«Avec quelle production devrons-nous affronter la concurrence étrangère ?» C'est la question que se posent les experts et les opérateurs économiques depuis l'ouverture du marché national au commerce extérieur. Une ouverture qui ne fait que s'élargir après l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange. Depuis 2005, l'Algérie a conclu deux accords de libre-échange avec les pays arabes à travers la ZALE et avec l'Union européenne à travers l'accord d'association alors que d'autres accords sont prévus avec d'autres ensembles régionaux notamment le Marché commun des Etats d'Afrique australe et orientale (COMESA) et le Marché commun de l'Amérique du Sud (Mercosur). Certes, il est attendu de ces accords l'accès des produits algériens à l'étranger mais on assistera beaucoup plus à l'envahissement du marché par des produits provenant de ces pays. C'est d'ailleurs le cas actuellement. Car la production nationale est loin d'être concurrente faute de stratégie industrielle. Une stratégie qui doit réunir les conditions nécessaires pour le relèvement de la productivité et de la compétitivité dans le contexte de mondialisation et d'ouverture du marché sur l'extérieur. Or, cette stratégie se fait désirer. Les nombreuses démarches adoptées par le gouvernement ont été sans résultats alors que l'économie nationale a besoin d'une protection solide contre l'arrivée des produits industriels étrangers sur le marché national. Des produits qui ont réussi à s'écouler sur le marché même si leur qualité reste douteuse dans la majorité des cas. Produits électroniques, électroménagers, textiles et autres, dans la majorité des cas contrefaits, ne cessent de pénétrer le marché loin de tout contrôle, engendrant ainsi une concurrence déloyale et une chute de la production nationale déjà mise à rude épreuve par l'absence de la stratégie industrielle. Car, en dehors de l'industrie pétrolière, les autres filières sont à l'abandon. L'Algérie se doit donc de développer les secteurs où les potentialités existent pour affronter la concurrence mondiale. Les filières sont définies dans la stratégie proposée par Temmar en février 2007. Elles sont liées à la pétrochimie, l'agroalimentaire, les matériaux de construction, les industries électroniques, pharmaceutiques, et mécaniques, l'industrie automobile et les technologies de l'information et de la communication. Mais la définition des filières à promouvoir n'est pas accompagnée de mesures et de politiques d'appui à l'innovation tel qu'il été annoncé par le département de Abdelhamid Temmar. On a parlé à titre illustratif de la création d'une capacité d'intelligence économique. Mais c'est toujours le décalage entre les discours politiques et la réalité du terrain. Et dire que le président de la République n'a cessé de relever la nécessité de valoriser les potentialités du pays. Il l'a d'ailleurs fait, pour rappel, lors de la séance d'audition consacrée au ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement en septembre dernier. Il avait recommandé de «valoriser les potentialités dont dispose le pays : la présence historique d'un secteur public dans les branches à haute intensité capitalistique et le potentiel pour faire émerger un secteur privé dont il faut attendre qu'il assure les conditions d'une croissance entretenue de notre économie». «Le volontarisme de l'Etat est nécessaire et devra être clairement affiché dans cette étape, où il s'agit pour nous de reconstituer et de développer nos capacités industrielles et technologiques pour aller vers la diversification de l'économie et l'intégration positive au marché international», avait insisté le Président. Combien de temps devrait-on attendre pour voir l'application des recommandations sur le terrain ?