On le savait déjà, par nous-mêmes, mais quand ce sont des étrangers qui l'établissent à leur tour, le constat vaut bien l'exposé analytique. L'Algérie est donc un «rempart» sécuritaire et rassurant contre l'expansion du groupe terroriste Daech en Afrique du nord «grâce à son niveau de sécurité élevé», estime le site d'analyse de sécurité américain The Cipher Brief, fondé par l'ancienne correspondante de CNN Intelligence Suzanne Kelly. Le jugement est d'autant plus intéressant qu'il émane d'une plate-forme numérique spécialisée qui évalue le risque sécuritaire pour le secteur privé, avec l'aide «d'experts de sécurité leaders mondiaux», notamment des anciens de la communauté du renseignement US. L'implantation progressive de Daech en Libye avait suscité en son temps des craintes légitimes, mais c'est, paradoxalement, sa défaite à Syrte qui a provoqué «beaucoup d'interrogations sur les pays où les éléments de ce groupe terroriste pourraient se réfugier». Mais voilà, l'Algérie est «là» et pas seulement par accident géographique ! Et c'est ainsi que «Daech n'a jamais réussi à prendre pied en Algérie en raison de la position ferme de l'armée algérienne contre les cellules de djihadistes et la force de son gouvernement central». Mieux encore, la position de rempart propre à notre pays a empêché par conséquent l'Etat islamique de s'étendre au-delà de son fief libyen. Conséquence logique de la forte mobilisation de l'armée algérienne aux frontières ces trois dernières années, avec la Libye et les pays du Sahel. Faut-il le répéter de nouveau, grâce au «haut niveau de sécurité du pays», souligné fortement par Bennett Seftel, directrice-adjoint de la rédaction du The Cipher Brief et auteur de l'analyse, citant elle-même Dalia Ghanem Yazbeck, membre du Think Tank américain Carnegie Middle East Center. Cette mise en échec stratégique de Daech en Algérie, dans le reste du Maghreb et en Afrique subsaharienne résulte de la volonté de l'armée algérienne de «contrer la menace de Daech en anéantissant ses capacités de recruter, de mener des attaques ou de construire des bases en Algérie», relève Bennet Seftel. Mais au départ, d'aucuns avaient redouté le pire lorsque le groupe terroriste Jound al Khilafa lié à Aqmi avait diffusé en 2014 une vidéo montrant la décapitation d'un otage français en Kabylie et dans laquelle il avait prêté allégeance à l'EI. Des analystes à la petite semaine, des Algériens notamment, avaient vite conclu alors à une installation de l'EI en Algérie à partir de la Kabylie ! Dans la réalité, les choses en restèrent là. Mieux même, comme le note The Cipher Brief, «très peu d'Algériens ont réussi à se rendre en Irak et en Syrie pour combattre aux côtés de Daech, comparé aux nombreux "combattants étrangers" recrutés par l'EI dans d'autres pays». Le marigot terroriste a été asséché du fait des «forces de l'armée algérienne qui ont éradiqué toutes les poches du terrorisme dans le nord du pays et dans la région montagneuse de la Kabylie en évinçant Djound al-Khilafa à Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou». Concrètement, les opérations systématiques de l'ANP «ont permis d'éliminer plusieurs chefs terroristes et de démanteler la structure opérationnelle de ces groupes djihadistes». Comme en témoigne encore le bilan officiel de la lutte antiterroriste repris par le site américain en appui à sa démonstration. Ce bilan, publié la semaine dernière par le ministère de la Défense nationale, fait état de l'élimination de 157 terroristes en 2015 et 99 autres durant le premier semestre de 2016. Outre ces chiffres qui traduisent la réalité concrète de l'échec de Daech en Algérie, The Cipher Brief souligne aussi la politique menée par le président Abdelaziz Bouteflika pour lutter contre le terrorisme, en rappelant qu'il a «promis d'éradiquer les groupes extrémistes armés et faire en sorte que les cellules terroristes ne trouvent pas refuge dans la société algérienne». La suite de l'analyse est à l'avenant : Bennett Seftel met également en lumière «l'expérience pertinente de l'Algérie en matière de la lutte antiterroriste», et cite dans la foulée l'expert Geoff Porter de la North Africa Risk Consulting INC qui a rappelé lui-même que l'Algérie affronte le terrorisme depuis trois décennies et a eu à lutter contre plusieurs groupes terroristes comme al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) et l'armée islamique du salut (AIS). N. K.