L'interprète de musique andalouse Beihdja Rahal a donné le coup d'envoi de sa tournée nationale organisée dans le cadre de la promotion de son nouvel album Nouba sika et cela, jeudi dernier, à la salle El Mouggar, avec un concert qui a attiré beaucoup de monde. C'est donc devant un public composé essentiellement de connaisseurs que le rideau se lève sur un orchestre composé de sept musiciens : eux violonistes, deux joueurs de kouitra, une derbouka, un kanoun et un percussionniste au tar. L'animatrice Nadija monte sur scène pour annoncer l'arrivée de l'artiste. Le public manifeste son impatience de voir et, surtout, d'entendre Beihdja. Quelques minutes après, l'artiste apparaît vêtue comme à son habitude d'une traditionnelle algéroise, un caraco de couleur bleue. C'est avec une grâce incomparable qu'elle saisit sa kouitra, son instrument de prédilection, et prend place au milieu de l'orchestre. Quelques notes de kouitra résonnent puis la voix de Beihdja s'élève. Elle captive le public avec son timbre de voix exceptionnel, une voix fragile comme du cristal mais que l'artiste maîtrise parfaitement en passant des tons les plus graves aux plus aigus face à son public admirateur qui applaudit chaudement chaque fois que l'artiste exécute de telles prouesses vocales. Les gens continuent à affluer dans la salle qui était presque vide au début du concert. Beihdja Rahal, en parfaite maîtresse de cérémonie, enchaîne les mouachahate dans le mode sika, qui est le cinquième mode de la deuxième partie des modes de la musique andalouse, et qui équivaut au la mineur dans la musique classique. Les textes, en arabe classique, parlent d'amour difficile, de passion noyée dans l'ivresse et d'amoureux se languissant dans l'attente de la belle. Les paroles chantent l'amour et bravent l'interdit en toute beauté. A ce propos, l'artiste avait souligné lors de la conférence de presse qu'elle avait donnée pour présenter son nouvel album, Nouba sika, que ce sont des textes que les gens ont l'habitude d'écouter sous d'autres modes que celui de la nouba. «J'ai effectué un véritable travail de recherche et vous verrez que la nouba sika est la plus adéquate pour ces textes.» En l'écoutant, on ne peut qu'être de cet avis. Beihdja Rahal l'a démontré sur scène car les textes fusionnaient à merveille avec la musique, mot par mot et note par note, une véritable harmonie jusque dans les moindres souffles ou silences. Le concert se poursuivra jusqu'à 22h30, offrant ainsi au public algérois une véritable soirée de musique andalouse exécutée de main de maître. Après la scène, Beihdja Rahal descendra à la rencontre de ses admirateurs en procédant à une vente-dédicace de son album et de son dernier ouvrage la Plume, la Voix et le Plectre qui est paru aux éditions Barzakh en décembre 2008. Après ce concert, l'artiste effectuera une tournée nationale durant laquelle elle sillonnera six villes : Boumerdès (23 février), Béjaïa (24 février), Médéa (25 février), Bordj Bou Arréridj (26 février), Oum El Bouaghi (27 février) et Cherchell (1er mars). Beihdja Rahal reviendra à Alger le 2 mars prochain pour animer une rencontre-débat à la librairie Espace Noun, à 15h, autour du livre la Plume, la Voix et le Plectre en présence du coauteur Saadane Belbabaali. W. S.