Les «rendez-vous» avec les hausses de prix sont devenus des dates-repères sur le calendrier. Dès lors, le consommateur s'y prépare. A leur approche, il prend ses dispositions, comme le commerçant aux serres duquel il veut échapper. Mais les échappatoires ne sont pas légion. Le choix se résume à boycotter le produit ou sacrifier la qualité pour un prix plus bas. Et c'est là que surgit le danger. Car, les commerçants ne consentent une baisse de prix que lorsque la date de péremption du produit est proche ou que ce dernier est impropre à la consommation, voire avarié. C'est une pratique très courante, et ça marche ! On se donne même le mot sur ces «marchés» où les prix sont plus qu'abordables. Quant à la qualité douteuse de ces produits, le fatalisme légendaire de ceux qui n'ont d'autres recours que la protection divine, est brandi comme un bouclier invulnérable. Mais à bien y regarder, ce fatalisme est en fait la seule parade pour tous les consommateurs, qu'ils s'approvisionnent dans un marché informel échappant à tous contrôle ou dans une superette bien achalandée censée respectée toutes les règles d'approvisionnement, stockage, conservation, présentation et consommation. Une de ces règles concerne le respect de la chaine de froid lors du transport et du stockage des produits périssables, qui est superbement ignorée par certains commerçants et transporteurs... Toutes les raisons et occasions sont bonnes pour augmenter les prix des produits alimentaires, surtout s'ils ne sont pas plafonnés, parce que soutenus par les subventions. La libéralisation des prix a ouvert une large voie aux commerçants et distributeurs qui saisissent toutes les opportunités : ramadhan, aïd, pénurie, annonce de hausses de taxes (comme c'est le cas avec la loi de Finances 2017)... Certains en arrivent même à faire de la rétention pour provoquer les juteuses pénuries. Et les prix amorcent leur courbe ascendante. Le consommateur - on parle du salarié moyen - n'a évidemment aucun recours, si ce n'est de boycotter le produit (là, c'est une autre question). Tout ce qu'il peut faire, c'est naviguer à vue avec son budget en slalomant entre les dépenses vitales, nécessaires et secondaires. On sacrifie le dessert, les viandes fraiches et tous les petits plaisirs de table, et de la vie - les termes «vacance», «divertissement», «sortie distractive», «passe-temps» et toutes ces expressions qui rosissent le lugubre quotidien ont disparus du lexique. Ces «rendez-vous» avec les hausses de prix sont devenus des dates-repères sur le calendrier. Dès lors, le consommateur s'y prépare, à son corps défendant. A leur approche, il prend ses dispositions, comme le commerçant aux serres duquel il veut échapper. Mais les échappatoires ne sont pas légion. Le choix se résume à boycotter le produit ou sacrifier la qualité pour un prix plus bas. Et c'est là que surgit le danger. Car, les commerçants ne consentent une baisse de prix que lorsque la date de péremption du produit est proche ou que ce dernier est impropre à la consommation, voire avarié. C'est une pratique très courante, et ça marche ! Des produits périssables exposés dans la rue, sur les étals de marchands informels, se vendent comme des petits-pains. Les poulets comme les viandes d'agneau et de dinde venant d'abattages clandestins et vendus sur les routes, en l'absence de tout contrôle vétérinaire et conditions de conservation, partent comme petits-fours. On se donne même le mot sur ces «marchés» où les prix sont plus qu'abordables. Quant à la qualité douteuse de ces produits, le fatalisme légendaire de ceux qui n'ont d'autres recours que la protection divine, est brandi comme un bouclier invulnérable. «J'en connais beaucoup qui achètent cette viande et personne ne s'est jamais plaint… rabi settar (Dieu nous préserve).» C'est la réponse qu'on a souvent entendu quand on évoque le sujet. A bien y regarder, ce fatalisme est en fait la seule parade pour tous les consommateurs, qu'ils s'approvisionnent dans un marché informel échappant à tous contrôle ou dans une superette bien achalandée censée respectée toutes les règles d'approvisionnement, stockage, conservation, présentation et consommation. Une de ces règles concerne le respect de la chaine de froid lors du transport et du stockage des produits périssables. Or, de nombreux commerçants éteignent leurs réfrigérateurs à la fermeture de leurs magasins pour faire des économies d'énergie. Le drame est qu'il est difficile de contrôler cette pratique, tout comme celle des transporteurs qui arrêtent le système de réfrigération des camions frigorifiques, pour les mêmes raisons que les commerçants. Au final, tous les consommateurs sont logés à la même enseigne, tant que les mécanismes de contrôle et de défense sont inopérants ou inefficaces. Mais si le fatalisme se pose comme parade, la fatalité ne peut être adoptée comme attitude. La situation n'est pas sans issue. Les solutions existent. Le contrôle généralisé et impitoyable est la première riposte, qui doit être dotée de tous les moyens. Il faudra ensuite parvenir à l'action complémentaire, entre les autorités et les associations de consommateurs qui doivent bénéficier de tous les soutiens pour conforter leur travail, élargir leur audience et appuyer leur impact. Le jour où un appel au boycott d'un produit ou d'une marque aura le résultat escompté, le jour où une alerte aura l'audience attendue on pourra dès lors dire que l'Algérie a un marché organisé et un consommateur conscient et discipliné. On pourra crier victoire ! H. G.