Les prix du pétrole perdaient un peu de terrain hier en cours d'échanges européens, dans un marché caractérisé par la prudence avant les derniers chiffres sur les stocks américains de brut aujourd'hui et à l'approche de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) le 2 juin. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait ce matin 48,10 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 25 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance lâchait 20 cents à 47,88 dollars. Les cours du Brent et du WTI, qui avaient été soutenus la semaine dernière par des interruptions prolongées de production, notamment au Canada et au Nigeria, accusaient quelque peu le coup alors que la situation semblait se normaliser dans ces deux pays. Avant qu'il ne commence à marquer le pas en fin de semaine dernière, le marché profitait en effet depuis le début du mois d'une conjonction de perturbations sur des sites pétroliers, que ce soit des sabotages et mouvements sociaux au Nigeria, les incendies dévastateurs dans la province canadienne de l'Alberta ou encore la fermeture d'un terminal portuaire en Libye. Or, sur le premier plan, les syndicats nigérians ont mis fin à leur grève, tandis que sur le second, plusieurs installations ont pu rouvrir dans l'Alberta, à la suite d'une météo plus fraîche et humide, et qu'enfin le port oriental d'Hariga, près de la frontière égyptienne, a pu rouvrir en Libye. Ainsi, malgré l'apparent resserrement des fondamentaux sous-jacents (de l'offre et de la demande) du pétrole, il y a encore clairement des éléments de doute quant à savoir si l'actuelle tendance haussière des prix du pétrole a l'assise suffisante pour pousser davantage le Brent et le WTI en territoire positif, estiment les analystes. La preuve de cette incertitude a été fournie par l'incapacité des cours à franchir le seuil symbolique des 50 dollars, soulignent-ils. Selon eux, les investisseurs réalisent que le principal facteur soutenant dernièrement les prix - à savoir les interruptions de production - serait de courte durée, ces perturbations imprévues allant nécessairement se régulariser dans les prochains mois. Par ailleurs, les producteurs américains de pétrole de schiste se rapprochent de leur seuil de rentabilité, ce qui pourrait faire repartir la production en nette hausse. Le pétrole continuait en outre de pâtir de l'appréciation du dollar, le billet vert profitant toujours d'un regain des spéculations sur une nouvelle hausse prochaine des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed), ainsi que des craintes croissantes des investisseurs de voir l'Opep opter de nouveau pour le statu quo la semaine prochaine à Vienne. Les spécialistes du marché pétrolier estiment que les prix du brut ne devraient pas connaître de grandes fluctuations, mais continuer de se stabiliser aux niveaux de la semaine dernière, attendant les dernières statistiques sur les stocks américains de brut pour se prononcer. Ces données, qui seront publiées aujourd'hui, pourraient en effet bien être le catalyseur attendu par le marché. Le marché aura une idée plus précise de ces chiffres dès hier, après la clôture des échanges, avec les estimations de la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API), avant les statistiques officielles du département américain de l'Energie (DoE) mercredi.