La Commission européenne a fait une proposition visant à freiner le recours à ces carburants fabriqués à partir de produits agricoles. La filière crie au scandale. Cela devait être une perspective rassurante pour la filière. L'espoir que des débouchés existeront et se développeront dans les années à venir pour la production de betterave, canne à sucre, colza ou tournesol. La Commission européenne vient pourtant de doucher les espoirs des agriculteurs en annonçant son souhait de donner un sérieux coup de frein à l'utilisation des agrocarburants fabriqués à partir de ces cultures destinées traditionnellement à l'alimentation. La Commission européenne a fait une proposition visant à freiner le recours à ces carburants fabriqués à partir de produits agricoles. La filière crie au scandale. Cela devait être une perspective rassurante pour la filière. L'espoir que des débouchés existeront et se développeront dans les années à venir pour la production de betterave, canne à sucre, colza ou tournesol. La Commission européenne vient pourtant de doucher les espoirs des agriculteurs en annonçant son souhait de donner un sérieux coup de frein à l'utilisation des agrocarburants fabriqués à partir de ces cultures destinées traditionnellement à l'alimentation. La nouvelle est tombée mercredi dernier, lors de la présentation par la Commission de son paquet énergie baptisé «Une énergie propre pour tous les Européens». Ce paquet regroupe plusieurs propositions visant à réorganiser le marché de l'énergie dans le but de respecter les engagements pris lors de la signature de l'accord de Paris sur le climat. L'UE vise une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici 2030, mais aussi 20% d'énergies renouvelables dans la production d'électricité en 2020 (27% en 2030) et 20% à 27% pour les économies d'énergie dans les mêmes délais. Pour atteindre ces objectifs, elle s'appuie notamment sur l'utilisation des énergies renouvelables dans les transports. Mais pas n'importe lesquelles. La Commission européenne souhaite «favoriser les dernières générations de biocarburants» fabriquées à base de déchets agricoles et forestiers ou de microalgues. L'incorporation de ces biocarburants dits avancés devra atteindre 3,6% en 2030. A l'inverse, elle prévoit une réduction nette de l'utilisation des biocarburants de première génération - les fameux agrocarburants - dont la part dans la consommation globale de carburant dans les transports devra passer de 7% en 2020 à 3,8% en 2030. Pour rappel, en 2015, la Commission avait déjà tenté d'abaisser à 5% l'objectif de 2020 mais le Conseil et le Parlement européen avaient finalement opté pour un seuil à 7%, à la demande des professionnels du secteur. De manière plus globale, Bruxelles durcit les critères d'utilisation des biocarburants qui devront «émettre au moins 70% de gaz à effet de serre de moins que les carburants fossiles, tandis que la biomasse serait soumise à un critère de durabilité, notamment pour celle issue de la forêt». Pour les fabricants d'agrocarburant, c'est un coup de massue. «C'est d'une incohérence totale, s'agace Alain Jeanroy, directeur général de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). Les biocarburants avancés n'existent pas encore. Techniquement et économiquement, leur production pose problème. A l'inverse, les agrocarburants ont prouvé leur efficacité dans la baisse des CO². Nous faisons partie de la solution pour renouveler le bouquet énergétique. Interdire cette voie n'a pas de sens», assure-t-il. Selon les professionnels du secteur, rien à ce stade ne permet de revoir les objectifs d'utilisation à la baisse. Surtout pas les arguments brandis par les ONG sur l'insécurité alimentaire mondiale qu'entraînerait le développement des biocarburants de première génération. «Si les 70 000 km² de terres exploitées pour produire des agrocarburants à destination de l'UE en 2008 avaient été utilisées pour cultiver du blé et du maïs, elles auraient pu nourrir quelque 127 millions de personnes sur une année entière. En 2012, cette superficie était passée à 78 000 km², soit une zone plus grande que la Sierra Leone ou que la Belgique et le Pays-Bas combinés», écrit Oxfam dans un récent rapport, dénonçant le lobbyisme puissant des producteurs dépensant «autant que le lobby du tabac pour influencer l'UE». «Cette problématique de la faim dans le monde n'a aucun sens. C'est un mauvais procès qui est fait aux agrocarburants. Il n'y a aucun lien de cause à effet, aucune base scientifique. C'est une posture qui conduit à des effets contraires aux objectifs visés», affirme Alain Jeanroy. Ce dernier met plutôt en avant les menaces en termes d'emplois que font peser les propositions de la Commission. «Pour l'ensemble des biocarburants, on a investi 12 milliards d'euros sur les dix dernières années. En France, c'est 2 à 3 milliards. Ce sont des dizaines de milliers d'emplois. Diviser par deux nos objectifs nous obligerait à revoir notre stratégie. C'est inadmissible», ajoute le représentant de la filière betterave. Les producteurs espèrent désormais que le Conseil et le Parlement européen ne votent pas cette proposition. Ils attendent à l'inverse qu'ils suivent leur recommandation de poursuivre le développement des biocarburants de première génération en portant la part des agrocarburants dans la consommation globale de carburant à 15%. H. G. In lepoint.fr