Austérité économique imposée par la chute du prix du baril de pétrole et restrictions budgétaires conséquentes obligent ne pouvaient que contraindre, au même titre que ses homologues des autres wilayas du pays, la direction de la culture de Constantine à prospecter des pistes de financement des ses activités autres que celles officielles et plus compliqué encore à trouver les sources pour ce faire. C'est quoi qu'il en soit les orientations du ministère concerné. En effet, il y a quelques semaines Azzedine Mihoubi insistait «sur l'importance de prospecter les opportunités d'investissement dans le domaine culturel afin de faire de la culture une ressource financière et économique, et édifier “un système culturel national”». Néanmoins, si désormais cette obligation n'a plus besoin d'être argumentée, il n'en demeure pas moins que pour la wilaya qui a accueilli durant une année un évènement culturel international de grande envergure, «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» (CCCA-2015) en l'occurrence, la situation est nettement plus complexe, en ce sens qu'elle n'a droit à aucune explication qui, toujours au même titre que ses 47 pairs, lui feraient bénéficier de circonstances atténuantes au cas où l'imagination de ses responsables ne serait pas au rendez-vous sinon que ces mêmes sources de financement, compte tenu de la désaffection générale de potentiels bailleurs de fonds, jugeraient plus judicieux de voir ailleurs et donc d'investisseurs dans des projets évidemment mieux porteurs et à même d'assurer un retour sur l'investissement. En moins ésotérique, l'année arabe de la culture arabe «offerte» à la ville des Arts, des sciences et du savoir a été plus une sorte de cadeau empoisonné que les marques d'intérêt, slogans politiques et tapage publicitaire faisant de la cité 25 fois millénaire un choix historico-culturel... historique. En effet, l'évènement aidant la ville a, de fait, bénéficié d'énormes crédits destinés au fonctionnement de la manifestation mais dont il faudra retenir encore plus ceux (crédits) consentis au titre de la réalisation de nouveaux espaces culturels, voire également sociaux et socio-économiques en plus de la restauration, réhabilitation, extension de ceux déjà existants. A partir de cette réalité, à La Tribune, nous nous sommes déjà posé la question relative à l'exploitation a posteriori de toute cette nouvelle architecture socioculturelle et cela à quelques jours seulement de l'ouverture de l'évènement. La raison d'un scepticisme qui donnait une impression de mauvais aloi était malheureusement dictée par un doute, celui de l'incapacité des pouvoirs publics locaux et plus particulièrement ceux de qui relève l'acte culturel de, non seulement, relever le défi mais surtout d'en assurer une pérennité. Ceci pour la simple raison qu'en temps normal, autrement dit dans la vie active de tous les jours, la direction de la culture avait d'énormes difficultés à assurer une activité en ce sens réelle, palpable et qui, surtout, sortirait de la routine et pis du bricolage, l'improvisation et l'indigence. Bien entendu, après le tumulte de l'année arabe de la culture, celle-ci a bénéficié d'une sorte de repos du guerrier, une période de grâce rapidement relayée par le mois de Ramadhan où par phénomène d'illusion générale émerge une impression de surmenage et activité fébrile laquelle, forcément, ne dure pas une éternité. Et c'est à l'issue de ce sursis temporel qu'il faudrait se résoudre et surtout trouver un exutoire pour que la saison estivale, même si dans sa majorité, la population la consacre aux vacances et aux avantages d'activités autrement conviviales, attractives. Or, il semble pour le moins relever du fabuleux exploit pour que les responsables de la culture à l'échelle locale parviennent à donner autre que le minimum syndical en ce sens. La preuve en est fournie à chaque fois qu'un spectacle est organisé dans les espaces relookés et pour certains nouveaux à l'image du «fameux» Zénith, quoi que ce paquebot architectural relève d'un autre organisme de gestion, que ne comblent que quelques dizaines de spectateurs là où ils devraient être des centaines. Disposer de salles de spectacles de 400, 600, voire 3 000 places et ne pas être en mesure de les remplir est l'échec flagrant auquel va faire face le secteur de la culture et deux fois plus qu'une avec l'idée de mettre fin à une forme de populisme, austérité économique oblige et règles de la commercialité enfin légitimées, consistant à ouvrir gracieusement au public les portes des antres évoqués. Certes, la ville de Constantine dispose aujourd'hui de moyens d'accueil à même de garantir à n'importe quelle délégation artistique un séjour digne de l'envergure de chacun qu'il s'agisse de star internationale, régionale, nationale ou locale mais c'est sans doute d'un public, et pour cause toujours ce problème d'austérité lequel d'ailleurs risque d'installer une attitude susceptible de modifier à moyen terme ses habitudes (public) jusqu'à l'éloigner définitivement d'espaces qu'il y a quelques années il hantait sans désemparer. A. L.