Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur A la veille de la rentrée sociale qui, pour cette année, s'annonce avec deux événements, l'Aïd et la rentrée scolaire, le moins qu'on puisse dire est qu'ils sont la cause de grandes dépenses, incontournables qui plus est, la question du budget est sans doute la seule à occuper les débats au sein des familles. Malgré les impératifs de la rentrée scolaire qui grève particulièrement la bourse des ménages, les frais durant le mois sacré restent incontournables. La consommation connaît un pic, et bien que les gens aient tenté de se limiter pour préserver le budget, ils ont eu du mal à mettre de l'argent de côté. Le Ramadhan, mois de piété et de recueillement, est devenu synonyme de grosses dépenses. Aujourd'hui, aux frais qu'induira l'Aïd avec ses gâteaux et les effets vestimentaires pour les enfants s'ajoute la facture scolaire. L'activité commerciale devient d'ailleurs très florissante durant les deux semaines qui précèdent ces deux jours, de fête pour les uns, de déprime pour les autres.En effet, la demande en habillement pour enfants connaît un véritable boom, et les pères de famille sont obligés de consentir des sacrifices pour, d'une part, maintenir les traditions de la fête religieuse de l'Aïd et, d'autre part, faire plaisir à leurs enfants qui, loin de tous ces soucis d'équilibre budgétaire et de dépenses, attendent d'avoir leurs chaussures, chemises et pantalons neufs, et il leur sera difficile de comprendre qu'on ne les leur achète pas.Comme nous l'avons souligné précédemment, pour cette année, la dépense double, car les achats concerneront également les fournitures scolaires. Si la coïncidence de l'Aïd avec la rentrée scolaire permet aux ménages de faire l'économie d'une deuxième tenue vestimentaire, elle les oblige cependant à adjoindre au budget du mois les factures d'achat des tabliers, cartables, livres et autres fournitures scolaires. Ainsi, le même budget devra couvrir des dépenses qui habituellement sont dispatchées sur au moins deux mois. Mois de Ramadhan, Aïd et rentrée scolaire pris en charge par le même budget !? Impossible, inimaginable, incroyable et inconcevable si le ménage a moins de 100 000 dinars de rentrée d'argent mensuelle. Il est donc plus que plausible qu'aucune famille ne peut vivre dignement avec un SNMG, pas même deux. Quant aux ménages dont les parents travaillent tous les deux et gagnent relativement bien leur vie, ils sont obligés de naviguer à vue et de faire toute une gymnastique pour joindre les deux bouts. Si, pour les commerçants, c'est une aubaine et qu'ils se réjouissent de l'occasion qui leur permet d'engranger plus de bénéfices, pour les familles, célébrer trois événements différents à peu près à la même époque, c'est une catastrophe sur le plan financier. Selon des fonctionnaires, c'est des frais sur toute la ligne et certains ont déjà contracté des crédits chez les commerçants du quartier afin de garder un peu d'argent pour les achats qu'ils ne pourraient payer à tempérament. Là, il faudra battre campagne pour trouver le produit à un prix abordable. Et la bonne adresse pour faire de bonnes affaires, c'est le marché informel et/ou la friperie.Une tournée à Tlemcen permet de constater que le commerce informel s'est étendu à tous les coins et recoins de la ville. Les étals sont dressés au niveau des grandes avenues, des quartiers périphériques et des ruelles. Quand la consommation et la demande atteignent des pics, l'activité commerciale informelle suit. Et là, elle a atteint des proportions alarmantes. Nul ne peut imaginer l'ampleur de cette économie employant des milliers de personnes et générant des milliards de dinars qui échappent au fisc. Une multitude de vendeurs à la sauvette présentent toute une gamme de marchandises, notamment les effets vestimentaires et fournitures scolaires sur toutes les places et les trottoirs des rues commerçantes de la ville. Ces endroits, a-t-on constaté, grouillent de monde à la recherche des «occasions». A vrai dire, on assiste chaque année à une frénésie d'achats durant les quatre derniers jours du Ramadhan. Les magasins de prêt-à-porter enregistrent une grande affluence. Les friperies également exposant des lots de vêtements à des prix-chocs, attirant de ce fait de nombreux citoyens qui ne peuvent se permettre du neuf. La frénésie d'achats à la veille de l'Aïd ne concerne pas uniquement les habits, mais aussi toutes sortes d'ingrédients nécessaires à la confection de gâteaux et de friandises. Tradition oblige. A Tlemcen, les marchés informels attirent une foule de curieux et de parents à l'affût d'un effet vestimentaire accessible à leur bourse. Certes, le luxe ici est à écarter. Seul le prix compte. On s'accommode même d'un vêtement usagé. Pourvu qu'il présente bien. La friperie est très sollicitée. Les enfants ne faisant pas la différence entre neuf et usagé, on peut donc bien les habiller à moindres frais.Ainsi, pour faire face aux dépenses qu'occasionnent l'Aïd et la rentrée scolaire, les familles sont obligées de trouver mille et une astuces et subterfuges, surtout les familles nombreuses. Comment fait un père de cinq enfants scolarisés qui touche le SNMG et dont la femme ne travaille pas ?Une virée à travers les marchés et magasins montre à quel point l'inquiétude est présente chez les ménages. Devant les grandes surfaces et les vitrines, les regards sont partagés entre les rayons des fournitures scolaires et les boutiques d'habillement. Certains dépensent avec modération, alors que d'autres cherchent toujours des occasions. Le commerce de la friperie demeure pratiquement la destination des petits salaires. Ce commerce est prospère ces derniers temps. Au niveau des marchés, on découvre des vêtements usagés importés à prix relativement bas, en comparaison des prix pratiqués par les boutiques qui vendent du neuf. Quant aux commerces informels, ils proposent des vêtements importés frauduleusement du Maroc et venant de différents pays. Sur les lieux, on peut trouver toutes les marques de chaussures de sport, de parfums, de vêtements pour hommes, femmes et enfants. Il faut cependant relever que la plupart des produits proposés sont des contrefaçons.A la veille de l'Aïd, une ambiance particulière règne déjà dans la ville. C'est les premiers signes de la fin du mois de Ramadhan avec ses dépenses et l'arrivée de l'Aïd et de la rentrée avec aussi leurs dépenses. Et ce n'est pas fini. Dans deux mois, le citoyen aura rendez-vous avec une autre grosse dépense, celle de la fête du sacrifice.