Considéré comme l'une des prochaines économies émergentes depuis la levée des sanctions économiques à son encontre, l'Iran suscite la convoitise des industriels occidentaux, en particulier allemands. Mais jusqu'ici, la reprise des échanges s'est heurtée à un problème de taille : le financement des transactions, à cause de la frilosité des grandes banques internationales. Trois banques iraniennes privées ont donné un premier signe de changement : dimanche 4 septembre, elles ont annoncé l'ouverture de succursales en Allemagne, une première depuis la levée des sanctions. Considéré comme l'une des prochaines économies émergentes depuis la levée des sanctions économiques à son encontre, l'Iran suscite la convoitise des industriels occidentaux, en particulier allemands. Mais jusqu'ici, la reprise des échanges s'est heurtée à un problème de taille : le financement des transactions, à cause de la frilosité des grandes banques internationales. Trois banques iraniennes privées ont donné un premier signe de changement : dimanche 4 septembre, elles ont annoncé l'ouverture de succursales en Allemagne, une première depuis la levée des sanctions. Les banques Khavarmianeh («Moyen-Orient» en persan), Parsian et Sina ont prévu de s'implanter à Munich, en Bavière, d'où elles développeront leurs affaires européennes. Pour l'Iran, c'est une étape importante dans son retour sur la scène internationale depuis la signature de l'accord sur son dossier nucléaire avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne. C'est également un petit succès pour Ilse Aigner, ministre de l'économie de Bavière actuellement en visite en Iran, qui a réussi à convaincre ces banques de s'installer au plus près des entreprises de sa région, très désireuses de reprendre leurs affaires avec la République islamique. «Les relations commerciales entre les entreprises bavaroises et l'Iran échouent aujourd'hui souvent à cause de barrières dans les transactions financières. L'implantation de banques iraniennes à Munich est pour nos entreprises d'une importance considérable», a déclaré Ilse Aigner lundi. De nombreuses incertitudes Les entreprises bavaroises ne sont pas les seules à avoir des visées sur l'économie iranienne. Après la levée des sanctions début 2016, le ministre fédéral allemand de l'Economie et vice-chancelier, Sigmar Gabriel s'était rendu en Iran dès le mois d'avril pour poser les premiers jalons d'une reprise rapide des échanges commerciaux. L'opportunité de conquérir le marché après une décennie de sanctions est historique : les produits siglés «made in Germany» jouissent en Iran d'une excellente réputation. Et les industriels allemands fabriquent précisément les biens d'équipement dont le pays a besoin actuellement : machines, automobiles, infrastructures techniques et environnementales, ou encore produits chimiques et pharmaceutiques. Selon la chambre de commerce germano-iranienne, les exportations dans la République islamique devraient bondir de 20% à 25% en 2016, à 1,1 milliard d'euros, et de 30% en 2017. Une progression qui pourrait être beaucoup plus forte encore si les entreprises disposaient d'un accompagnement financier international. «Le problème est qu'avec le cours actuel du pétrole, l'Iran ne dispose pas forcément des liquidités suffisantes pour financer de gros contrats. Il manque des possibilités de financement à long terme», explique Michael Tockuss, président de la chambre de commerce germano-iranienne de Hambourg. Or aucune des deux grandes banques internationales privées allemandes ne se risque pour l'instant en Iran. «Nous suivons les développements. Mais nous jugeons qu'il est actuellement trop tôt pour définir une nouvelle position», précise au Monde la Commerzbank. Même son de cloche du côté de la Deutsche Bank, qui reste «très prudente» sur ce marché. Il reste en effet de nombreuses incertitudes sur les sanctions encore en vigueur. Et les banques occidentales sont échaudées : Washington avait infligé de lourdes amendes à BNP Paribas en 2014, et à Commerzbank et Deutsche Bank l'année suivante pour avoir violé l'embargo contre l'Iran. Téhéran espère accélérer les investissements Avec l'implantation à Munich de trois banques privées, Téhéran espère regagner la confiance et accélérer les investissements. L'économie du pays est actuellement sous pression en raison de la chute des cours du brut, ce qui creuse le déficit budgétaire, estimé à 2,7% de son produit intérieur brut en 2015, contre 2,1% en 2014, selon la Banque mondiale. Le Fonds monétaire international estime que l'Iran a connu une croissance nulle en 2015, tandis que le taux de chômage a été revu à la hausse, à 11,3%. Un taux qui culmine à 26% chez les jeunes actifs. Pour l'analyste économique, Danial Shahzamani, «même si elle reste symbolique, l'implantation de ces trois banques iraniennes en Allemagne est un premier pas important. Si ces banques arrivent à faire quelques grandes transactions entre l'Iran et les banques européennes, cela peut rassurer d'autres institutions financières», explique-t-il. Selon l'expert, le gouvernement d'Hassan Rohani s'efforce de faire repartir les relations interbancaires entre l'Iran et l'Europe avant la prochaine présidentielle iranienne, prévue en mai 2017, où il sera très probablement candidat à sa réélection. Autre élément qui donne de l'espoir aux acteurs de l'économie iranienne : le Groupe d'action financière (Gafi) qui lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, a suspendu en juin pendant un an certaines restrictions prises à l'encontre de Téhéran. L'Iran a tout de même été maintenu sur la liste noire du GAFI des pays à hauts risques. G. G. / C. B. In lemonde.f