Les Etats-Unis ont bloqué vendredi le rachat du groupe industriel Aixtron, basé en Allemagne, par le groupe chinois Grand Chip Investment, invoquant des risques pour la sécurité nationale, selon un communiqué du Trésor. Par un décret, le président Barack Obama a interdit l'acquisition de la filiale américaine d'Aixtron, fabricant de composants destinés au marché des semi-conducteurs, qui peuvent avoir des applications militaires. Cela revient dans les faits à bloquer pour l'instant l'acquisition du groupe allemand par le Chinois. Fin octobre le gouvernement allemand, qui avait initialement donné son feu vert à ce rachat d'un montant de 670 millions d'euros, avait suspendu sa décision après avoir reçu des informations du gouvernement américain selon lesquelles une telle opération reviendrait à transférer des technologies sensibles. La mesure ordonnée vendredi par l'administration Obama somme les acheteurs et Aixtron de prendre toutes les mesures nécessaires pour abandonner le rachat proposé de la filiale américaine d'Aixtron dans les 30 jours. En Allemagne, Aixtron compte environ 750 employés et génère presque 200 millions d'euros de chiffre d'affaires. Aux Etats-Unis, le groupe est représenté par une filiale d'une centaine de personnes, en Californie. La Maison Blanche a l'autorité de s'opposer à un rachat par une entreprise étrangère quand il y a une preuve crédible que la prise de contrôle par un intérêt étranger (...) menace d'altérer la sécurité nationale, indique le Trésor. L'inquiétude semble porter sur un procédé de dépôt organo-métallique chimique en phase gazeuse (MOCVD), utilisé dans la composition des semi-conducteurs qui entrent dans la fabrication des lasers et des cellules solaires notamment. Le ministère chinois des Affaires étrangères, interrogé sur l'opposition américaine au rachat d'Aixtron, a dénoncé une interférence politique injustifiée et des interprétations excessives. Cette acquisition est une transaction commerciale parfaitement normale. Puisqu'il s'agit d'une opération normale, elle doit être conduite selon les principes ordinaires et la loi du marché, a insisté vendredi Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise, lors d'une conférence de presse régulière. Nous espérons qu'il n'y aura pas dans ce dossier d'interférences politiques, et qu'il n'y aura pas non plus d'interprétations politiques excessives, a-t-il ajouté. Les investissements chinois en Allemagne devraient atteindre un montant record, avec déjà 3,4 milliards d'euros investis au premier semestre de 2016. Non sans déclencher de controverse: le géant chinois de l'électroménager Midea a bouclé à l'été le rachat pour 4,6 milliards d'euros du fabricant allemand de machines-outils Kuka, fleuron de l'industrie de pointe du pays, suscitant une vive polémique dans la classe politique outre-Rhin. De son côté, aux Etats-Unis, le Comité des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) a été plusieurs fois à l'origine de rachats avortés. En 2008, la société d'investissements Bain Capital, associée au groupe chinois Huawei, avait dû abandonner son projet d'acquérir le groupe américain de haute technologie 3com, l'un des fournisseurs de services télécoms à l'administration américaine. En 2005, le chinois CNOOC avait était contraint de retirer son offre de rachat de la compagnie pétrolière Unocal, s'estimant victime du climat politique à Washington. La presse officielle à Pékin avait alors estimé que l'économie américaine n'était pas libre. Les Etats-Unis vont accorder des licences bancaires aux Fintech Les Etats-Unis vont commencer à accorder des licences bancaires aux plateformes de prêts en ligne et autres startups financières, une façon de réguler cette finance parallèle en plein boom depuis la crise de 2008. Les Fintech (contraction de finance et technologies) offrant trois activités - dépôts, chéquiers et prêts - pourront dans les prochains mois solliciter une licence si elles le souhaitent, a indiqué vendredi le régulateur bancaire fédéral OCC. Ces startups devraient aussi avoir des procédures de contrôle et de risques adéquates, des capitaux et liquidités solides et des mesures de protection des consommateurs, énumère le régulateur. "Nous estimons que le faire (leur accorder une licence) est dans l'intérêt du public", explique Thomas Curry, le patron de l'OCC. "Il est clair que les Fintech ont un gros potentiel pour responsabiliser les consommateurs, aider des familles et des entreprises à prendre le contrôle de leurs finances", a-t-il ajouté. A peine l'initiative annoncée qu'elle suscitait déjà un tir de barrages inhabituel de la part de régulateurs locaux et de petites banques traditionnelles. "Tout cadre règlementaire fédéral des Fintech tel celui envisagé par l'OCC est irresponsable s'il ignore le rôle historique et l'expertise des Etats dans ce secteur", a fustigé le DFS, le régulateur bancaire de l'Etat de New York, haut lieu de la finance américaine. "Les régulateurs locaux, tel le DFS, sont les mieux placés pour protéger les consommateurs et s'assurer que les fournisseurs de services tels les Fintech vont continuer à fleurir dans un cadre règlementaire approprié", poursuit l'autorité. Le DFS s'est forgé une réputation de régulateur féroce, prêt à aller jusqu'à brandir le couperet du retrait de la licence bancaire si un établissement ne se plie pas à ses requêtes. Ce fut le cas dans l'affaire de violations d'embargos américains ayant valu une amende record de 8,9 milliards de dollars à la banque française BNP Paribas. "Une licence bancaire pour des Fintech pose des risques pour les contribuables et le système financier", dénonce l'ICBA, le lobby des petites banques américaines, qui veut que les Fintech soient soumises aux mêmes règles de surveillance strictes qu'une banque traditionnelle. Les différentes parties ont jusqu'au 15 janvier pour soumettre leurs commentaires et critiques à l'OCC avant une application de la décision. Les Fintech, LendingClub en tête, ont bouleversé le secteur bancaire dont elles vampirisent chaque pan d'activité: du transfert d'argent aux crédits en passant par le financement des entreprises, les placements financiers et le courtage. Leur succès attire de nombreux investisseurs qui signent des chèques d'un million de dollars en moyenne en échange d'une prise de participation dans le capital. Ces startups ne sont pas soumises pour l'instant à un contrôle strict, même si les plateformes de prêts doivent s'enregistrer auprès du gendarme de la Bourse, la SEC, et des Etats dans lesquels elles opèrent.