La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé jeudi à -0,3% son taux de dépôt au jour le jour, dans ses efforts pour stimuler l'activité économique et relancer la faible inflation en zone euro. En conférence de presse, le président de l'institution Mario Draghi a indiqué que le programme de rachats massifs de dette sera maintenu au moins jusqu'à fin mars 2017. La palette de titres pouvant être rachetés sera également élargie. Les places financières ne semblaient pas conquises par ces annonces et viraient au rouge. Ce programme dit d'assouplissement quantitatif comprendra la dépense a minima de 1 500 milliards d'euros dans l'économie. Jusqu'ici les achats, de 60 milliards d'euros par mois, devaient durer jusqu'à septembre 2016, pour un volume minimum cumulé de 1 140 milliards d'euros. Inciter les banques à prêter L'abaissement du taux de dépôt, qui s'applique aux banques stockant des liquidités en excès pour 24 heures auprès de la banque centrale, représente une pénalité infligée aux établissements qui stockent de l'argent. Il leur en coûtera 30 centimes pour 100 euros déposés. La BCE espère inciter les établissements de crédit à prêter davantage aux ménages et aux particuliers, afin de dynamiser la consommation et l'investissement en Europe. Le taux central, baromètre du crédit en zone euro, reste inchangé à 0,05%, et le taux de prêt marginal, auquel les banques empruntent pour 24 heures aux guichets de la BCE, stationne à 0,3%. Le secteur financier tablait sur un abaissement plus important du taux de dépôt, de 14,5 points de base en moyenne, rappelle IG Bank dans un commentaire. Les observateurs tablaient en sus sur une extension du montant mensuel alloué au programme de rachat d'actifs, à 70 milliards d'euros par mois, souligne Andreas Ruhlmann pour expliquer l'accès de pessimisme des principales places financières. Les mesures ne sont pas insignifiantes pour autant et devraient soutenir les marchés-actions dans la durée, relativise l'analyste. Concernant l'implication des mesures adoptées par la BCE sur la politique menée par son homologue helvétique, M. Ruhlmann table sur une réplication, à savoir un abaissement d'au moins 10 points de base du taux directeur, à -0,85%, lors de la prochaine réunion agendée au 17 décembre.
Relâchement de la pression sur la bns UBS juge pour sa part que les décisions relativement modestes de la BCE lèvent une partie de la pression sur la Banque nationale suisse (BNS) dans ses efforts pour contenir l'appréciation du franc. Mirabaud déplore également des attentes déçues, hormis en matière de prolongation de l'assouplissement quantitatif. Les divergences évoquées par le patron de la BCE au sein de son équipe constituent une mauvaise nouvelle supplémentaire. A l'inverse, la mention d'autres "outils" dans la caisse de M. Draghi, actionnables au besoin, laisse entrevoir une marge de manoeuvre additionnelle pour l'institution européenne.
"Recalibrer" la politique si les risques augmentent La Banque centrale européenne (BCE) est prête à "recalibrer" sa politique monétaire si les conditions externes l'y contraignent, a indiqué jeudi son président Mario Draghi, signalant, au jour de l'annonce de nouvelles mesures, que l'institution pourrait aller encore plus loin. "Si cela ne suffit pas, nous pouvons continuer", a insisté M. Draghi, après avoir annoncé la prolongation d'au moins six mois des achats de dettes pour 60 milliards d'euros par mois, initiés en mars dernier. Face à un certain nombre de risques et facteurs externes, "nous avons dû recalibrer" le programme de rachats massifs de dette, "et nous continuerons à recalibrer encore et encore, si les conditions externes mettent en péril notre objectif" d'une inflation légèrement sous 2%, a-t-il martelé. Les prix sont au point mort depuis des mois, lestés par la chute des cours du pétrole. L'inflation a une nouvelle fois affiché une progression minime de 0,1% en novembre, très loin de l'objectif de la BCE. En conséquence, les gardiens de l'euro ont décidé jeudi que leur vaste programme d'achats de dette, connu sous le nom de "QE", courra désormais jusqu'à fin mars 2017 au moins. La BCE a également décidé d'étendre la palette des titres qu'elle peut acheter: à côté des obligations d'Etats et de certains titres de dette privée, elle pourra désormais acheter la dette émise par les collectivités régionales et locales de la zone euro. En gonflant les munitions de son "bazooka" monétaire, la BCE compte donc injecter au moins 1 500 milliards d'euros pour soutenir la reprise de la zone euro, qui confirme mois après mois sa fragilité. L'économie européenne a calé a maintes reprises, tantôt lestée par les tensions géopolitiques avec la Russie, tantôt par les résurgences de la crise grecque. La zone euro doit désormais composer avec le ralentissement de la Chine et de nombreux pays émergents, et se retrouve divisée face à l'arrivée de nombreux réfugiés sur son sol.
Optimiste pour la croissance, inquiète pour l'inflation La BCE a fait montre jeudi d'un diagnostic mitigé pour le futur de la zone euro, en relevant légèrement ses prévisions de croissance pour 2015 et 2017, mais en s'inquiétant pour l'inflation, avec des prévisions 2016 et 2017 abaissées. Les économistes de l'institution monétaire tablent désormais sur une inflation de 1% pour 2016 et de 1,6% pour 2017, contre 1,1%, % et 1,7% auparavant, a annoncé son président Mario Draghi lors d'une conférence de presse. Le pronostic d'inflation 2015 reste inchangé à 0,1%. Les équipes de la BCE misent par ailleurs sur une croissance du PIB de 1,5% en 2015 et 1,9% en 2017, contre 1,4% et 1,8% jusqu'à présent. Le pronostic de croissance 2016 reste inchangé à 1,7%. Ces prévisions "indiquent toujours un risque à la baisse pour le pronostic d'inflation", a insisté Mario Draghi, le président de la BCE. "Nos décisions renforcent la dynamique de la reprise en zone euro et renforcent sa résilience contre les chocs économiques", a assuré M. Draghi. "Nous en faisons plus parce que ça marche, pas parce que c'est un échec", a-t-il martelé. L'économie européenne est dans une phase de reprise depuis des mois, et aimerait tourner la page de la crise économique. Mais son redémarrage reste très fragile et la zone euro a calé à plusieurs reprises, tantôt lestée par les tensions géopolitiques avec la Russie, tantôt par les résurgences de la crise grecque, et désormais divisée face à l'arrivée de nombreux réfugiés sur son sol. L'inflation en zone euro végète elle au point mort depuis des mois, lestée par la chute des prix du pétrole. Elle a une nouvelle fois affiché une progression minime de 0,1% en novembre, très loin de l'objectif d'un peu moins de 2% visé par la BCE.