S'il est un pays au monde qui est redevable à la Chine, c'est bien l'Allemagne. Elle lui doit une bonne part de sa prospérité économique actuelle, bâtie entre 2000 et 2008, lorsque cette dernière était le premier exportateur mondial. Volkswagen y écoule deux fois plus de voitures que dans son propre pays et ses fabricants de machines ont envahi toutes les usines de l'empire du Milieu. Aujourd'hui, ce n'est plus de cette invasion qu'il est question à Berlin, mais de celle des groupes chinois sur le sol allemand. S'il est un pays au monde qui est redevable à la Chine, c'est bien l'Allemagne. Elle lui doit une bonne part de sa prospérité économique actuelle, bâtie entre 2000 et 2008, lorsque cette dernière était le premier exportateur mondial. Volkswagen y écoule deux fois plus de voitures que dans son propre pays et ses fabricants de machines ont envahi toutes les usines de l'empire du Milieu. Aujourd'hui, ce n'est plus de cette invasion qu'il est question à Berlin, mais de celle des groupes chinois sur le sol allemand. Lundi 24 octobre, le gouvernement a bloqué le rachat par le Fujian Grand Chip Investment Fund du fabricant germanique d'équipements pour l'industrie électronique Aixtron. «Nous avons reçu de nouvelles informations liées à la sécurité de cette opération», a, mystérieusement, indiqué le secrétaire d'Etat au ministère fédéral allemand de l'Economie et de l'Energie, Matthias Machnig. Il faut dire que, depuis le début de l'année, les investisseurs chinois accélèrent le rythme de leurs acquisitions sur le sol allemand. Selon le cabinet de conseil EY, sur les seuls six premiers mois de 2016, l'empire du Milieu s'est offert 37 entreprises pour près de 11 milliards de dollars (10,1 milliards d'euros), soit autant que sur l'ensemble de l'année 2015 et bien plus que dans n'importe quel autre pays d'Europe. Et ce ne sont pas les fabricants de saucisses ou de bière qu'ils visent en priorité, mais la fine fleur du made in Germany. L'acquisition, au printemps, du fabricant de robots Kuka, l'un des plus réputés au monde, a secoué les avocats les plus ardents du commerce international. Pour 4,5 milliards d'euros, le groupe chinois Midea s'est invité dans le cœur de l'excellence allemande. Avec un argument imparable : ce spécialiste de l'électroménager est un des meilleurs clients de Kuka et se promet d'ouvrir en grand à la firme d'Augsbourg (Bavière) les portes du plus grand marché du monde. L'hôtellerie et l'agroalimentaire en France ou en Espagne, la technologie en Allemagne, cette boulimie n'obéit pas uniquement à la volonté de capter un savoir-faire mais aussi à un souci de diversification des investissements. L'économie chinoise est dans une phase délicate, menacée par les bulles immobilières, les créances douteuses et la paralysie des entreprises d'Etat. Les investisseurs privés cherchent donc à sortir leur argent du pays et à le placer dans des entreprises de rayonnement mondial. Comme les Etats-Unis bloquent toute acquisition chinoise trop ambitieuse – témoin l'interdiction du rachat par le groupe financier pékinois GO Scale de la division éclairage de Philips, basée aux Etats-Unis –, les investisseurs chinois se reportent sur l'Europe. D'ailleurs Go Scale est l'un des prétendants au rachat d'Osram, ex-filiale éclairage de Siemens en compétition avec son compatriote San'an. Un nouveau cas de conscience en perspective pour le défenseur acharné de la liberté des échanges. La mondialisation n'est plus ce qu'elle était.