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L'Algérie pourra-t-elle supporter une ouverture supplémentaire ? Après la confirmation de l'adhésion de notre pays à la zone arabe de libre-échange (ZALE)
L'Algérie confirme son adhésion à la zone arabe de libre-échange (ZALE) et ce, conformément aux instructions du président de la République. L'adhésion de l'Algérie à cette zone permet-elle ouvrir de nouvelles opportunités pour l'économie nationale, ou bien celle-ci constituera-t-elle une pression supplémentaire pour notre outil de production ? Dans ce contexte, des industriels et des responsables locaux du commerce extérieur ont tenu à alerter l'opinion publique sur les risques qu'encoure l'économie nationale dès l'entrée en vigueur de cet accord. S'exprimant, lundi soir, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le directeur de l'évaluation et de la réglementation du commerce extérieur au ministère du Commerce, Saïd Djellab, Slim Othmani, président directeur général de la Nouvelle conserverie algérienne (NCA Rouiba), le vice-président de l'association nationale des exportateurs algériens, Ali Bey Nasri, le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Reda Hamiani ainsi que le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), Brahim Bendjaber, ont tous exprimé leur position et leurs réactions vis-à-vis de l'adhésion de l'Algérie à cet accord. Afin de situer cet accord, Saïd Djellab a préféré utiliser la langue des chiffres, tout en indiquant que dans le contenu de ce dernier, l'Algérie devrait procéder à l'ouverture de 2,7% de son commerce extérieur. Les importations algériennes auprès des pays arabes s'évaluent à 895 000 millions de dollar, soit 3.2 % du volume global, tandis que les exportations s'évaluent à 1,5 million de dollars soit 2,7%. M. Djellab a tenu à préciser que "le démantèlement progressif des droits de douane a été fait entre 1997 et 2005. Si l'Algérie adhère, elle serait dans l'obligation de ramener les tarifs douaniers à 0% dès son entrée, pour tous les produits agricoles ou industriels". Comme l'Algérie a confirmé son adhésion, "on doit être en position offensive, dans le sens d'accompagner les opérateurs pour faciliter les débouchés extérieurs car un accord de libre-échange est un instrument de promotion des exportations et ce, tout en les protégeant des menaces de la concurrence déloyale", a-t-il ajouté. Slim Othmani, quant à lui, a préféré expliquer son refus concernant l'adhésion algérienne à cette zone, tout en soulignant qu'en tant que producteur, il paye les droits de douane qui sont entre 15 et 30 % sur les intrants de production, la fiscalité, la parafiscalité, des charges patronales extrêmement élevées, et bien d'autres taxes sur la structure des coût de production. "Cependant, en face de moi, il y aura des concurrents qui n'ont pas subi tout ce fardeau fiscal. Je ne pourrai pas techniquement concurrencer, à partir du 2 janvier, un produit émanant du Moyen-Orient. Cela me serait strictement impossible", a-t-il signalé. Et d'ajouter, tout en se montrant menaçant, "attendez-vous, qu'en 2009, nous fermerons toute notre activité en Algérie". Selon, Ali Bey Nasri et dans le même ordre d'idées, certain pays du Golf, sont totalement défiscalisés. Abordant un autre volet, M. Nasri, a indiqué qu'"en matière du dispositif du commerce extérieur tous les pays se protègent. Il n y a pas de symétrie entre les pays. Seule l'Algérie est ouverte totalement. Nous ne sommes pas sur le même pied d'égalité", a-t-il indiqué. Quant à la position du Forum des chefs d'entreprise, Reda Hamiani, a d'emblée tenu à exprimer le grand mécontentement et la stupéfaction du milieu industriel qu'il représente. Le président du FCE n'a pas nié que les Arabes sont les premiers investisseurs en Algérie à l'heure actuelle. "Mais dans la forme et dans le fond, je ne rejoins pas du tout l'optimisme du ministre du Commerce. Nous n'avons ni été associés, ni été consultés, nous n'avons reçu aucun document. De ce fait, on ne connaît pas la nature de cet accord, ni les mécanismes qui vont le régir, ni les procédures de son application, ni non plus les mesures de protection et de sauvegarde", a-t-il dit, tout en ajoutant que "l'économie algérienne n'est pas en mesure de supporter encore une ouverture supplémentaire. Ce qu'on aurait souhaité, c'est qu'on fasse une évaluation de l'accord avec l'Union européenne et à la faveur de celle-ci on pourrait juger dès lors si l'industrie de notre pays est encore en mesure de perdre des parts du marché". Selon lui, avant la finalisation de cet accord, la stratégie industrielle devrait être efficace et la mise à niveau prendra effet pour donner un autre jalon à l'industrie. Pour Brahim Bendjaber, le problème se situe autour de l'inégalité des chances. "Ces inégalités sont sous forme de charges fiscales et parafiscales élevées ainsi que les droits de douane que paient les industriels algériens. Au niveau fiscal, nous payons 19%. Cette charge est relativement basse par rapport aux pays du Maghreb et qui est relativement élevée par rapport aux pays du Moyen-Orient, tandis qu'elle est inexistante dans les pays du Golfe".