, ensuite par la disparition du leader charismatique, chef spirituel de l'opposition algérienne, le révolutionnaire Hocine Aït Ahmed. A son tour, le très connu du mouvement associatif constantinois et désormais nouveau patron du FFS aura à emboîter le pas à son prédécesseur dans la continuité du processus de concertation de la classe politique en vue d'asseoir une conférence nationale de consensus mais, il aura aussi à gérer l'échéance électorale prochaine, prévue pour 2017. Dans une quinzaine de jours, le tout nouveau chef du parti réunira son premier conseil national post-Nebbou et proposera, pour approbation, sa nouvelle composante du secrétariat national. Par ailleurs, dans une résolution rendue publique, le conseil national décortique la situation politique du pays et analyse les déballages politico- médiatiques étalés au grand jour. «La situation politique est caractérisée : d'un côté, par l'aggravation de la crise nationale, à la fois systémique, structurelle et multidimensionnelle; de l'autre côté par des campagnes de diversion qui se succèdent à un rythme effréné pour nous empêcher de réfléchir, de comprendre, de nous organiser et donc d'agir. Ces campagnes détournent l'attention de l'opinion publique des défis et des enjeux qui engagent l'avenir de notre pays», indique le communiqué du FFS, soulignant «l'incapacité» du pouvoir à trouver une cohérence et une cohésion interne autour d'un programme politique et économique consensuel. Un pouvoir, ajoute le conseil, «qui continue de gérer d'une façon autoritaire et unilatérale les affaires de l'Etat et tente de gagner du temps pour imposer ses choix et son agenda politique et économique». Une attitude, qui, regrette-t-il, «menace la stabilité nationale et la cohésion sociale tout en exposant notre pays aux menaces extérieures». Cette situation déjà alarmante s'est aggravée avec la chute des prix du pétrole, rappelle-t-il. «Le pouvoir croyait compenser sa faiblesse politique, démocratique et institutionnelle par la redistribution de la rente pétrolière qu'il répartit entre ses clans et clientèles», analyse le conseil qui rétorque: «C'est une thérapeutique qui soulage, mais qui ne guérit pas.» Se démarquant de toute ou alternance clanique, le FFS réaffirme, encore une fois, sa volonté de réaliser un «consensus national le plus large possible pour la concrétisation d'une deuxième République fondée sur l'Etat de droit, la souveraineté nationale et populaire, la démocratie et la justice sociale». A. B.