La Banque centrale européenne (BCE) devra augmenter ses achats mensuels d'obligations souveraines si elle décide de prolonger le programme actuel au-delà de mars 2017, afin d'éviter que l'arrivée à échéance des titres qu'elle détient ne réduise son soutien au crédit et à la croissance. La Banque centrale européenne (BCE) devra augmenter ses achats mensuels d'obligations souveraines si elle décide de prolonger le programme actuel au-delà de mars 2017, afin d'éviter que l'arrivée à échéance des titres qu'elle détient ne réduise son soutien au crédit et à la croissance. JP Morgan estime à 320 milliards d'euros l'encours global des obligations qui arriveront à maturité entre 2017 et 2019 et devront être réinvesties si la BCE veut tenir ses engagements. Ces achats supplémentaires pourraient accentuer les problèmes de liquidité déjà à l'origine de fluctuations inattendue des cours sur le marché obligataire. De plus, la BCE pourrait avoir du mal à trouver suffisamment de papier répondant à ses critères d'achat, notamment dans des pays comme l'Irlande et le Portugal. La majeure partie des titres concernés sont des emprunts d'Etat que la BCE a commencé à acheter en mars 2015 dans le cadre de son programme dit d'assouplissement quantitatif («quantitative easing», QE). Ces achats étaient initialement prévus jusqu'en mars 2017 mais aujourd'hui, de plus en plus d'observateurs s'attendent à ce qu'ils soient prolongés, peut-être dès la réunion de politique monétaire du 8 septembre, faute d'une remontée suffisante de l'inflation dans la zone euro. Une porte-parole de la BCE a déclaré que tout remboursement du principal d'une obligation rachetée viendrait s'ajouter aux 80 milliards d'euros d'achats mensuels déjà en vigueur. Ces réinvestissements permettraient à la Banque centrale de maintenir le rythme de l'augmentation de son bilan, une approche qu'avait adoptée la Réserve fédérale en 2010 en annonçant un deuxième plan de QE. Ne pas s'engager sur cette voie serait laisser entendre que la BCE est disposée à réduire l'utilisation de la planche à billets, au risque de prendre les marchés à contre-pied. «Cela serait certainement un problème car ce serait le premier signe d'une diminution du soutien», dit David Schnautz, responsable de stratégie d'investissement de Commerzbank. Mi-2013, lorsque la Fed avait annoncé un ralentissement de son propre programme de QE, les cours des obligations et des actions avaient chuté, malgré l'amélioration de la conjoncture économique qui avait motivé le choix de la Banque centrale. Dans la zone euro, cette amélioration est encore loin, l'inflation restant très inférieure au niveau d'un peu moins de 2% que vise la BCE et le vote des Britanniques pour la sortie de l'Union européenne pesant sur les perspectives de croissance. Selon les estimations de JPMorgan, l'arrivée progressive à échéance des titres achetés depuis mars 2015 obligerait la BCE à réinvestir 19 milliards d'euros en 2017, 103 milliards en 2018 et 197 milliards en 2019. «L'ampleur de l'impact du programme sur le marché devient problématique si on ajoute les réinvestissements aux achats mensuels», souligne Gianluca Salford, responsable de la stratégie de taux européens de la banque américaine. La BCE pourrait donc devoir réexaminer les règles du QE qu'elle a elle-même définies. Des sources proches de l'institution ont déclaré à Reuters ces derniers mois que, pour élargir la gamme d'actifs éligibles à ses achats, la Banque centrale pourrait d'abord envisager de relever la part d'une émission obligataire qu'elle est autorisée à acheter, puis amender les règles définissant les actifs qu'elle peut acquérir. L'abandon de la clé de répartition du capital - qui répartit ses achats par pays de la zone euro en fonction de la participation de chacun d'eux au capital de la BCE - serait plus délicat car il aurait des implications politiques et juridiques, ont ajouté les sources. latribune.fr