Le Premier ministre français, Manuel Valls, s'est exprimé pour la première fois sur l'épisode du tweet de la photo du président Abdelaziz Bouteflika. Selon le responsable français, qui a accordé une interview au magazine Jeune Afrique, paru hier, il n'avait nullement l'intention de nuire à l'image du chef de l'Etat. «Chacun connaît mon respect à l'égard du président Bouteflika», a-t-il déclaré, affirmant que l'incident «n'a rien changé à la relation que nous entretenons depuis quatre ans avec les autorités algériennes et avec le Premier ministre Sellal». Le Premier ministre français, Manuel Valls, s'est exprimé pour la première fois sur l'épisode du tweet de la photo du président Abdelaziz Bouteflika. Selon le responsable français, qui a accordé une interview au magazine Jeune Afrique, paru hier, il n'avait nullement l'intention de nuire à l'image du chef de l'Etat. «Chacun connaît mon respect à l'égard du président Bouteflika», a-t-il déclaré, affirmant que l'incident «n'a rien changé à la relation que nous entretenons depuis quatre ans avec les autorités algériennes et avec le Premier ministre Sellal». «Il faut avoir du sang-froid dans ce genre de situation», a-t-il encore indiqué rappelant que son pays «a confiance en l'Algérie et en son potentiel immense de grand partenaire». Manuel Valls, dont le tweet de la photo du président Bouteflika lors de sa visite officielle à Alger les 9 et 10 avril dernier avait déclenché une tempête sur les réseaux sociaux et les médias, a même tenu à rappeler l'histoire de la guerre de libération. Le Premier ministre français a dit qu'il faut «se tourner» vers l'avenir même s'«il ne faut pas oublier le passé», avant de rappeler que «personne ne peut oublier les moments sombres ou nier ce qu'a été le 8 mai 1945 à Sétif. Personne ne peut oublier le drame de la guerre d'Algérie, les massacres, la torture, mais aussi le sort des harkis […]. Ces faits doivent être rappelés et commémorés. Laissons les historiens mener les travaux et cessons de vivre dans la culpabilité, le ressassement et la repentance. Un pays s'honore de reconnaître ses responsabilités». Manuel Valls a même avoué que «la colonisation a nié la réalité des peuples» et «a représenté beaucoup de souffrances et aussi une perte de richesses économiques et humaines». Il faut dire que le tweet du Premier ministre français a été très mal perçu du côté algérien et à très haut niveau. Manuel Valls, à la veille des élections de 2017 en France, a tenu à «s'excuser» à sa manière du désagrément causé par son acte «désobligeant». Est-ce suffisant pour faire disparaître l'atteinte portée à l'image du Président ? Publier cette photo était un acte «abject», «une agression délibérée» et «une atteinte à l'Algérie», selon plusieurs responsables politiques et syndicaux algériens. Et ce n'est malheureusement pas la première venant de la France. Faut-il rappeler que le président de la République a décidé de porter plainte contre le journal le Monde après la publication par le quotidien français de sa photo à la Une de son édition du 5 avril dernier, traitant de l'argent caché des chefs d'Etat, dans le sillage des informations révélées par le scandale mondial appelé les «Panama Papers» et où M. Bouteflika n'était aucunement cité. Ainsi donc, même si Valls a estimé que son tweet n'a rien changé à la relation entre les deux pays, cela ne demeure que son avis personnel. Par ailleurs, en réponse à une question de Jeune Afrique, le Premier ministre français est revenu sur les relations de la France avec le Maroc et l'Algérie, estimant que son pays peut avoir des «relations d'exception avec les uns et les autres». «Nous ne sommes pas entre l'Algérie et le Maroc. Nous sommes avec le Maroc et l'Algérie. Nous pouvons avoir des relations d'exception avec les uns et les autres», a-t-il déclaré. Selon lui, «le président Hollande a rétabli avec Alger un partenariat indispensable qui avait été abîmé au cours du quinquennat précédent». «Et si nous avons connu avec Rabat une brève période de difficultés pour des raisons juridiques -ce que je regrette-, elle est aujourd'hui totalement surmontée», a-t-il fait valoir. Pour Manuel Valls, ce qui rapproche encore davantage la France de ces deux pays du Maghreb est l'urgence accordée à la lutte contre le terrorisme. Cette urgence «crée aussi une confiance nouvelle sur le plan économique, sur celui des relations humaines et des échanges culturels», a-t-il poursuivi. Et d'ajouter : «Nous avons des relations politiques de très grande qualité et il ne faut surtout pas se laisser impressionner par tel ou tel commentaire.» Manuel Valls, qui s'apprête à entamer une tournée africaine qui le mènera à Dakar, Accra, Lomé et Abidjan a tenu à s'adresser aux pays africains en soulignant qu'«Aujourd'hui, l'avenir de l'Afrique est entre les mains des Africains et de leurs dirigeants. Ils ne doivent pas être tournés vers le passé mais vers demain […]. C'est dans ce sens que la France leur tend la main en tant que partenaire, d'égal à égal sans rien oublier de nos liens, ceux de l'histoire et de la langue». Enfin, invité par Jeune Afrique à réagir sur les propos du président Sénégalais Macky Sall, qui estime que la réponse au terrorisme doit s'éloigner de la «stigmatisation» des musulmans qui sont aussi les premières victimes de ce terrorisme, le Premier ministre français Manuel Valls dit «(…) c'est ce que je répète inlassablement depuis janvier 2015. Je me retrouve totalement dans les propos de Macky Sall qui est un ami et un grand dirigeant. J'ai toujours rappelé que les premières victimes du fondamentalisme étaient les musulmans [...]. Je le répète : la République protège et protègera les musulmans de France et je n'accepterai aucun amalgame. Il faut s'élever contre le populisme, notamment d'une partie de la droite française qui alimente une confusion entre regroupement familial, immigration, réfugiés et terrorisme et donc, à la fin des fins, entre musulmans et terrorisme». H. Y./sites