Force est de constater que la frénésie d'achat habituelle accompagnant le mois de Ramadhan s'est encore emparée cette année des ménages. Un tour dans les marchés ou les points de ventes de produits frais et autres produits de large consommation suffirait pour voir les longues files d'attentes qui s'y constituent. Ils sont pris d'assaut au quotidien par les ménages. Et même si ce niveau d'achats et de dépenses est occasionnel, il n'en est pas moins irrationnel, dans la mesure où le pouvoir d'achat d'un grand nombre de famille est en nette régression ces dernières années. Force est de croire qu'en ces jours de Ramadhan une frénésie de l'achat s'est emparée des ménages. Ils ont d'ailleurs commencé par leur rituel achat spécifique du mois de Ramadhan, c'est-à-dire ils se sont rabattus sur la vaisselle. C'est d'ailleurs ce que nous avons observé une semaine avant l'entame du mois sacré dans les grandes surfaces de la capitale, des centres commerciaux, dans les marchés de proximité et autres espaces de ventes informels, les points de ventes n'ont pas désempli. «Ces derniers jours nous vendons beaucoup plus les batteries de casseroles, les batteries à poêle, les plateaux à gratin, les services à eau et à café», nous ont expliqué des vendeurs installés dans les marchés de Boumati, Kouba, Belcourt, Meissonnier et dans la Basse Casbah. Ces derniers ont reconnu unanimement que ces derniers jours leur chiffre d'affaire a augmenté sensiblement. C'est aussi le même scénario du côté des vendeurs d'épices. «C'est toute la panoplie d'épices qui nous est demandé et de plus la quantité est à la hausse», nous ont affirmé ces derniers. Nos interlocuteurs nous ont aussi précisé que ces jours-ci, ils vendaient de tout «c'est-à-dire de l'épice la plus usité dans les plats à celle la plus spécifique à telle ou telle recette». Sur le même registre de meilleures ventes la veille de Ramadhan, on retrouve aussi les produits de consommation. Le classement des plus prisés, on trouve en premier les fruits secs notamment les pruneaux suivis des raisins vient en suite la semoule puis la farine, sucre, café et margarine non sans oublier le couscous conditionné. Ce que d'ailleurs nous ont confirmé des patrons d'alimentation générale que nous avons pu interpeller sur la question. «Nous enregistrons ces jours-ci une forte demande sur les produits de consommation qui entrent dans les préparatifs du mois de Ramadhan», nous ont-ils confirmé. Cela dit, il est clair que la plupart des ménages ont dû pour se préparer au mois de Ramadhan puiser dans leur maigre épargne, enfin ceux qui ont pu réussir à économiser quelques dinars en prévisions du mois sacré, quand aux autres et c'est la majorité, ils ont dû puiser largement dans leur budget de consommation mensuel. C'est toujours le même scénario à deux semaines du mois de Ramadhan. En clair, les ménages ont continué sans limite de s'approvisionner en viande et légumes sans omettre de citer les inévitables gâteaux très prisés pendant le mois de Ramadhan. Une frénésie de l'achat accentuée ces derniers jours. Elle a pour cause cette fois-ci, l'approche de l'Aïd, synonyme des inévitables achats de vêtements et chaussures neufs sans oublier la préparation des gâteaux. Un surplus d'achat qui va sans aucun doute grever davantage le pouvoir d'achat des ménages. Une dure réalité à laquelle font face les pères de famille. Ceux là même et aussi un grand nombre de consommateurs, faut-il rappeler, ont vu leur pouvoir d'achat sensiblement diminué au cours de ces cinq dernières années, bien que le SNMG ait été revalorisé et que les pouvoirs publics ont continué de soutenir les produits de première nécessité (pain, lait, sucre et huile), et procédé à des revalorisations salariales substantielles (avec effet rétroactif) pendant l'hiver 2012. Et même si, selon le FMI, le PIB par habitant est passé de 1 630 dollars en 1999 à 5 700 dollars en 2015, il faut admettre que le pouvoir d'achat des Algériens s'est érodé. Et pour preuve près de 60% de la population, selon l'Office national des statistiques (ONS) perçoit moins de 30 000 dinars par mois et consacre plus de 80% de ce modeste revenu aux besoins de première nécessité. Ecart exorbitant entre le coût de la vie et les salaires Autre donne et non des moindres mis en exergue par une étude qui a en effet dévoilé que le salaire moyen en Algérie est estimé actuellement à 32 000 DA et qu'une famille composée de cinq membres dépense en moyenne près de 60 000 DA. Ce qui démontre l'écart important entre le coût de la vie et les salaires moyens des Algériens. Pis encore «l'écart devient exorbitant lorsque on prend en compte les dépenses occasionnelles comme celles qu'enregistrent les ménages à la veille et les premiers jours du mois sacré», affirment des experts nationaux qui se sont penchés sur la problématique de la cherté de la vie. Pour l'heure et devant des achats opérés par les ménages la veille du mois de Ramadhan, les emplettes considérées par beaucoup de ces derniers comme inévitables sont faites au prix d'énormes sacrifices. C'est-à-dire emprunter de l'argent ou plus dure encore faire un saut chez la banque de prêt contre dépôt de bijou. «Une douloureuse solution mais qui vaut la peine si l'on veut passer un bon mois de carême», nous ont souligné des mères de famille que nous avons pu apostropher lors de nos passages dans différentes grandes surfaces commerciales de la capitale». D'autres par contre plus catégoriques nous ont rapporté ce constat : «Le ramadhan est devenu synonyme de dépenses folles au point où de nombreuses familles s'endettent et ne mesurent pas le poids qu'une fois le Ramadhan passé puisque plus d'une devront ce résoudre à serrer un peu plus la ceinture pour espérer retrouver un semblant équilibre dans leur budget mensuel». Chose qui à première vue est facile à dire mais difficile à exécuter. C'est pour dire enfin que de nombreux ménages vont devoir revoir à la baisse le budget qu'ils vont consacrer à leurs vacances pour ne pas opter à la décision extrême d'oublier toute idée de vacances. Z. A.