«Si je perds le référendum constitutionnel, j'abandonnerai la politique», avait annoncé Mateo Renzi, 41 ans, arrivé au pouvoir en février 2014 avec la volonté de tout changer en Italie Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, se prépare à vivre aujourd'hui l'un des moments les plus importants de sa carrière politique, avec un référendum constitutionnel dont l'issue, incertaine, décidera en partie de son avenir. Les deux principales forces politiques du pays, le Parti démocrate (PD, centre-gauche) de Renzi et le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo, ont lancé leurs dernières forces avec de grands meetings, à Florence pour le premier, à Turin pour le second. Les derniers sondages qui remontent à deux semaines, car ils sont interdits pendant les quinze jours précédant le scrutin, donnaient 5 à 8 points d'avance au non. Renzi a pressé ses partisans de venir à bout des réticences des indécis, pour qu'ils votent en faveur du référendum. Le vote est clos depuis jeudi soir pour les quatre millions d'Italiens à l'étranger et selon les médias italiens, la participation a été forte parmi ces expatriés plutôt favorables au oui. Renzi s'est efforcé à grand renfort d'interviews, de meetings ou d'interventions sur les réseaux sociaux, de convaincre du bien-fondé de «sa» réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays qui a vu défiler 60 gouvernements depuis 1948. «Si je perds le référendum constitutionnel, j'abandonnerai la politique», a annoncé il y a un an Renzi, 41 ans, arrivé au pouvoir en février 2014 avec la volonté de tout changer en Italie. Il a depuis expliqué que cela avait été une erreur de trop personnaliser le scrutin. Cette réforme prévoit une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, qui ne votera plus la confiance au gouvernement et la majeure partie des lois, une limitation du pouvoir des régions et la suppression des provinces. Mais la vaste majorité de la classe politique, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite en passant par les populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi et même des «frondeurs» du PD, appellent à voter non. Outre une volonté commune de renvoyer Renzi «à casa», chez lui, ils estiment que cette réforme, associée à une loi électorale offrant une forte prime majoritaire, crée une concentration des pouvoirs trop forte pour un pays où le traumatisme du fascisme a laissé des traces. «Allez voter pour que Renzi ne devienne pas votre patron et le patron de l'Italie», a lancé Berlusconi, qui avait pourtant négocié la réforme avec Renzi. L'incertitude quant au résultat de ce scrutin provoque en tout cas des sueurs froides en Europe et sur les marchés, où l'on redoute une nouvelle phase d'instabilité dans la troisième économie de la zone euro. Le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ont ouvertement appelé à voter oui. Du petit lait pour le M5S et la Ligue du Nord qui, galvanisés par le Brexit et l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, espèrent, chacun de leur côté, être les prochains portés par cette vague populiste. Le M5S réclame des élections anticipées en cas de victoire du non, mais le président Sergio Mattarella ne dissoudra pas le Parlement avant une réforme de la loi élisant les députés. Et même si une démission de Renzi en cas d'échec semble inévitable, rien n'empêche qu'il soit reconduit à son poste, avec la mission de réformer la loi électorale en vue d'élections anticipées. R. I.