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Future plateforme pour l'export vers les marchés africains
Industrie du montage automobile en Algérie
Publié dans La Tribune le 05 - 12 - 2016

Investisseurs et opérateurs nationaux estiment que l'industrie automobile et ses équipements sont un levier de la relance économique en Algérie et du secteur de la sous-traitance de façon particulière. Avec l'entrée en production depuis deux ans de Renault-Algérie et de Mercedes-Benz, suivis dans les prochains mois par Iveco, Hyundai et Volkswagen, l'industrie mécanique va tenir son rôle d'instrument de relance de l'économie industrielle, ce qui est attendu en ces temps où la priorité du gouvernement est de diversifier l'activité économique...
Selon des experts en développement industriel, le secteur automobile peut engager le pays sur la voie de l'industrialisation dans tous les domaines et partant l'introduire dans le marché des exportations mondiales. Ces derniers n'ont eu de cesse d'avancer à l'époque à se sujet que «l'Algérie dispose de tous les atouts susceptibles, s'ils sont employés à bon escient, de convaincre les responsables des grands constructeurs automobile de s'installer chez nous». De plus la position géographique du pays mitoyenne à l'Europe qui réduit les frais de transport, une main d'œuvre bon marché et la faiblesse du coût de l'énergie (gaz naturel) sont des facteurs incitatifs à l'investissement en Algérie. Toujours dans ce même registre, il y a lieu d'ajouter que l'Algérie est aussi le deuxième marché africain en matière de consommation automobile, avec plus de 400 000 ventes de véhicules par an, en plus d'un parc automobile de plus de 5 millions d'unités. Tous ces avantages ont vite fait de susciter l'intérêt des constructeurs au marché algérien. En effet, les responsables de grandes marques automobiles se sont vite manifestés. La première à franchir le pas est la marque au losange, Renault, qui, après deux années de négociations avec le gouvernement, a conclu un partenariat sur la base de la règle 51/49% avec la SNVI pour la construction d'une usine d'assemblage implantée à Oued Tlélat (banlieue est de la ville d'Oran), sous l'appellation de Renault-Algérie production, avec comme objectif la sortie de son modèle Symbol à partir de novembre 2014. Mais en terme d'entrée en production réelle sur le terrain, c'est la société algérienne pour la fabrication des véhicules SAFAV-MB dont l'usine est implanté Aïn Bouchekif (wilaya de Tiaret), aux capitaux détenus à hauteur de 34% par l'entreprise de développement de l'industrie automobile (EDIV) relevant du MDN, 17% par la SNVI et le reste soit 49% par le fonds d'investissement émirati Aabar, quant au Groupe allemand Daimler, il est le partenaire technologique dans ce joint-venture qui a célébré en octobre 2014 la sortie des deux premiers véhicules des chaînes de montage de marque allemande Mercedes-Benz (MB). Un partenariat qui a vite donné entière satisfaction pour les actionnaires. Pour preuve, une année après le démarrage des chaînes de montages de la SAFAV-MB, l'usine a atteint ses objectifs fixés à court terme. Il est utile de rappeler que la SAFAV-MB fabrique pour l'instant différents types de véhicules utilitaires et des 4×4 destinés à des usages civils. La production théorique annuelle de l'usine est de 6 000 véhicules de type Mercedes Spartner destinés à tous les usages, 2 000 véhicules 4×4 de type «G Class» de la catégorie «G» destinés à des usages militaires et paramilitaires. Côté transfert de technologies, le représentant du partenaire allemand est formel : «La technologie de fabrication des véhicules dans cette usine est la même que celle utilisée en Allemagne ou en Autriche.» Il avait aussi affirmé alors qu'une grande importance est accordée à la main-d'œuvre locale pour qu'elle puisse dans les délais maîtriser la technologie usitée sur le site de production. Cela dit et pour clore ce chapitre, il faut croire que SAFAV-MB est l'exemple d'un partenariat réussi et à suivre. De plus et à travers toute la production issue de l'usine en question, c'est en sorte des dépenses en moins pour l'Etat. En clair comme toute la production est destinée au parc roulant du MDN, à la police et à la gendarmerie grand demandeur de type de véhicule issu des chaînes de montages de l'usine d'Aïn Bouchekif, c'est en somme des sorties de devises en moins pour le pays.
Autres entrées en production
En novembre 2014, les premières Symbol montées en Algérie étaient présentées au grand public. Des SUV avec un taux d'intégration de 5% revu à la hausse deux ans plus tard pour atteindre les 20%. Un taux qui a largement dépassé l'objectif fixé au bout de deux ans de production qui était de 10%. Renault-Algérie Production a livré depuis l'inauguration de son usine en novembre 2014, 55 000 véhicules. Les objectifs tracés auraient même été dépassés. La Symbol «made in Algérie» est devenue, en un laps de temps très court, un succès commercial depuis son lancement en novembre 2014. Avec plus de 70% des ventes de son segment, cette voiture se positionne comme le leader incontesté du marché algérien en 2016. Le succès est tel que le constructeur français a décidé de lancer un autre modèle, la Dacia Sandero Stepway Extrême, dont la demande en Algérie est croissante. La première Dacia est sortie de l'usine le mois d'août dernier.
Après l'entrée en production de la Safav-MB et de Renault Algérie Production, il a été constaté que d'autres constructeurs ont affiché leur intéressement à venir s'installer en Algérie mais sans pour autant montré qu'ils étaient presser à conclure un contrat. Ce non empressement s'est vite estompé par la contrainte de l'application du cahier des charges en vigueur. Faut-il rappeler en effet qu'en vertu de l'article 52 de la loi de Finance 2014, les concessionnaires exerçant en Algérie sont tenus d'investir, dans un délai de trois ans, dans une activité industrielle ou semi-industrielle en relation avec leur activité. En d'autres termes, ces derniers se doivent de créer leur propre usine de montage ou de se lancer dans la production de pièces de rechanges et autres accessoires automobiles avec pour date limite le 31 décembre 2016 faute de quoi ils se verraient privés d'importer tout véhicule pendant un an. Devant cet ultimatum quelque concessionnaire et constructeur se sont vite empressés de conclure un contrat de partenariat. Ainsi plusieurs marques de voiture en particulier chinoise, italienne et allemande sont à la veille de construire des usines de montage.
TCM avec Iveco et Hyundai
TCM, de l'opérateur économique Tahkout, a signé un contrat de partenariat avec le constructeur Italien Iveco. Ainsi, a eu lieu en milieu d'année le lancement des travaux pour la construction d'une usine de montage de véhicules utilitaires et de tracteurs de marque Iveco implantée sur une superficie de 10 hectares, dans la zone industrielle de Sidi Khaled (au sud de Bouira). Le Groupe Tahkout s'est également engagé dans deux autres partenariats avec deux projets, le premier avec Hyundai pour le montage de camions et bus à Batna et le deuxième avec JAC à Aïn Témouchent. En effet, le premier véhicule Hyundai, monté en Algérie, est sorti de la chaîne de production de l'usine du groupe Tahkout à Tiaret, le 29 octobre dernier. Tahkout ne compte pas s'arrêter là, puisqu'il annonce tout dernièrement un autre partenariat de taille avec le chinois DFS. L'accord prévoit la production de moteurs, de pièces de rechange, de câbles électriques pour les véhicules ainsi que des boîtes de vitesse. L'usine, la première du genre en Algérie, du moins en partenariat avec un groupe privé, commencera sa production en 2017 avec une capacité de 2 500 pièces par an.
JAC-Emin Auto, 14 milliards de dinars d'investissement
Annoncé il y a quelques mois, le projet de montage de camions et de véhicules utilitaires légers entre le groupe chinois JAC et la société algéro-turque Emin Auto s'est finalement concrétisé, une production prévisionnelle de 50 000 véhicules par an pour un coût global d'investissement de l'ordre de près de 14 milliards de dinars, soit 128 millions de dollars. Implantée sur une superficie globale de 347 650 m2 dans la commune de Tamazougha (wilaya d'Aïn Témouchent). Usine qui prévoit de produire jusqu'à 50 000 véhicules par an 5 années après son entrée en activité. La montée en cadence s'effectuera à travers un plan de production évoluant de 10 000 unités pour la première année, 15 000, 20 000, 30 000 et 50 000 pour le cinquième exercice. Et jusqu'à la dixième année, il est prévu d'atteindre les 100 000 unités/an. Il en est de même pour le taux d'intégration qui s'exprime par une courbe évolutive qui va de 8% à 30% pour la cinquième année et 70% pour la dixième année. La production de cette usine sera destinée selon ses responsables à la satisfaction des besoins du marché national mais aussi pour l'exportation vers les pays de la région et de l'Afrique dès la troisième année d'activité avec des volumes qui atteindront les 30 000 unités/an. Côté emploi, on annonce 270 recrutements pour la première année et 450 cinq années après. Une académie est par ailleurs prévue pour la formation des personnels de différentes spécialités, exécution, production, technique, marketing, commercial, maintenance, et ce, grâce au concours du constructeur qui entend mettre à la disposition de la partie algérienne son savoir-faire et son expertise. Les premiers véhicules sortiront des ateliers de l'usine JAC de Tamazougha au bout de 15 mois de travaux de réalisation et de montage des équipements, soit le second semestre 2017.
Volkswagen s'installe en Algérie
Le groupe allemand Volkswagen s'est officiellement installé en Algérie par le biais d'un contrat joint-venture signé avec Sovac, son représentant dans notre pays. Le géant Allemand va ainsi crée une unité de production dans la région de Relizane pour l'assemblage de quatre modèle et non des moindre puisqu'il s'agit de la VW Polo Classique, de la Ibiza, de la Skoda et de la Caddy. Choix de modèles entièrement justifié en raison de leur succès sur le marché algérien d'un coût global de 170 millions d'euros, cette usine atteindrait le volume production de 100 000 unités/an dans un premier temps. Par la suite, au terme de la montée en cadence de l'usine, le Groupe allemand prévoit la livraison de pas moins de 500 000 véhicules par an d'ici l'année 2020, avec un taux d'intégration de 40%, ce qui est très appréciable pour un départ. A savoir par ailleurs que le Groupe Sovac envisage d'autres projets dans le cadre de ses investissements. En effet, il compte réaliser une usine pour la fabrication des pièces de rechange.
Après cette cascade de création d'usines de montage automobile force est de croire que notre industrie dans ce domaine peut viser à moyen terme une production de près de 800 000 véhicules par an dont une grande partie sera réservée aux besoins du marché local et le reste pour l'exportation. «Et cela en vue de garantir une compétitivité technique et commerciale des voitures produites localement», c'est en tout cas l'approche de certains experts proches du dossier. Dans cette optique, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) est allé jusqu'à proposer au gouvernement de conditionner l'importation de véhicules par la production, en Algérie de pièces de rechange de première monte (R1) destinées à l'exportation vers les usines automobiles à l'étranger. Cela aura pour avantage, explique l'organisation patronale, le transfert de technologie vers les entreprises algériennes et contribuera à équilibrer, à terme, la balance des importations. Faut-il souligner au passage que les propositions du FCE pour la filière montage automobile et pièce de rechange visent un double objectif «à savoir l'augmentation des exportations hors hydrocarbures et le développement d'un tissu industriel local de sous-traitance automobile», préconise le FCE. Cependant des voix se sont élevées ici et là pour contester le principe d'assemblage en SKD qui n'offrirait dans l'immédiat aucune opportunité d'intégration. D'autres répliqueront que c'est un passage obligé vers la voie de l'industrialisation du pays. Dans un proche avenir nous serons si oui ou non le SKD ou montage automobile localement a été bénéfique au pays. Quoi qu'il en soit et au vu de la facture d'importation de véhicule neuf qui va inévitablement régresser de façon fort sensible, il ne serait pas trop erroné de soutenir les partisans du SKD qui pour eux est un passage obligé si l'on veut réellement diversifier notre parc et partant faire du pays une plateforme pour l'export des grandes marques automobile vers l'Afrique.
Z. A.


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