Au moment où la crise financière devenue économique frappe sans distinction tous les pays, à commencer par les plus développés, le patriotisme tous azimuts revient en force et tous les coups sont permis. Chaque pays tente de maintenir ou de sauver ses industries, son agriculture, ses médias et sa culture. La communication sur tous les supports, la publicité et le marketing s'adaptent à la nouvelle donne et considèrent la crise comme une opportunité pour inventer et nouer des relations nouvelles avec les consommateurs. L'Internet, dans une situation de déclins sectoriels et de récessions inédites accentue ses possibilités. L'exemple le plus cité des performances sur la Toile est celui des fonds récoltés par Obama pour sa campagne électorale financée par ses fans et ses électeurs. Sur les 600 millions de dollars amassés, 90% l'ont été grâce à la Toile. Toutes les TV des pays développés, les producteurs de films, les agences de COM ne peuvent plus aujourd'hui ignorer le nouvel espace numérique qui «colonise» rapidement tous les supports. Google, Yahoo et Microsoft sont identifiés comme les plus redoutables concurrents des médias traditionnels dans les pays les plus avancés et dans les autres où les citoyens partent sur le Net pour y trouver ce qui est interdit ou inexistant chez eux. Les modes de production et de réalisation de films, des produits destinés au petit écran connaissent une véritable révolution grâce ou à cause du Web et de la téléphonie mobile qui propose des œuvres cinématographiques, des rencontres sportives en exclusivité sur le mobile, l'ordinateur ou sur un écran de télévision. La transformation des pratiques, des modes de consommation du son et de l'image font que le monde, celui qui avance, entame une révolution qui a l'envergure de plusieurs tsunamis. Le premier février 2008, Microsoft avait lancé une OPA de 30 milliards d'euros sur Yahoo. Avec la crise, cette offre a été divisée par deux. Dans un mouvement perpétuel qui donne le vertige, l'audiovisuel, le cinéma et le développement de l'Internet en Algérie accusent des retards d'une profondeur insondable. Il n'apparaît à l'évidence l'annonce d'aucune mutation sérieuse ni celle d'un changement de cap radical afin d'amorcer la révolution numérique, de devenir professionnel et de cesser de vivre ou de regarder par procuration ce qui font les autres. Le 15 décembre 2008, bien avant toutes les grandes TV du monde, les images de Bush évitant une chaussure volante avaient fait le tour de tous les individus qui avaient branché leur ordinateur. Orange, MSN, You Tube avaient balancé la séquence en question sur les plates-formes vidéo. Cet exemple et tant d'autres attestent, selon des experts des plus fiables, l'explosion des TV généralistes qui sont en retard sur les aspects technologiques et générationnels qui transforment les publics, les audiences, donc les impacts réels sur une société. Le manitou du cinéma en France, Luc Besson, vient de s'associer pour créer BLUE, «la première agence française d'advertainement» qui associe cinéma et publicité. L'opérateur de téléphonie Orange a lancé des chaînes payantes Orange foot et Orange cinéma. Ce qui fait qu'à ce jour, au seul niveau français, 9 millions de personnes consultent un contenu média sur un portable ou sur un ordinateur. Chez nous, on continue, dans un immobilisme mortel, à scruter le FDATIC, le CNCA (ou le ministère de la Culture) pour bricoler quelques films et le seul diffuseur (ENTV) pour produire de quoi remplir une grille introuvable. On signe des accords cinématographiques, après tant d'autres, pour des industries performantes et privées et d'autres qui n'existent pas, tout en sachant que cela ne fera pas pousser des dizaines et des dizaines de films algériens. On continue dans la presse à «nationaliser» des films dans lesquels l'Algérie n'a pas mis un dinar ou si peu (voir Indigènes de Rachid Bouchareb) en arguant de la résonance phonétique du nom du réalisateur, etc. Après l'élection présidentielle, celui qui sera élu pensera peut-être à faire sortir le cinéma et l'audiovisuel du grand sommeil. En attendant, les trains ne s'arrêtent pas et passent. A. B.