Trois jours après l'élection de Michel Aoun, 81 ans, à la présidence de la République libanaise, Saâd Hariri a été nommé, jeudi dernier, à la tête du gouvernement. Trois jours après l'élection de Michel Aoun, 81 ans, à la présidence de la République libanaise, Saâd Hariri a été nommé, jeudi dernier, à la tête du gouvernement. La désignation du leader du Courant du futur était une simple formalité. L'ancien Premier ministre Hariri qui avait déjà occupé la fonction de 2009 à 2011, proche de l'Arabie saoudite, a compris que pour revenir au pouvoir, il n'avait d'autre choix que d'accepter l'élection de Michel Aoun. Après de longues discussions, les deux leaders sont donc parvenus à un compromis et se sont partagé les sphères d'influence au sein de l'Etat. L'accord scellé entre les deux hommes a, avant tout, permis de débloquer la vacance présidentielle commencée en mai 2014. «Il ne s'agit pas d'une adhésion de notre parti aux valeurs et à la personne de Michel Aoun mais d'un nécessaire soutien à notre démocratie en état de déliquescence», précise le député du Courant du futur Nabil de Freige, ministre démissionnaire de la Réforme administrative. L'élection de l'ancien chef des armées libanaises Michel Aoun au moment où la livre libanaise menaçait de s'effondrer a été perçue comme une opportunité d'envoyer un signal de confiance aux marchés internationaux et de relancer les institutions. L'arrivée d'un président au Liban devrait permettre de remettre le système politique en marche et d'apaiser les tensions au sein de la classe politique. Les divisions entre les deux principaux blocs politiques du pays - l'alliance du 8 mars conduite par le mouvement de résistance Hezbollah et la coalition du 14 mars, menée par le Courant du futur - sont toujours vives. Pour certains observateurs «il existe une contradiction entre le contenu de l'accord Hariri-Aoun, qui prévoit de tenir le Liban totalement à l'écart de la crise syrienne, et le discours de Hassan Nasrallah le secrétaire général du Hezbollah, qui a réaffirmé à la veille du scrutin présidentiel qu'il continuera à se battre pour une Syrie réunit contre les velléités de déstabilisation». De nombreux analystes estiment que la formation du nouveau gouvernement Hariri sera particulièrement laborieuse. D'après la Constitution, les postes ministériels doivent être répartis à parts égales entre chrétiens et musulmans. Aucun texte ne le mentionne mais l'usage veut que le Premier ministre prenne en compte la représentativité des blocs parlementaires dans la formation de son cabinet, ce qui laisse la porte ouverte à de nombreux marchandages. Saâd Hariri devrait commencer les tractations pour esquisser le profil de son gouvernement dès aujourd'hui. R. I.