La gestion et l'exploitation des infrastructures sportives posent un grand problème en Algérie. Stades, salles omnisports, piscines, parcours de tennis ou pistes d'athlétisme, souvent délaissés et abandonnés, se trouvent régulièrement dans un état lamentable. Cela engendre, évidemment, des pertes sèches et des dépenses faramineuses aux caisses de l'Etat, unique propriétaire de tous ces équipements. La gestion et l'exploitation des infrastructures sportives posent un grand problème en Algérie. Stades, salles omnisports, piscines, parcours de tennis ou pistes d'athlétisme, souvent délaissés et abandonnés, se trouvent régulièrement dans un état lamentable. Cela engendre, évidemment, des pertes sèches et des dépenses faramineuses aux caisses de l'Etat, unique propriétaire de tous ces équipements. L'absence totale d'entretien quotidien et le peu d'intérêt accordé à la maintenance périodique fait que ces installations vieillissent très jeunes. Le temple du 5-Juillet - remis à neuf pour la énième fois, il y a exactement un an - s'est dramatiquement abîmé en ce début de saison footballistique. Les images catastrophiques retransmises à la télé montrent une pelouse complètement fanée et desséchée. Des séquences qui ont scandalisé tous les sportifs et ému l'ensemble des téléspectateurs. Le jardin du stade olympique - fermé encore une fois pour travaux - ressemble désormais à un vulgaire champ de patates. Les uns parlent d'un champignon ravageur qui aurait contaminé le site durant les vacances. D'autres lient cette ruine à l'abandon du stade suite au départ en congé du spécialiste chargé de l'entretien de la pelouse au cours de l'été dernier. D'autres encore parlent vaguement de sabotage sciemment orchestré, car il y aurait toujours à boire et à manger dans ce genre d'affaires. Un déballage malsain et nauséeux. Qui et quoi croire ? Une seule certitude, le directeur de l'Office du complexe olympique (OCO) doit en principe s'expliquer et éclairer l'opinion en sa qualité de premier responsable du plus grand complexe sportif national. Ce mythique stade du 5-Juillet a coûté beaucoup d'argent à l'Etat. Le cumul des sommes dégagées pour sa réparation répétitive serait suffisant pour construire deux nouveaux stades de la même dimension, annonce la presse nationale qui cite des experts. C'est dire que le gaspillage des derniers publics a atteint un seuil intolérable. La vox-populi parle de corruption, de trafic et de détournement. Dans les autres wilayas du pays, l'exploitation des équipements sportifs, confiée aux fameux OPOW (Offices publics omnisports de wilaya), est aussi approximative et défaillante. De belles infrastructures, flambant neuves, se sont vite altérées faute d'entretien, de prise charge adéquate, de valorisation et de constante remise à niveau pour répondre aux standards internationaux en la matière. De grands stades (19-Mai 1956 d'Annaba, Mohamed-Hamlaoui de Constantine et Ahmed-Zabana d'Oran pour ne citer que ces trois-là) sont rapidement tombés en désuétude. Dans beaucoup de cas, les terrains en gazon naturel, qu'on a délibérément abandonnés, ont été remplacés par des pelouses synthétiques dans des circonstances qu'il convient d'éclaircir. De grosses sommes d'argents ont été dépensées dans cette reconversion régressive. Placés sous l'égide du wali (à travers la Direction de wilaya de la jeunesse et des sports), la gestion bureaucratique de ces infrastructures pose aussi beaucoup de problèmes au mouvement sportif (Fédération, Ligues et clubs). La dégradation des gradins, le verrouillage des portails d'accès, l'absence de commodités élémentaires (toilettes, eaux), le délabrement des guichets et le vieillissement rapide du matériel sont autant de tares qui caractérisent toutes nos arènes sportives. Pour ne parler que du football, les stades de l'Unité-Africaine de Mascara, Ahmed-Kaid de Tiaret, l'Unité-Maghrébine de Béjaïa, le 8-Mai de Sétif, le 1er-Novembre de Tizi Ouzou, Tahar-Zouaghi de Relizane et Messaoued-Zougar d'El Eulma, parmi d'autres encore, ont beaucoup perdu de leur superbe, malgré les gros budgets consommés en réfections et autres réparations expéditives. Il est grand temps de remédier à cet épineux problème. De l'avis général, l'OCO et les OPOW ont manifestement failli à leur mission. La tutelle doit absolument se pencher sur la question de leur remplacement par d'autres organismes. Plusieurs solutions sont envisageables. Des spécialistes préconisent de leur substituer des établissements publics autonomes à caractères commercial et industriel (Epic). Un stade de football, comme cela se fait en Europe, peut rapporter gros. On y organise, durant les périodes de trêve sportive, des concerts de musique, de grandes manifestations culturelles, des foires et des expositions. Une telle variété de services attire des foules d'usagers, appâtent les sponsors et intéressent les sociétés de communication. Tout cela génère naturellement beaucoup d'argent qui servirait, ensuite, à la rénovation, l'extension et la modernisation de l'infrastructure. D'autres envisagent la sous-traitance au profit d'opérateurs privés sur la base d'un cahier des charges, clair et strict. Par voie d'adjudication (comme on procède avec les marchés publics) on attribue à l'entrepreneur la gérance du stade pour une période définie (5 ou 10 ans). Les revenus engendrés permettront au propriétaire (l'Etat, en l'occurrence) d'opérer la mise à jour nécessaire. Une chose est certaine, on ne peut pas continuer sur la même voie qui a largement prouvé son inefficacité. K. A.