L'ambitieux projet de réforme et de modernisation de l'école algérienne est méchamment vilipendé par les milieux dits islamo-conservateurs. Les partis, les associations et les notables, qui se réclament de cette mouvance politique, mènent une virulente campagne de dénigrement contre les promoteurs de cette entreprise et, principalement, la ministre de l'Education nationale. Ces opposants, réfractaires au changement et à l'actualisation des contenus scolaires, se servent de l'identité nationale comme d'une arme redoutable pour tordre le cou à la moindre avancée dans ce domaine vital. Pour eux, l'enseignement de l'arabe classique et des préceptes coraniques constituent l'essentiel du savoir qu'il faut dispenser en priorité aux élèves. Les sciences, les mathématiques, les technologies, les arts, la citoyenneté et le sport sont des matières de second ordre. Cette vision, arriérée et simpliste de la pédagogie, est manifestement en décalage par rapport aux défis qui se posent avec insistance au pays et elle est bien loin des préoccupations et des exigences de notre époque. Aujourd'hui, la grandeur des nations et la valeur des hommes se mesurent à leur capacité à construire, à innover, à créer, à réussir et à devancer les autres. On ne peut ignorer les progrès de la science au nom de la religion, pour rester éternellement à la traine en matière de développement dans tous les domaines. Jusque-là, on a bien appris à nos enfants l'arabe et l'islam, mais cela n'a pas empêché notre école, de l'aveu de ces mêmes détracteurs du changement, d'être classée parmi les moins performantes au monde. D'autres peuples avant nous ont montré les mêmes réticences et les mêmes inerties avant de se rendre compte de leur erreur. Les sociétés européennes ont mis beaucoup de temps pour se départir de leur ruralité et du poids pesant de la tradition. C'était une séparation douloureuse. Les Américains, les Japonais ou les Chinois ont aussi souffert avant de se mettre à l'heure universelle. Il est faux de vouloir confondre la science, la citoyenneté et la modernité avec la civilisation judéo-chrétienne. L'Islam a une légitimité plus grande pour se revendiquer de la modernité et du savoir. La faillite de notre système scolaire actuel se vérifie dans notre quotidien. On importe absolument tout, le savoir-faire et la bonne morale aussi. Pour inciter nos supporters de foot à bien se comporter, on leur montre leurs homologues européens. L'exemple qu'on donne à nos chauffards se situe aussi à ce niveau. En matière d'hygiène, de respect de l'environnement, de démocratie, d'alternance au pouvoir et de citoyenneté, on se tourne aussi vers les nations développées. Ces mêmes islamo-conservateurs citent, paradoxalement, ces pays industrialisés comme des exemples de réussite dans tous les domaines (essor économique, bien-être social, droits de l'Homme….). A la lumière de cet exergue, on réalise que notre problème réside dans l'instruction, la science, le vrai savoir et la prise de conscience des défis qui se posent à notre pays et à l'humanité toute entière. Ceci dit, l'identité et la culture nationales ne sont pas la propriété d'une personne ou d'un groupe d'individus. Ce sont les valeurs et les constantes du peuple algérien tout entier, pleinement consacrées dans la Constitution et dont la défense échoit exclusivement aux institutions souveraines de l'Etat algérien. Les pseudos uléma, qui s'en servent comme d'un vulgaire instrument de pression politique, marchent sur les plates-bandes de cet Etat. Cela ouvre la voie à d'autres courants politiques pour s'accaparer des autres valeurs communes comme tamazight ou la mémoire nationale. La réforme de l'école est une exigence manifeste de l'heure. Disons : Basta à l'hypocrisie religieuse et à la politique politicienne. K. A.