Cela se passe généralement après une défaite enregistrée par leur équipe fétiche. Le club qu'ils soutiennent depuis de longues années. Donc dès que leur club perd un match, les supporters commentent sévèrement les salaires mirobolants des joueurs. Qualifiés souvent de «salaires indécents». C'est encore plus en vigueur aujourd'hui avec les difficultés socioéconomiques qui s'annoncent et la politique d'austérité menée ces deux dernières années. Des salaires indécents quand on sait que le salaire minimum garanti est toujours de 18 000 dinars mensuels et que des dizaines, voire des centaines de milliers de travailleurs continuent de percevoir moins de 18 000 dinars dans le cadre de certains dispositifs. Comment peut-on accepter qu'un jeune de 20 à 25 ans perçoive plus de quatre millions de dinars de salaire mensuel ? Il est vrai que depuis quelques temps, les salaires des joueurs de football ont été «officiellement» plafonnés à 1.2 million de dinars, mais cette décision est très difficile à appliquer pour certains présidents de clubs, particulièrement avec les joueurs qui ont l'habitude d'encaisser jusqu'à cinq millions de dinars mensuellement. Ils auront peut-être besoin d'un peu de temps pour pouvoir appliquer ces nouvelles dispositions. Il est vrai aussi que la nature de la carrière d'un footballeur est assez particulière pour expliquer ce genre de salaires, mais la société n'est toujours pas prête à accepter un tel décalage entre les salaires, y compris celui de 120 millions de centimes qualifié pourtant de «raisonnable» par de nombreux intervenants dans les milieux sportifs. Mais il faut surtout préciser que ce qui est rejeté chez les citoyens et particulièrement du côté des supporters et des amoureux du sport, c'est le niveau du football national. L'on ne comprend pas vraiment comment arrive-t-on à offrir des salaires mirobolants à des joueurs incapables de relever le niveau de leurs équipes respectives et du coup, celui du championnat national, que l'on qualifie pompeusement de Ligue professionnelle. Un championnat national des plus médiocres. Au point où un club qui joue le titre est susceptible de jouer sa survie parmi l'élite, à peine 2 ou 3 semaines plus tard. C'est dire que le niveau de notre championnat n'a pas réussi sa transition vers le professionnalisme que le président de la Fédération algérienne de football Mohamed Raouraoua a lancé depuis plus de cinq années. Beaucoup de paramètres montrent cependant que le milieu du football, cet opium du peuple, constitue un véritable capharnaüm qu'il faut peut-être remettre sur rails un jour. L'anarchie n'a jamais favorisé le développement. Si l'on veut réellement développer le football en particulier et le sport en général, les responsables des pouvoirs publics et ceux des instances en charge du sport devraient unir leurs forces pour mettre fin au no mans' land réglementaire qui règne dans le milieu sportif. Tout le monde doit se mobiliser pour non seulement mettre en place les cadres législatifs régissant le monde des sports mais aussi parler d'une seule voix pour imposer à tous leur stricte application. Une réglementation qui oblige les footballeurs à payer leurs différents impôts et taxes, et qui les soumet au contrôle, comme tous les Algériens, travailleurs ou autres. M. B.