«Les jeunes demandeurs d'emploi font face à un environnement administratif et bancaire rigide, à une faiblesse des capacités d'adaptation des entreprises au contexte économique de l'heure, à la tentation de l'activité commerciale sur l'investissement productif, à des difficultés d'accès aux crédits bancaires, en particulier pour les jeunes promoteurs qui restent les plus touchés par le chômage.» Ces propos ont été tenus par un sociologue qui tentait de comprendre l'avancée du chômage au sein de la jeunesse. L'avis est partagé par celle-ci. On ne laisse plus de place au doute : les banques algériennes ne jouent pas le jeu dans l'octroi de crédit aux porteurs de projets. «Après avoir tout préparé en matière de documents et de formulaires, la banque que nous avions sollicitée pour le crédit nous a signifié un refus incompréhensible. Ce qui nous a contraints à abandonner complètement notre projet», témoigne Samir, qui voulait créer, en compagnie de son ami Mourad, une entreprise de transport. Au niveau des banques, les «accusations» ne sont pas les bienvenues. On estime qu'elles sont infondées. Et on précise que, pour chaque candidature refusée, il y a forcément un critère qui n'a pas été rempli dans le dossier. Pour les banquiers, la procédure est loin d'être simple. Ils veulent pour preuve les cas où l'investissement n'a pas été totalement honoré par l'acquéreur. L'actuel ministre de la Solidarité n'a pas hésité à tirer sur les banques en évoquant leur lenteur et les entraves qu'elles mettent face au désir des jeunes de monter des projets. Le même responsable ajoute que moins de 10% des projets présentés par les jeunes au cours de l'année 2006 ont été retenus par les banques. Mais au-delà des explications des jeunes demandeurs de crédit et des responsables des banques, il y a comme un climat de méfiance qui bloque le processus de création des postes d'emploi. La méfiance se vérifie dans les deux sens. D'une part, les jeunes renoncent à leur projet d'investissement dès qu'ils apprennent que le passage à la banque est incontournable. D'autre part, les agences bancaires ne se hasardent plus à accorder un crédit dont personne ne maîtrise l'issue. Si, à première vue, les banques ont une responsabilité à assumer dans le succès ou l'échec des dispositifs mis en place, elles n'en sont pas coupables compte tenu des soupçons qui collent à chaque investissement même ceux relevant de la petite et moyenne entreprise. Ce qui est clair, en revanche, c'est que le contexte actuel ne favorise nullement l'investissement générateur d'emplois par voie de banque. Un obstacle que les pouvoirs publics feignent d'oublier. Car, pour qu'un investissement voie le jour, il faudrait surmonter plusieurs contraintes administratives.