Jusqu'ici la gymnastique ne semble être en Algérie que l'apanage d'une minorité. Elle peut être, option la plus plausible, le fait de pratiquants appartenant à l'élite sociale, sans doute la majorité de la minorité évoquée, mais également d'enfants repérés au hasard par des entraîneurs au sein des établissements scolaires ou en raison d'un voisinage de proximité dans les quartiers de la capitale et exclusivement de la capitale. Cela étant, il demeure peu évident de trouver des adeptes de la discipline dans le pays profond d'autant plus que la pratique de la gymnastique requiert des moyens matériels, des équipements et surtout des conditions de récupération en phase avec les efforts consentis généralement en salle. Comme se pose la question des entraîneurs et plus particulièrement d'entraîneurs spécialisés. L'âge des pratiquants pourrait être à l'origine d'une non-émergence de talents algériens compte tenu de la longévité très limitée dans la discipline où les gymnastes s'éclipsent de la scène, comme en natation et même plus prématurément, à peine à l'âge de l'adolescence. Il reste toutefois une exception pour certains segments où l'adepte garde intactes ses aptitudes pour peu qu'il se reconvertisse. Quoique cette éventualité reste du domaine de l'exceptionnel compte tenu de l'orientation de l'athlète et de sa spécialisation. Les exercices de la gymnastique masculine exigent du travail, de la persévérance, le don de soi, et des sacrifices. Il relève de l'illusoire pour l'un de nos gymnastes de «toucher» à des performances de quelque niveau une fois la frontière franchie. Celle féminine demande également des efforts que les adeptes ne relèvent pas dans la majorité des cas, abandonnant la pratique une fois l'âge de douze ans atteint si ce ne sont pas les dirigeants de l'association qui mettent un terme à la relation pour des raisons généralement fallacieuses. Quant au matériel et autres équipements, rares sont les salles qui en disposent en quantité et en qualité, notamment sur le plan des normes. Chevaux d'arçon crevés ou durs, trampolines rapiécés et présentant un réel danger pour les pratiquants, justaucorps indisponibles du moins ceux ayant les qualités voulues et répondant harmonieusement à la nature des différents mouvements physiques. Avec le fitness ou l'aérobic, les gérants de salle n'ont vraisemblablement que l'idée de faire faire de la gymnastique à des clients plus dans le sens d'une entreprise commerciale que d'une fabrique de sportifs ou des personnes réellement prédisposées à la pratique de la gymnastique sur lesquels les pouvoirs publics pourraient investir avec la promesse du retour d'ascenseur. Or, même les instances nationales en charge du sport ne semblent accorder qu'une très faible sinon pas de considération à une activité sportive, une discipline qui est à l'origine même de tous les sports et malheureusement sériée mineure parmi les sports mineurs. La gymnastique a-t-elle par voie de conséquence un avenir en Algérie ? Pourquoi pas ! Sauf qu'il appartient au plus grand des hasards de donner une datation à cet avenir. A. L.