Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar La sécurité ferroviaire revient sur le devant de la scène. Une collision entre deux trains de transport de passagers, survenue dimanche à 19h41 à Alger, vient de semer la panique parmi les usagers de ce moyen de transport populaire, très utilisé par les citoyens ; notamment à Alger et ses environs. En effet, un train de banlieue, en provenance d'El Affroun (Blida) est allé percuter un autre en provenance d'Oran, à l'entrée de la gare d'Aïn Naadja (18 km au sud d'Alger), a précisé, hier, Mme Berriche Wassila, responsable de la région ferroviaire d'Alger à la SNTF. Dix-neuf personnes ont été légèrement blessées dans ce «rattrapage» de train, pour reprendre l'expression utilisée afin de désigner un train percutant un autre lorsque ce dernier le précède. Les 19 blessés ont été évacués par les agents de la Protection civile à l'hôpital Salim Zmirli (El Harrach) où «ils ont reçu les soins nécessaires puis rejoint leur domicile», confie à ce propos Mme Berriche. Toutefois, cet accident a causé des dégâts matériels importants suite au déraillement de pas moins de quatre wagons, a expliqué Mme Berriche. Selon la même responsable, les causes restent pour le moment inconnues et une commission d'enquête a été officiellement installée, hier, pour déterminer les causes exactes de cet accident. Mais, sans attendre les conclusions de cette enquête, le P-DG de la SNTF, Soulimane Benameur, lors d'une visite d'inspection sur les lieux de l'accident, en présence d'Amar Tou, le ministre des Transports, a montré d'un doigt accusateur le mécanicien conducteur du train rapide Oran-Alger. «C'est le conducteur du rapide qui n'a pas respecté les mécanismes de ralentissement prescrits dans ces cas de figure. Il a certes 32 ans d'expérience professionnelle, mais, malheureusement, il n'a pas fait preuve de vigilance. En tout cas si l'enquête met entièrement en évidence sa responsabilité, il sera sévèrement sanctionné», a déclaré hier le premier responsable de la SNTF, qui n'exclut pas son licenciement. Néanmoins, en interrogeant d'autres conducteurs que nous avons rencontrés sur les lieux de du sinistre, cette décision, si elle se confirme, risque de susciter un large mouvement de protestation parmi les cheminots. «La SNTF cherche à se dédouaner en voulant faire croire que le conducteur est seul responsable de cet accident. Ce conducteur chevronné a parfaitement entamé sa marche à vue. C'est-à-dire qu'en franchissant le canton ferroviaire, il a tenu compte, comme il se doit, du signal carré en réduisant aussitôt après sa vitesse à 30 km par heure. Mais, dans l'autre train, les fanaux, qui sont les feux rouges du train, n'étaient pas en marche. Comme dans beaucoup de nos trains. Ce qui a réduit sensiblement la visibilité du conducteur du rapide. Dans ce contexte, il ne pouvait guère apercevoir la queue de train pour pouvoir s'arrêter et éviter ainsi la collision», relèvent pour leur part des conducteurs mécaniciens qui ne cachent pas leur colère devant les propos tenus par le P-DG de la SNTF. Pour ces interlocuteurs, la vétusté des trains, leur mauvais état, les conditions de travail des mécaniciens conducteurs et les communications voies-trains, peu développées dans notre pays, peuvent entraîner à n'importe quel moment de graves collisions entre les trains. Ce constat n'est guère partagé par Amar Tou, le ministre des Transports. Selon lui, l'Etat a fourni un effort gigantesque pour développer et sécuriser le transport ferroviaire. «On n'est jamais à l'abri d'une erreur humaine. Mais, il faut reconnaître que nous avons réduit les risques ces dernières années. Et pour davantage de sécurité, nous nous apprêtons à équiper les trains par un nouveau système de signalisation ferroviaire appelé RTMS. Ce système embarqué permettra de stopper automatiquement un train à l'approche d'un obstacle sur la voie. Toutes les nouvelles lignes seront équipées de ce système», a annoncé à ce sujet Amar Tou, qui s'est montré rassurant. Notons enfin que l'équipe spécialisée dépêchée, dès dimanche soir, sur place pour dégager la voie, n'a pu permettre le passage des autres trains que le lendemain à 13 h. Ce qui a entrainé l'annulation d'au moins 40 navettes. Une vingtaine de trains de banlieue n'ont pu, en effet, rallier leur destination habituelle et 8 trains rapides Alger-Oran ont du annuler ou retarder leur départ. Pour la journée d'aujourd'hui, le trafic ferroviaire ne devrait pas connaître de perturbations, une situation qui a causé des désagréments à des milliers d'usagers du train.