Dans le discours du gouvernement, on parle d'un taux de chômage en courbe décroissante. Pourtant, l'offre en matière d'emploi est sensiblement faible par rapport à la demande qui augmente année après année suite à de nouvelles candidatures aux postes de travail émanant des universitaires. Dans sa note de conjoncture du premier semestre 2008, le Conseil national économique et social (CNES) souligne que «la tendance à la baisse du chômage observée depuis une décennie est due à la mise en œuvre de nombreux programmes publics d'emploi. La tendance actuelle peut permettre d'atteindre un taux de chômage inférieur à 10% à l'horizon 2010». On aurait aimé qu'une telle lecture traduise de manière fiable la situation de l'emploi dans le pays. Cependant, la réalité est tout autre. A moins que les statistiques considèrent comme des employés tous les jeunes qui tiennent une table de cacahouètes et de cigarettes au coin du quartier. La situation est tellement alarmante qu'elle exige des solutions pérennes, car il y va de la stabilité de la composante sociale du pays. Loin de la virtualité des chiffres officiels, les dispositifs de création d'emplois se sont révélés inopérants pour certains et inefficaces pour d'autres. Lancés en grande pompe et bénéficiant souvent de campagnes d'information,ces dispositifs ne débouchent que très rarement sur les objectifs assignés. D'où la nécessité de réviser le contenu de tels dispositifs, sinon de s'attaquer aux obstacles auxquels se heurtent les mécanismes de création d'emplois. Et les jeunes savent mieux que le reste de la société combien sont nombreuses les contraintes qu'ils rencontrent sur le chemin d'un emploi stable. Les obstacles sont multiples. L'environnement administratif et bancaire est hostile. Ils sont nombreux à abandonner des projets d'investissement à cause des tracasseries administratives. Un sociologue résume la question en déclarant lors d'un séminaire que «les jeunes demandeurs d'emploi font face à un environnement administratif et bancaire rigide, à une faiblesse des capacités d'adaptation des entreprises au contexte économique de l'heure, à la tentation de l'activité commerciale sur l'investissement productif, à des difficultés d'accès aux crédits bancaires, en particulier pour les jeunes promoteurs qui restent les plus touchés par le chômage». Les demandeurs de crédits bancaires recourent dès lors à des activités commerciales au détriment d'un investissement productif. Le plus dramatique, c'est que les jeunes Algériens ont fini par ne plus croire en cette possibilité d'être un jour recrutés dans une entreprise et d'avoir un salaire à même de leur assurer une vie digne. Après avoir constaté que les dispositifs mis en place ne donneront pas les résultats souhaités, les pouvoirs publics sont allés chercher des modèles de création d'emplois. C'est à ce titre qu'une coopération algéro-espagnole a vu le jour au cours de cette année. Une convention a été signée entre les deux pays. Le programme, qui sera mis en place au début 2009 s'articule sur la création de postes d'emploi au niveau local. A partir de l'expérience espagnole, il sera procédé à l'injection de mécanismes visant à la mobilisation de toutes les ressources locales en impliquant les différents secteurs concernés, qu'il s'agisse d'entreprises ou d'associations. Nul n'ignore donc que le processus de création de l'emploi est bourré de contraintes. Et si, pour les jeunes sans qualification, l'attente devient de plus en plus longue, ce n'est pas le cas pour les titulaires de diplômes universitaires. Cette catégorie sociale, après avoir nourri de grands espoirs d'exercer un métier correspondant à la formation suivie, a été confrontée à la dure réalité. Constatant que les choses n'évoluent pas, les jeunes diplômés entreprennent les démarches nécessaires pour partir pour l'étranger. La tendance est en train de se généraliser. Pour arrêter l'hémorragie, les pouvoirs publics ont pour devoir d'offrir à toute la jeunesse algérienne des emplois stables et pérennes. Face au grand volume de promesses, la jeunesse attend du concret. L'année 2009, le gouvernement doit trouver les mécanismes opérationnels à même de garantir la création de postes d'emploi. Il est vrai que le contexte de la crise économique qui secoue actuellement le monde ne favorise pas l'aboutissement des programmes mis en place. Mais la lutte contre le chômage est plus que jamais une priorité nationale. La stabilité sociale d'un pays passe par la maîtrise du marché de l'emploi. Dans la situation actuelle du pays, les défaillances révélées ici et là en matière d'emploi ont généré d'autres fléaux sociaux : toxicomanie, banditisme et criminalité. Lors de l'audition des membres du gouvernement, le chef de l'Etat a instruit le ministre du Travail d'œuvrer pour une solution à la question du chômage. Verra-t-on des dispositifs efficaces en 2009 ? A. Y.