Même en intersession, les journées d'études parlementaires se poursuivent au niveau de la chambre basse du Parlement. Ce qui n'est pas de trop, tant les sujets abordés sont d'une actualité brûlante. C'est le cas de la crise économique mondiale qui a fait l'objet d'une communication, très pédagogique au demeurant, de l'expert en finance internationale, Abdel Attou. Lequel, dans un discours, très simple et vulgarisé, a expliqué les tenants et aboutissants de cette crise et l'échec cuisant de la globalisation. Globalisation qui, a-t-il estimé, a montré toutes ses limites de par les inégalités et déséquilibres qu'elle a engendrés.Il reviendra sur la création des institutions de Bretton Woods, que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, par les Etats-Unis, dans le but d'imposer leur domination et conquérir l'économie mondiale. A travers, bien entendu, la globalisation du commerce. Sur la crise, il expliquera qu'elle est exclusivement celle des crédits hypothécaires qui génèrent d'immenses profits. «Les conditions d'octroi de crédits sont extrêmement souples aux Etats-Unis. Cependant, ce que les banques prêteuses n'ont pas dit aux débiteurs, c'est que les taux d'intérêts étaient variables et que le montant des échéances augmentait d'année en année.» Une situation, selon M. Attou, qui a eu pour conséquence la cessation de paiement par les ménages. Le conférencier indiquera que l'argent prêté par les banques était puisé sur le marché financier international, c'est-à-dire dans les fonds souverains, les banques européennes et les placements. «En un mot, les maisons américaines sont payées par des fonds étrangers, et peut-être même par des fonds algériens.» L'hôte de l'APN a affirmé que les pouvoirs publics, censés réguler le marché à travers les inspections, n'ont rien vu venir en ce sens que la SEC (autorité de régulation des marchés financiers) a laissé faire de manière naïve, faisant entièrement confiance aux banques. Ce n'est pas tout, les lobbying n'ont pas cru utile d'intervenir parce que le système tel qu'il était conçu jouait en leur faveur. «Il ne faut pas oublier que 30% des membres du Sénat américain sont des banquiers. Par conséquent, à travers ce système, ils protégeaient leurs intérêts.» Tout cela a donc engendré un effondrement des établissements financiers et le taux d'endettement des Américains a atteint 350% du produit national brut. Ainsi, pas moins de 10 000 saisies de maisons sont opérées mensuellement. Dès lors, il va sans dire qu'une crise sociale sans précédent est en train de s'installer aux Etats-Unis. Quelle serait donc la solution ? «Personne ne le sait», lancera M. Attout, qui précisera que la baisse des taux d'intérêt n'a pas réglé le problème et n'a pas non plus réussi à redémarrer l'économie et ricochet la consommation. La Banque centrale a décidé de reprendre les choses en main en ne permettant plus aux banques primaires d'accorder les crédits. C'est elle qui le fera désormais. Ce qui est une tâche complexe. Le cas échéant, elle devra recourir à la planche à billets et ce sera le dollar qui en prendra un coup puisqu'il sera inévitablement dévalué. Abordant par la suite le possible impact de cette crise sur notre pays, le Pr Attou dira à l'assistance qu'il ne faudra pas se faire d'illusions. L'Algérie en sera affectée tôt ou tard. Car, même si nos banques sont en surliquidités, elles finiront par connaître l'assèchement qui sévit déjà au niveau mondial. Il n'exclura pas non plus qu'une partie des réserves de change de l'Algérie, placée en bons de Trésor, puisse connaître une perte. Un coup de massue, s'il en est, qui vient conforter les appréhensions des économistes et autres politiques algériens qui n'ont eu de cesse d'exiger le rapatriement de l'argent. D'autre part, M. Attou dira que l'Algérie a eu raison de ne pas recouriraux fonds souverains. Elle a s'est ainsi prémuni de leur perte de manière définitive. F. A.